Souvenez-vous, il y a cinq mois j’avais perdu ma carte d’identité en me rendant au Ragnarök Festival, ce qui m’avait coûté de ne pas pouvoir me rendre au premier concert de Sojourner à Glasgow. De ce fait, lorsque j’ai appris peu après que mon groupe chouchou serait l’une des têtes d’affiche du Warhorns Festival, je n’ai pas mis beaucoup de temps à me décider !
Avant tout, une petite leçon d’histoire/géographie s’impose. Pour sa première édition, le Warhorns Festival se tenait à York dans le Yorkshire, région du nord de l’Angleterre réputée notamment pour son patrimoine romain et viking, ainsi que pour ses châteaux normands, ses abbayes médiévales, ses villes datant de l’époque de la révolution industrielle et ses deux parcs nationaux. Puis, dès l’année suivante, la manifestation a été déplacée dans la petite commune de Selby située à vingt kilomètres au sud de York. Malheureusement, la salle qui accueillait le festival a fermé il y a peu, et les organisateurs ont été contraints de trouver un nouveau lieu pour la septième édition. Mission accomplie, le festival se tiendra désormais à Eggborough, village situé à dix kilomètres de Selby. Et pas n’importe où, puisque la salle se trouve … près d’une centrale nucléaire ! Et oui, cela peut paraître étonnant, surtout lorsque l’on sait que la plupart des groupes à l’affiche prônent la nature. En tout cas, le moins que l’on puisse dire, c’est que cela crée un sacré contraste !
La première journée du festival ne m’intéressant pas particulièrement, je me rends sur les lieux le lendemain. Première étape : prendre l’avion, direction Manchester. Et ça ne commence pas très bien puisque mon vol a eu une demi-heure de retard. Résultat, j’ai raté le train que je devais initialement prendre pour poursuivre mon périple, et j’ai été contrainte de racheter un autre billet pour le train suivant. Mais il m’en faudrait beaucoup plus pour me décourager ! Après un peu plus d’une heure, me voici enfin à Selby, et la star principale de l’Angleterre n’a pas manqué de m’accueillir, je veux bien sûr parler de la pluie ! Après avoir retiré quelques livres sterling, je me rends à l’hôtel. J’arrive trempée, et je décide de me détendre une petite heure dans ma chambre avant de me rendre au festival. Une tasse de thé ne m’aura rarement fait autant de bien ! Je redescends ensuite dans la salle commune de l’hôtel, et rencontre deux festivalières avec qui je sympathise immédiatement. J’en profite donc pour partir au festival avec elles en taxi.
Une fois mon bracelet récupéré, je décide de faire le tour du propriétaire en attendant le prochain groupe qui m’intéresse. Et c’est à ce moment-là que je croise le chanteur de Sojourner ! Après une accolade fort chaleureuse, celui-ci m’emmène jusqu’à un salon où l’on peut se restaurer. Et qui y vois-je ? Les autres membres du groupe ! Evidemment, j’en profite pour discuter avec eux et faire une jolie photo-souvenir !
Etant arrivée trop tard pour le set de Fjords que j’aurais beaucoup aimé voir, je retourne dans la salle et me mets en place pour celui d’Isarnos, groupe originaire de Londres. « Retard » semble être le maître-mot de mon séjour puisque le concert commencera plus tard que prévu. Je prends mon mal en patience en espérant que l’attente en vaudra la peine. Lors des balances, les musiciens s’échauffent en jouant la BO de Jurassic Park, puis un petit air jazzy. Une fois prêts à jouer, l’un d’eux nous lance avec humour : « Thank you, goodbye ! ». Ahahah, la bonne blague !
Le groupe revient sur scène sur une introduction épique. Isarnos compte sept membres : un chanteur (qui joue également de la mandoline et de la flûte), une joueuse de hurdy gurdy, un violoniste, un batteur, un bassiste et deux guitaristes. L’originalité du groupe réside dans le fait que celui-ci combine des riffs tantôt typés thrash, tantôt melodeath, tantôt black atmosphérique à une instrumentation traditionnelle et à des mélodies ésotériques. Concrètement, Isarnos m’a surtout fait penser à Eluveitie, notamment pour le côté festif et guerrier.
Mon avis fut assez mitigé. Bien que la musique du groupe soit efficace et que l’ambiance soit bonne (le wall of death en fut la preuve ultime), j’ai trouvé que celui-ci avait tendance à s’éparpiller. Les guitares et la batterie étaient également trop fortes, ce qui empiétait sur les autres éléments. Mais ce qui m’a le plus gênée, c’est la voix du chanteur, trop éraillée et manquant parfois de justesse. De plus, lorsque la joueuse de hurdy gurdy chantait, je sentais qu’elle manquait d’assurance et de puissance vocale, et qu’elle se laissait facilement dépasser par le chanteur qui s’imposait plus. C’est dommage, car l’alternance entre les deux types de chant aurait pu être un sérieux atout.
