Après quelques mois chargés en festivals et autres aventures estivales, la saison des concerts reprend pour moi lundi 30 septembre. Et oui, j’en ai profité pour bouger : c’est pour quelques temps non plus depuis Paris mais depuis Oslo que vous aurez de mes nouvelles. Alors que Misþyrming est de passage en France et aux alentours, la Scandinavie elle aussi a le droit à son package islandais, avec ni plus ni moins que Sinmara et Svartidauði. Le fleuron d’une scène certes petite où chaque groupe emprunte au moins un ou deux membres aux autres (Naðra ou Carpe Noctem en plus de ceux déjà cités plus haut…), mais aussi en pleine expansion, ne cessant de proposer des sorties intéressantes ces dernières années. Pour en témoigner, les deux formations présentes ce soir ont chacune sorti un album récemment que vous avez forcément vu passer. Bref, un beau plateau en perspective, et pas d’annulation cette fois (cf. la tournée Svartidauði/Almyrkvi de juin dernier).
C’est dans une nuit déjà bien opaque que je longe la rivière traversant la ville du nord au sud pour me rendre à Blå. Mauvaise communication de la part de l’orga ; j’arrive un peu trop tôt et poireaute un peu moins d’une heure avant que Sinmara ne commence à jouer. La salle, auparavant quasi vide, se remplit d’ailleurs rapidement au début de leur set et le restera jusqu’à la fin de la soirée.
Sinmara entame donc les hostilités à 21h. S’agissant certainement de mon groupe estampillé BM islandais favori et son dernier album figurant définitivement parmi mes coups de cœur de l’année (vous pouvez d’ailleurs retrouver ma chronique dans les pages de ce zine), j’étais plus qu’impatiente de les voir. Je vais tout de suite me débarrasser de la seule mini-critique que j’ai à faire : les lights bleus et roses, je n’ai pas trouvé ça très adapté. Ceci dit, même si j’aurais préféré quelque chose de plus éthéré, ça ne m’a en rien empêchée de rentrer dans le set et d’être transportée tout du long. Tantôt atmosphériques, brutales, mélodiques, dissonantes ou encore progressives, les compos se développent aussi bien en live que sur album dans toute leur complexité. Sinmara nous a transportés dans son univers de ténèbres, d’illusions grotesques et de sommets épiques une heure durant, sans un temps mort. Le tout avec un frontman animé par les visions noires de ses lyrics jusque dans sa gestuelle, tout en conservant un caractère solennel et charismatique.
Le set commence par les premiers morceaux du dernier album, d’où ressort le côté plus atmo et mélodique, avant de monter en intensité avec des morceaux plus anciens et donc plus directs pour finalement clore le set sur les derniers morceaux de Hvísl Stjarnanna. Et ces derniers portent encore plus en live que sur l’album, tout en semblant encore plus denses et complexes par moment. Une setlist qui donne au final un bon aperçu de l’ensemble du catalogue du groupe et de son évolution, du premier au dernier album en passant même par le très bon EP Within the weaves of infinity. Mention également au son excellent – ce qui est d’autant plus nécessaire pour apprécier toute la complexité des compos.
SETLIST : Apparitions // Mephitic Haze // Within the weaves of infinity // Verminious // Shattered Pillars // Crimson Stars // Úr Kaleik Matraða // Hvísl Stjarnanna
Il y a à peine trois mois, je voyais Svartidauði au Throne Fest. Mon collègue Varulven et moi vous avions détaillé nos impressions en long en large et en travers dans le report, et je serai donc ici assez concise. Quoi qu’il en soit, après une très bonne prestation en juin dernier et ayant continué à poncer le dernier album entre temps, j’étais contente de revoir le groupe aujourd’hui sans pour autant être aussi impatiente que pour Sinmara.
Eh bien, les Islandais ont délivré une prestation encore meilleure que la précédente. Le caractère un peu plus intime de la salle joue certainement, de même que le son de qualité dès le départ. Comme pour Sinmara, on aura droit à un titre tiré d’un EP (« Venus Illegitima » de l’EP de 2011 ici), et une setlist autrement équitablement répartie entre les deux albums du groupe, Flesh Cathedral et Revelations of the Red Sword. Si certains morceaux de ce dernier semblent peut-être un peu plus facile d’accès, l’évolution est cependant ici moins flagrante : tout sonne opaque et brutal, sans compromis. Les morceaux nous plongent directement en plein enfer, suintant le souffre et une crasse brûlante. On oscille entre dissonance, matraquage pur et notes mélodiques semblant s’extirper de la masse, en particulier sur les morceaux plus récents comme « Sol Ascending ». Et comment dire, le résultat permet d’imaginer ce que pourrait donner un live de Deathspell Omega mais avec cette pâte islandaise bien reconnaissable.
L’ambiance va avec : lumières rouges tout du long, attitude intransigeante de la part des musiciens, Svartidauði en impose autant musicalement que scéniquement. Les premiers rangs s’animent d’ailleurs un peu plus qu’auparavant, si bien qu’une fois rentré dedans on ne verra pas l’heure défiler.
SETLIST : Venus Illegitima // Burning worlds of excrement // The Perpetual Nothing // Sol Ascending // The Howling Cynocephali // Flesh Cathedral // Psychoactive Sacraments