S’il y a une sortie que je n’attendais plus, c’est bien celle du troisième album de Wędrujący Wiatr. Le deuxième album du duo folk/black atmo polonais, intitulé O turniach, jeziorach i nocnych szlakach (chroniqué sur ces pages), était paru en 2016 chez Werewolf Promotion et m’avait totalement enchantée. Et un beau jour que fut celui du 2 février 2022, sans presque aucun teaser, Zorzysta staje oćma (« Auroral Evenfall Descends ») est dévoilé sur la chaîne YouTube du label.
Une version vinyle de l’album est prévue, mais celui-ci est déjà disponible dans une édition CD Digibook en cuir artificiel sur le site officiel de Werewolf Promotion. Zorzysta staje oćma peut être considéré comme le travail le plus ambitieux du groupe jusqu’à ce jour, tout d’abord pour être l’album le plus long de sa discographie (1h11), mais surtout pour être un album concept adoptant la forme d’un conte musical inspiré des mythes et du folklore d’Europe de l’est. A travers le titre des morceaux qui composent cet album, on comprend effectivement qu’une métaphore est tissée entre les éléments de la nature et le temps (au sens temporel du terme).
La nuit commence à tomber sur « Gwiazda Wieczorna », morceau d’introduction ambiant/acoustique. Le concept de conte musical est mis en évidence à travers une voix narrative masculine qui reviendra ponctuellement tout au long de l’album. Suite à une petite montée post-black mêlée aux accords acoustiques, la nuit est bel et bien installée avec « Dolina, która jest Nocą ». Wędrujący Wiatr, c’est un black atmo vaporeux et introspectif, dominé par un growl lointain et étouffé du chanteur et multi-instrumentiste Razor, et très porté sur la nature et le folklore slave, tous deux incarnés par les nombreux bruitages ambiants que l’on peut retrouver tout au long de l’album. L’interlude « Wierzba – Wieszczka » est d’ailleurs totalement dans cette veine ambiante, amplifiée par l’intervention vocale mystique de Sylwia Dziadoń.*
Un black atmo très mélancolique aussi, toutefois contrebalancé par les sonorités scintillantes du dulcimer et des claviers et par les incursions folk acoustiques de la guitare et de la flûte (la légèreté de cette dernière, une pure merveille…). Par moments, le black metal du groupe se montre plus pêchu, voire menaçant. La preuve en est notamment sur « Góra, która jest Ogniem ». Les guitares grondent, tel un magma en fusion, et l’on observe une éruption finale tonitruante. Le groupe nous offre tantôt des envolées progressives épiques, tantôt des explosions subites. Le jour se lève sur « Gwiazda Zaranna », final black atmo mélancolique entrecoupé de quelques incursions acoustiques.
Si la musique de Wędrujący Wiatr est indéniablement belle et efficace à la fois, on pourrait toutefois reprocher une légère redondance dans les sonorités et la structure des morceaux. Zorzysta staje oćma n’en reste pas moins un album très réussi, dans la lignée de formations comme Saor et Empyrium, parfait à écouter au casque, au coin du feu lors de vos longues soirées d’hiver (mais vous pouvez bien entendu l’écouter tout le reste de l’année).
Fée Verte
8/10
Tracklist :
1. Gwiazda Wieczorna (Evening Star)
2. Dolina, która jest Nocą (The Valley which is the Night)
3. Góra, która jest Ogniem (The Mountain which is the Fire)
4. Wierzba – Wieszczka (Willow – Seer)
5. Rzeka, która jest Światłem (The River which is the Light)
6. Jezioro, które jest Dniem (The Lake which is the Day)
7. Gwiazda Zaranna (Morning Star)
Date de sortie : 02/02/2022
Line-up :
Razor : chant, guitares, batterie, claviers, instruments traditionnels
Swaikstan : guitares, basse, paroles
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