Thårinkü : Dans ma contrée dijonnaise, les concerts de metal se faisaient peu fréquents ces dernières années. On a globalement beaucoup de hardcore, un festival de heavy et quelques concerts assez isolés. Il s’avère que 2020 peut changer la donne et qu’on puisse voir davantage de styles variés. En ce 18 janvier, l’association Leptiobyss est de retour pour nous proposer une soirée sur le thème du folk metal suisse. On retrouvait donc Battle Tales, Kaatarakt et Norvhar, tous motivés à faire bouger des têtes et lever des cornes.
Nidhögg : Il faut bien l’avouer, je n’étais pas très motivé à l’idée de participer à cette « nuit du folk metal suisse » à Dijon, surtout revenant de Zürich – quelle coïncidence – et étant un peu fatigué, ne connaissant pas non plus les groupes de l’affiche, car oui j’ai complètement zappé de les écouter avant. Je me suis décidé finalement à bouger mes fesses et fort bien m’en a pris !
Battle Tales
Thårinkü : On attaque avec Battle Tales qui proposent un folk péchu chanté en français et en anglais. Première chose à noter… l’absence de batteur. Eh oui, celui-ci étant en service militaire obligatoire en Suisse, il n’a pas pu assister au concert (le pauvre, car quelle soirée ce fût!). C’est aussi dommage pour nous car le groupe a dû utiliser des samples pour faire la batterie, le son était propre, mais ça manquait des vibrations qu’un vrai batteur peut apporter. Musicalement les compos issues du premier album The Ire of the Condemned sont orientées festivités et epicness, tandis que celles provenant de leur EP Lè lèjande dè vêr no sont plus sombres et matures. Le contraste est pas désagréable du tout, bien que ma préférence se porte pour l’EP que je trouve plus prenant ! En tout cas, tout le long du set, les zicos arborent un large sourire, l’accueil reçu est à la hauteur de ce qui leur avait été annoncé. Entre les morceaux, Romaric, le chanteur, fait de l’humour (mais a failli s’attirer les foudres bourguignonnes!), et pendant les morceaux, les musiciens s’éclatent à faire bouger la tête d’un squelette posé sur un pied de charleston avec une serpillère qui lui servait de cheveux, autant dire que ça nous a bien fait marrer. Le groupe décide de clotûrer son set par quelque chose qui allait faire mouche auprès du public dijonnais, une reprise du Naheulband, à savoir « Mon Ancêtre Gurdil », adapté à sa sauce, de quoi laisser un sacré souvenir pour les spectateurs.
Nidhögg : Premier groupe de la soirée, et première grosse surprise pour moi, Battle Tales entame son set par « Le Messager », une chanson en français donc, et en voix totalement claire, moi qui ne suis pas habitué à cela dans le folk metal, un petit choc. Mais passé l’effet de surprise, force est de constater que cela passe très bien, et que le public répond présent dès le début, pour le plus grand plaisir du chanteur, Romaric. Malgré l’absence du batteur, retenu en Suisse pour cause de service militaire, Battle Tales envoie la purée et se donne à fond, avec l’appui même d’une marionnette headbangueuse, il fallait voir ça ! Le groupe originaire du canton de Fribourg sait aussi se faire plus violent sur des chansons comme « Le lac noir » et surtout « La Catillon », qui remporte un grand succès, d’après ce que j’ai entendu après le set. Romaric semble aussi à l’aise en voix growlée qu’en voix claire et ne manque pas l’occasion de dire au public à quel point l’accueil leur fait plaisir, et qu’ils comptent revenir très vite, ce que personnellement j’espère aussi ! Le groupe est une excellente introduction à la soirée, et son folk metal inspiré par les vieux Ensiferum (du moins c’est mon ressenti, ne me tapez pas dessus si vous ne pensez pas la même chose) mérite grandement l’écoute, je vous conseille fortement de vous procurer leur récent EP Lè Lèjande dè Vêr No, ainsi que leur premier album The Ire Of The Condemned.
