Waldgeflüster – Mondscheinsonaten

Un peu plus d’une semaine après sa sortie, il me tenait à cœur de parler du cinquième album de la formation munichoise Waldgeflüster. Ledit album s’intitule Mondscheinsonaten (que l’on pourrait traduire par « Sonates du clair de lune ») et paraît une fois de plus via le label suédois Nordvis Produktion, et chez Bindrune Recordings pour le territoire américain (avant Ruinen, les albums du groupe sortaient par l’intermédiaire de Black Blood Records).

Pour rappel, le nom du groupe signifie « Chuchotements de la forêt ». Waldgeflüster était à l’origine le projet solo du chanteur/musicien Winterherz, puis est devenu un groupe à part entière depuis 2014. Depuis cinq ans, le line-up est tout à fait stable, et se compose toujours de Winterherz (chant/guitare/effets électroniques), de Domi (guitare/chœurs), de Markus (guitare), d’Arvagr (basse/chœurs) et de Tom (batterie) pour le nouvel album. La pochette a une fois de plus été réalisée par Sarah Wagner. La batterie a été enregistrée par Lukas Danninger, l’album mixé par le groupe, et masterisé par Jonas Tord Lindström (batteur d’Ereb Altor).

Le groupe avait annoncé sur sa page Facebook que Mondscheinsonaten serait plus accessible, et comporterait davantage de blast beats. Comme il le dit si bien, « plus de blast beats, c’est toujours bon ». Il était également annoncé que l’album resterait fidèle au son typique de Waldgeflüster, mais ferait toutefois l’objet de quelques expérimentations. Mais trêve de bavardage, qu’en est-il réellement ?

Cette nouvelle ode à la nature débute par le morceau quasi instrumental « Einleitung », se traduisant sobrement par « Introduction » (je dis « quasi », car les seules voix présentes sont des chœurs graves lointains). Souffle du vent en fond, on retrouve immédiatement les influences folk acoustiques avec la guitare sèche. Les tambours grondants l’accompagnent, ainsi que le violoncelle de l’invité Johannes Schermaul, qui renforce cette ambiance mélancolique. Dans un fade-out, on n’entend plus que la guitare et le souffle du vent, avant que les guitares électriques ne fassent leur entrée, pour enchaîner directement sur le premier véritable morceau de l’album, « Der Steppenwolf » (« Le Loup de la steppe »). Les guitares se montrent à la fois épiques et mélancoliques, et lors du bridge, on retrouve les élans blackgaze/post-black, déjà présents dans Ruinen. Au niveau des voix, celles-ci se révèlent être toujours aussi riches et variées, chœurs en chant clair, voix parlée et chant black se mêlent.

Le morceau suivant, « Gripfelstürme », est à titre personnel l’un de mes préférés de ce nouvel album, car c’est entre autres dans celui-ci que l’on comprend ce que voulait dire le groupe par « plus de blast beats » et « expérimentations ». On s’en aperçoit dès l’introduction acoustique, menée par la guimbarde et le violoncelle, deux instruments qui n’avaient jamais été utilisés dans les albums précédents du groupe. On constate par la suite que la promesse « plus de blast beats » est effectivement tenue, blast beats qui sont là encore associés à des riffs rapides mélancoliques et épiques. En référence au nom du morceau, on peut entendre lors du bridge acoustico-blackgaze (le retour des mots composés improbables) l’orage tonner en fond. S’ensuit un autre passage de toute beauté où se mêlent chœurs et guitares épiques, avant d’entendre des nouveaux riffs qui pourraient presque rappeler Insomnium. Le morceau prend fin sur une conclusion acoustique atmosphérique et mélancolique en fade-out.

Vous connaissez peut-être déjà « Rotgoldene Novemberwälder », puisque c’était le premier extrait dévoilé par le groupe. Comme je l’avais déjà mentionné dans la news relative à ce morceau, celui-ci traite des couleurs de l’automne, du thème de la récurrence éternelle, ainsi que du cycle des saisons. Ce sont les bois situés à proximité de la ville du groupe qui ont inspiré ce morceau. On ressent ce côté « nature » à travers l’introduction « acoustico-blackgaze » et la conclusion acoustique, mais aussi lors du passage où Martin Hofmeister délivre quelques vers tirés du poème « Herbst » de Theodor Storm. A noter d’ailleurs que l’ami du groupe prête sa voix sur d’autres morceaux de l’album. Tant que je parle des guests présents sur l’album, il convient de mentionner qu’Austin Lunn (Panopticon, Seidr) fait également une apparition à la « slide guitar ».

« Und der Wind … » est un autre morceau de l’album qui a particulièrement retenu mon attention, tout d’abord pour sa belle introduction atmosphérique/ambiante/post-rock faisant joliment contraste avec l’explosion post-black qui suit, mais également pour son solo post-black épique joué juste avant un fade-out en plein milieu du morceau. Le deuxième morceau dévoilé par le groupe, « Von Winterwäldern und Mondscheinsonaten », se démarque également, notamment pour être l’un des titres les plus personnels de sa discographie. Son introduction acoustique prend presque des petits airs de musique country, et la nouvelle explosion post-black qui lui fait suite est une fois de plus un pur régal. Avant le bridge acoustique, les riffs peuvent faire penser à Deafheaven.

L’album prend fin avec « Staub in der Lunge », morceau faisant la part belle aux passages acoustiques mélancoliques, avec un chant clair et des chœurs pré-dominants. Au bout de plusieurs minutes, les guitares électriques font finalement leur entrée, pour un final des plus épiques. Pour les « vinylophiles », notez que la version vinyle de l’album prend véritablement fin avec une bonus track qu’est la version acoustique de « Der Steppenwolf ».

Avec leur nouvel album, Waldgeflüster nous prouvent qu’il est possible de rester fidèle à soi-même, tout en apportant quelques innovations. Mondscheinsonaten reste dans la continuité de son prédécesseur Ruinen, sans pour autant tomber dans le mimétisme, loin de là. Le groupe fait une fois de plus preuve d’authenticité, de sincérité et de personnalité, et associe à merveille épique et mélancolie.

Fée Verte

8,5/10

Tracklist :

  1. Einleitung
  2. Der Steppenwolf
  3. Gripfelstürme
  4. Rotgoldene Novemberwälder
  5. Und der Wind …
  6. Von Winterwäldern und Mondscheinsonaten
  7. Staub in der Lunge
  8. Bonus Track : Der Steppenwolf (acoustic version)

Date de sortie : 12 avril 2019

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