Wagakki – Yaso-emaki

Wagakki - YasouemakiDans quoi je me suis embarqué ? C’est ce que je me demande à chaque fois que j’écoute l’album que j’ai choisi, volontairement, en toute connaissance de cause pour cette chronique. Parce que voilà, le Japon et moi…. J’ai jamais pris le temps de m’intéresser à leurs traditions et tout ce qui en ressort lorsqu’on ne se penche pas sérieusement sur la question c’est cette maudite pop culture japonaise, vous savez la culture du what the fuck, du too much, de la naïveté édulcorée d’une contrée trop éloignée de la nôtre pour que je puisse en saisir l’évidente subtilité. Parce que oui, c’est très subtil des boucles d’oreilles en forme d’anus qui fait popo des arcs en ciel. Voyez, je viens d’inventer cet objet, et pourtant je suis persuadé qu’on peut en trouver quelque part au pays du soleil levant. Et vous aussi vous l’êtes. Persuadé. Ne niez pas.

Mais bon, le fait est que j’ai entre les mains le deuxième album de Wagakki, groupe catalogué chez eux de J-pop (putain j’ai acheté un cd de J-pop, ça va pas mieux…) mais que l’on aurait plutôt tendance à classer folk metal du côté de l’occident. Tendance, hein, ça reste tout de même léger le côté metal, plutôt du folk rock, mais les 8 Nippons proposent une musique assez énervée par moments.

Le premier album voit le jour en avril 2014 et défonce tout chez eux, leur apportant une certaine notoriété qui les amènera à se produire sur scène lors de la Japan Expo 2014 à Paris pour leur première prestation à l’étranger. Après, 1an et demi, des sorties dvd en veux-tu en voilà, un concert aux Etats-Unis et une vidéo atteignant presque les 30 millions de vues, ils sortent donc un deuxième album vachement bien fourni de 15 titres pour 1 heure et 6 minutes !

 

Et après plusieurs écoutes, j’en viens à la conclusion que Wagakki fait partie de ces groupes qui me rappellent pourquoi j’aime le folk metal. J’appuie sur le bouton play de mon Ipoud et paf j’ai un katana à la ceinture, des tongs en bois que je me demande encore comment j’arrive à marcher avec et je sais enfin manger avec des baguettes ! On y croit quoi ! Je l’ai déjà dit plus haut, j’y connais rien en tradition nipponne et pourtant leur musique résonne d’une culture propre à leurs ancêtres, modernisée bien entendu, mais qui témoigne d’un respect des traditions et valeurs d’un pays. A des années-lumière de la pop culture japonaise qu’on veut nous faire gober par quintal !

La seule chose qui me bloque un peu est le chant, féminin, parfois un peu trop poussé, qui va même jusqu’à chevroter (volontairement, c’est un style ça s’discute pas…), me fait trop penser à une bande son d’animé. Mais là encore, ne serait-ce pas moi qui suis influencé par mes acquis ? Parce qu’après une brève recherche, il se trouve que tous les lyrics sont des shigins, une forme de poésie chantée issue de la culture traditionnelle japonaise. Alors bon, je fais l’impasse. Sauf pour le huitième titre Kyoshu No Sora chanté d’une voix masculine et qui, malgré tous les efforts de l’instrumental, transpire de mièvrerie par tous les pores de la peau ! On se croirait en plein épisode de « Lucille, Amour et Rock’n’roll ».

Et justement, ce pour quoi j’arrive à faire l’impasse sur la voix est résolument l’instru traditionnel. Pour la partie rock pas d’énormes prouesses même si ceux en charge ne se gênent pas pour se faire plaisir, la guitare se la joue assez technique et la batterie tabasse pas mal par moments ! Mais tout ceci est habilement sublimé par l’emploi de quatre instruments trad japonais. Le Wadaiko, sorte de gros tambour qui va venir soutenir la rythmique et apporter une étonnante lourdeur tribale. Un Koto, la cithare japonaise, qui par-delà ses sonorités douces nous installe déjà bien le décor oriental. Le Tsugaru Jamisen, unique en son genre, composé de trois cordes qui résonnent d’un son très pincé nous jette a grand coup de pied dans l’ambiance kimono. Et enfin mon favori le Shakuhachi, instrument à vent qui selon le jeu peut soit diffuser une atmosphère feutrée pleine de mélancolie ou alors transmettre une patate de tous les diables par des mélodies venteuses ultra rythmées.

Voilà le cocktail parfait qui, allié à la guitare, la basse et la batterie nous emmène sur différents tableaux tout au long des quinze titres. Et si à la première écoute le tout semble redondant, que nenni, il s’avère qu’une fois les sonorités devenues plus familières chaque titre propose une atmosphère propre. Que ce soit Hagane et sa lourde intro qui ferait presque penser à du sludge sauce sucrée, Ikusa et son petit solo de guitare pas piqué des hannetons, Senbonzakura et sa Shaka… Shakuhi… et sa flûte déchainée, tous les morceaux transmettent une énergie de malade. Mis à part le malheureux Kyoshu No Sora et Furin No Utautai après quelques écoutes il est quasiment impossible voire inadéquat de ne pas gigoter de manière incontrôlée tout en se mettant à chanter de toutes ses forces alignant les voyelles en un charabia totalement incompréhensible. Et ce même au volant de votre caisse en plein bouchon. Les suspensions de ma pauvre petite Fiat panda s’en souviendront longtemps…

 

C’est donc au nom de la diversité culturelle que vous vous devez de prêter l’oreille aux huit énergumènes de Wagakki et de vous laisser entrainer dans ce déluge d’énergie. Je vous laisse avec le petit clip qui va bien et je vais déglinguer des ramens. チェリオ

Grymauch

NOTE : 8.5/10

Tracklist :

  1. Ikusa
  2. Hoshi tsuki yo
  3. Perfect Blue
  4. Tsuioku
  5. Hagane
  6. Furin no utautai
  7. Hanabi
  8. Kyoshu no sora
  9. Akatsuki no ito
  10. Shiromadara
  11. Nadeshiko sakura
  12. Hangeki no yaiba
  13. Senbonzakura
  14. Hana-furumai
  15. Chikyu saigo no kokuhaku wo

Sortie : 02 Septembre 2015

Lien du groupe : Facebook, Site Officiel.

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