Le dernier morceau était plus mélancolique, et le chant féminin était plus pertinent à ce moment-là. Les musiciens reprennent des « ooooohooooohooooh » épiques en chœur, pas toujours très justes, mais au moins c’était convivial ! Le set touche à sa fin, et le chanteur demande à un festivalier de monter sur scène pour prendre une photo du groupe avec le public.
SETLIST : The Gael / Maros / Bellos / Sirona / Cunos / Agnos / Uediiu / Exilo
L’appel du ventre commençant à se faire ressentir, je retourne au salon et m’attable devant un bon burger aux côtés des membres de Sojourner. Une fois le repas englouti, je retourne dans la salle et j’arrive au cours du set de The Prophecy, quartette de doom/death progressif originaire de Halifax. Je n’aurai finalement entendu que deux morceaux, mais le dernier m’a beaucoup plu, c’était une très belle ballade metal. Ce que j’aurai surtout retenu, c’est le jeu de scène du guitariste, vraiment habité. Ses solos étaient d’ailleurs très beaux.
SETLIST : Salvation / Reflections / Origins II / Redemption / Hope
Le grand moment est arrivé, enfin je vais voir Sojourner en live ! Le groupe m’avait assuré il y a quelques temps que je ne serais pas déçue par la setlist, et il me tardait de savoir si ce serait vraiment le cas.
Le groupe entre en scène et commence par le morceau d’ouverture de son premier album, « Bound by Blood ». Mike Wilson, le bassiste originel du groupe, n’est malheureusement pas de la partie, mais c’est un gros nounours écossais se faisant affectueusement appeler « Scottie » qui le remplace. La chanteuse Chloe Bray étant à la guitare, le groupe a fait appel à une flûtiste pour l’occasion. Les parties de claviers prenaient quant à elles la forme de samples.
Ce que j’ai beaucoup apprécié, c’est qu’Emilio Crespo, le chanteur du groupe, variait davantage son growl sur les morceaux du premier album, car en effet, sur les versions studio, Emilio adoptait uniquement un chant black. J’ai également eu l’impression que le groupe avait gagné en aisance par rapport à ce que j’avais pu voir dans les vidéos de leur premier concert. En revanche, à certains moments, les guitares avaient tendance à couvrir la voix toute douce de Chloe et les mélodies de la flûte, ce qui m’a un peu perturbée car je peinais parfois à reconnaître les morceaux. C’est dommage car ce sont deux éléments qui créent en partie l’identité du groupe.
Mais cette légère déception fut très mince. Je reconnais en revanche sans difficulté l’un de mes morceaux préférés, « Ode to the Sovereign », dès les premières notes. Au rythme effréné des riffs et des blast beats générés par un Riccardo complètement déchaîné, je headbangue sans relâche lors des couplets, et hurle à la mort les refrains emplis de mélancolie. Ça y est, les premières larmes coulent …
Après avoir joué le tout premier morceau enregistré par le groupe (« Heritage of a Natural Realm »), l’ambiance s’apaise avec la jolie ballade « An Oath Sworn in Sorrow ». Le groupe interprète ensuite « Aeons of Valor », morceau épique avec des parties de claviers qui rappellent fortement Summoning.
Arrive un nouveau temps fort de ce concert, avec mon morceau préféré du premier album qu’est le mélancolique « Homeward ». Je n’ai pas été stratégique pour le coup, j’aurais vraiment dû apporter des mouchoirs … Bon dieu, qu’est-ce-que c’est beau !!!
Retour à plus d’agressivité avec le Moonsorrowien « Our Bones Among the Ruins », puis avec un autre morceau que j’adore, « Titan », parfait pour headbanguer. Au bout de presque une heure, Emilio annonce la fin du concert et donc le titre du dernier morceau, « Trails of the Earth ». Bien que j’aime chacun des morceaux de Sojourner, j’aurais tellement aimé que le groupe joue « Winter’s Slumber », et plus encore, « The Shadowed Road » … Le groupe sort de scène, et le public, conquis, réclame un dernier morceau. Les musiciens finissent par revenir, et Emilio annonce le titre du morceau qui clôturera véritablement la soirée. En moi-même, je ne cessais de me dire sans trop y croire : « S’il vous plait, jouez « The Shadowed Road » … Et pour mon plus grand bonheur, mon souhait a été entendu, et je n’ai alors pas pu m’empêcher de crier de joie. Et c’est parti pour presque dix minutes de beauté, d’intensité et d’épopée avec ce morceau digne d’une BO de film ou de jeu vidéo. Je me suis plu à chanter les magnifiques paroles que déversait Chloe. Encore une fois, je n’ai pu retenir mes larmes, notamment lors du climax final.
Merci à Sojourner pour ce moment inoubliable, ce concert fut l’un des meilleurs que j’ai vécus jusqu’à présent. Il me tarde déjà de les revoir au Black Winter Fest dans un peu plus de deux mois !
SETLIST : Bound by Blood / Ode to the Sovereign / Heritage of a Natural Realm / An Oath Sworn in Sorrow / Aeons of Valor / Homeward / Our Bones Among the Ruins / Titan / Trails of the Earth / The Shadowed Road
Fée Verte