Trolls de Biélorussie : de Litvintroll à Trollwald et Sakramant

Des Norvégiens de Trollfest aux Finlandais de Finntroll, les trolls sont partout. Mais saviez-vous qu’il y en avait aussi en Biélorussie ?

Litvintroll est le groupe que j’ai découvert en faisant quelques recherches pour savoir qui diable était le chanteur de ce fameux cover médiéval de One réalisé par Stary Olsa, qui n’était nul autre qu’Andrei Apanovich.
Pour ceux qui ne voient pas de quoi je parle :
Formé en 2005, ce groupe de folk metal ayant pour instrument principal le duda (cornemuse biélorusse) eut une carrière fulgurante.
Leur premier album Rock’n’Troll sorti le 15 Avril 2009 et fut très bien accueilli par le public et les critiques. Si bien qu’il resta longtemps dans le Top 10 de la radio Metal biélorusse et il fut nommé premier meilleur album de l’année par une radio polonaise, Centrum.fm. Ce succès les amena à tourner dans leur pays natal mais aussi en Russie et en Europe.

En Avril 2012, le groupe était prêt à enregistrer leur prochain album mais tout ce travail fut stoppé suite à l’accident mortel d’Aleh Klimchanka (le bassiste de l’époque) sur scène. Ce dernier était par ailleurs un grand monsieur de la scène Metal biélorusse et avait auparavant joué dans des groupes comme Ossuary et Partyzone. Il avait 35 ans.

Aleh Klimchanka

La sortie de l’album fut donc reportée mais cet événement tragique ne fit qu’apporter encore plus d’attention au groupe.  De nombreuses questions au sujet de leur avenir leur furent posées, à quoi ils répondirent par un grand concert solo dans la plus grande salle de concerts de Minsk, Re:Public,  où un nouveau line up et un nouveau show furent présentés.

Après de nombreux changements de batteurs au cours de leur histoire et le décès de leur bassiste, Litvintroll se composait désormais (de gauche à droite sur la photo ci-dessous) d’Andrei Garchakou (claviers), Ales Statsiuka (basse), d’Andrei Apanovich (chant et instruments traditionnels), Vasil Varabeichykau (duda et flûtes), Alex Zhaburonak (guitare), et de Henadz Parahnevich (batterie).

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Metal Crowd 2014

Cznorjana Panna  (« La Vierge Noire » en français) sorti  en 15 Avril 2013 sous le label Sound Age, le plus grand label russe en termes de folk et de pagan metal, qui a également sorti les albums des groupes comme Skiltron, Omnia et bien évidemment Arkona. L’album fut immédiatement classé au top des charts biélorusses et reçu le prix du meilleur album de l’année selon Euroradio.fm.

Ce second succès devint un nouveau point de départ pour le groupe qui l’amena à tourner en Europe. Ils eurent l’occasion de partager la scène avec  entre autres  Finntroll, Korpiklaani, Metsatöll, Arkona et Skyforger, et  aussi d’ouvrir pour Motörhead et Enslaved.

Début 2014, Litvintroll avait signé un contrat avec l’agence de booking  Heart of Rock et avaient bien tourné en Pologne.

Un succès grandissant donc, mais qui ne dura malheureusement pas longtemps.

Malgré les programmations estivales qui s’ajoutaient, le groupe annonça sa fin le 10 Avril 2015.
Enfin, c’est un peu plus compliqué que ça. Pour résumer, les conflits opposaient principalement Vasil  à Andrei Apanovich et le reste du groupe, qui lui ont demandé de partir. Ce à quoi il a répondu « Ha non mes p’tits cons, c’est moi qui ai les droits sur le nom du groupe (et sur quelques chansons), alors c’est moi que je décide ». Y’a donc eu une tentative de négociation, à laquelle ce dernier a dit qu’il réfléchirait, quelques heures avant qu’il annonce la nouvelle sur Facebook.
Au cours des diverses interviews qui ont suivies, chaque partie (Vasil et A. Apanovich) a cherché à mettre la faute sur l’autre pour défendre son honneur, quitte à mentir, cacher une partie de la vérité ou ne pas répondre aux éléments qui dérangent. Chose pour laquelle on ne peut pas trop leur en vouloir, même en ayant connaissance des diverses anecdotes compromettantes et versions des faits.
J’ai bien sûr un certain parti pris comme n’importe qui pourrait l’avoir mais l’essentiel, c’est de ne pas rentrer dans une aversion bête et méchante envers l’autre groupe (comme Metallica contre Megadeth) et plutôt d’apprécier ce qui est maintenant produit musicalement.

SAKRAMANT:

Sakramant
23.12.2015

Vasil, avec le dernier bassiste de Litvintroll Alexander Satsiuska (les deux premiers de gauche), joue toujours du folk metal avec son nouveau groupe Sakramant. A eux se sont joints Lesley the Horrible de Gods Tower (au centre) ainsi que Den Bykau et Mikalai Sharanhovich.

Ils continuent en quelque sorte le travail commencé avec Czornaja Panna, comme indiqué par le joueur de duda au Budzma.by : « En Biélorussie, un folklore intéressant, l’histoire est riche en personnages. Alors on a décidé de donner une voix à ces individus, qui existaient à la fois réellement et mythologiquement. ».

Ils ont publié un premier morceau le 24 Décembre dernier. Il s‘intitule Rusalka, une belle jeune femme à la sombre histoire, représentée sur ce qui pourrait être la pochette du premier album du groupe. Cette dernière semble par ailleurs être la même que celle représentée sur l’album d’Arkona, « Yav ».

En parlant de pochette, la première chose que j’ai remarqué, c’est qu’elle a été réalisée par le même artiste et designer que Litvintroll, « Devor Holy-Trollity ». Est-ce un réel avantage ?

Même si ça correspond au concept du groupe et que le travail est bon, ça ressemble énormément, voire trop, au dernier album de Litvintroll, ce qui rend le tout redondant et ça n’a donc plus autant de frappe que la première fois.

Je n’ai que moyennement été conquise par cette chanson, la faute sans doute à un mixage pas très bon, qui m’a donné une impression générale de lenteur et de laboriosité.

Le duda fait une belle entrée mais il se fait malheureusement vite manger par les claviers et le bloc formé par la guitare et la basse, ce qui est dommage pour du folk metal. Les riffs sont certes bons mais ils prennent trop de place et on n’entend pas assez le duda.

Quant au chant, il est certes juste et bien posé sur la mélodie, je n’accroche pas avec la voix, je trouve qu’elle ne colle pas si bien que ça. Pour le coup, je regrette vraiment Andrei Apanovich, qui aurait certainement su donner plus de vie et d’énergie à ce morceau.
D’ailleurs, ils cherchent un autre chanteur pour le groupe.
En ce qui concerne les projets du groupe, ils travaillent sur des chansons pour l’album, ont des concerts dans la région prévus au printemps, sont invités à jouer dans des festivals et planifient donc une tournée.

Quant aux autres avec Trollwald, ils ne sont plus du tout dans le même registre ou du moins, pas pour le moment.

TROLLWALD :

23.12.2015

Mise au point rapide avec le line up : ceux qui sont restés sont  Henadz Parahnevich alias Gennadiy à la batterie (assis en bas à gauche), Andrei Apanovich au chant (le premier debout à gauche), Alex Zhaburonak à la guitare rythmique (debout au centre) et Andrei Garchakov aux claviers (debout à droite).

En ce qui concerne les « nouveaux », ce sont des vieux amis d’Apanovich : Pavel Alenchik à la guitare solo (à droite), Alexey Pankratovich à la basse (assis à droite) ainsi qu’Ales Chumakova aux flûtes (assis au centre de la photo).
Les deux premiers ont joué ensemble dans un groupe appelé Lost Regrets, ainsi qu’avec Andrei Apanovich dans Managa, groupe de Stoner. Quant à Chumakova, il est dans le groupe de folk médiéval Stary Olsa.

Bien plus bavards à la vue des nombreuses interviews post-Litvintroll données par le leader, ce n’est pas les infos qui manquent.
Les compositions sont auto qualifiées de « stoner doom thrash avec des flûtes » par Apanovich, ce qui démontre bien l’explosion de créativité au sein de ce groupe, qui est désormais dans une ambiance bien plus détendue qu’auparavant.
Même si les nouvelles n’étaient pas super bonnes en Décembre dernier concernant l’EP à venir, une chanson a été publiée sur le compte vk du groupe (www.vk.com/trollwaldband), ainsi que les paroles. Intitulée «  « Liegalnyje » prycmaki » (« bonbons « légaux » » en français), elle parle d’une drogue qui fut légale de consommer mais interdite à la vente en Biélorussie.

Le mixage est déjà meilleur que celui de Sakramant : on entend tout le monde et tout le monde sonne bien, en plus de la touche Apanovich, c’est-à-dire un chant très bon (bien que ce morceau soit assez différent de ce que l’on l’entend chanter d’habitude) qui rend le tout vivant et donne du caractère.
Sinon, je ne trouve pas grand-chose à redire, d’autant plus que je ne suis personnellement pas super calée dans les genres que le chanteur a utilisé pour qualifier son travail.

Pour ceux qui veulent en entendre plus, voici la vidéo intégrale de pas trop mauvaise qualité de leur premier concert à Noël !

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