SETLIST : Lè Lèjande dè vêr no / Le Messager / Le Lac Noir / The Battle Bard / La Catillon / War of the Pints / Sailing to Unsung Havens / Mon ancêtre Gurdil (Naheulband cover)
Kaatarakt
Thårinkü : Le deuxième groupe à monter sur scène est Kaatarakt, que j’avais déjà vu en première partie de Moonsorrow à Orbe en Suisse (live report par ici). Il s’avère que ce concert était malheureusement le concert d’adieu du groupe, en effet, chaque membre partait sur des projets différents. En tout cas la recette n’a pas changé, toujours un death mélodique folkisant et épique, et visiblement ça convient particulièrement au public dijonnais qui est bien énergique sur les pogos et les headbangs. Je n’ai pas pu voir l’intégralité du set malheureusement, mais tout ce que j’ai pu voir était au top, toujours très propre et professionnel. Leurs compos sonnent épiques, sans tomber dans le « pouet pouet » et sont parfaitement adaptées au live. L’apparition sur scène de Quentin, le chanteur de Hrothgar le temps d’un morceau apporte également une dimension encore plus plaisante à ce concert. Ce groupe avait un potentiel monstrueux, et c’est bien triste de les voir se séparer, mais au moins ce dernier concert était légendaire.
Nidhögg :Quel déchirement à la fois de découvrir un groupe talentueux, et d’apprendre par la même occasion que ce concert sera le dernier de sa carrière. Pour autant, Kaatarakt a décidé d’envoyer du baobab, et son viking metal à tendance black est diablement efficace, mention spéciale au batteur tout sourire tout le long du set, et qui visiblement s’éclate énormément à jouer. Le groupe n’aura produit que deux EPs (sur lesquels il est évidemment de bon ton de jeter une oreille) durant sa courte carrière de cinq ans, et il est dommage d’arrêter avec un si fort potentiel. Le public répond encore une fois présent et l’ambiance sera excellente durant tout le show, ce qui fait inévitablement plaisir à nos amis suisses. Je suis content malgré tout d’avoir eu l’opportunité de voir Kaatarakt en live et espère croiser à nouveau leur route dans leurs différents projets à venir.
SETLIST : Echoes of the Past / The Gathering / Facing the Roots / Little Troll’s Tales / Màttr Ok Megin / ? / Sunless Dawn / From Hel to Asgard / Sons of Ymir
Norvhar
Thårinkü : Pour la dernière partie de la soirée c’est à Norvhar de venir défendre leur EP en terre bourguignonne. J’avais découvert le groupe lors d’un concert en Suisse pour le tout dernier évènement organisé par Wild Boar Legacy (live report par ici). Lors de cette date en Suisse, il ne restait plus grand-monde dans la fosse à ce moment-là, par contre à Dijon, la salle était encore blindée et le public au taquet. Le folk metal de Norvhar fait mouche ici, c’est efficace et catchy, il n’en faut pas plus pour séduire les spectateurs. Tout l’EP Kauna est joué ici, avec une reprise de Finntroll au milieu du set, et une reprise d’Alestorm sur la fin. Voyant l’ambiance enflammée et qu’il restait encore un peu de temps, ils décident même de rejouer cette dernière en fin de set pour le plaisir des gens qui chantent « Mexico » avec le groupe ou même qui montent sur scène. C’était bien festif cette affaire !
Nidhögg : Là encore, je ne connaissais pas le groupe, mais encore une fois une jolie baffe reçue ! Si Kaatarakt mélange plusieurs influences, Norvhar revendique plus clairement les siennes, en gros la scène majeure folk metal finlandaise. D’ailleurs le groupe se permettra une reprise fort réussie de « Under bergets rot » d’un petit groupe nommé Finntroll en cours de show. L’ambiance là encore est au diapason et le groupe sait franchement tenir la scène. Il faut dire que le groupe s’appelait Harmoniks avant de se renommer Norvhar, et a une expérience de près de dix ans déjà. Je constate la grande vitalité de la scène folk metal suisse, et une soirée comme celle-ci fait bien plaisir, que des bons groupes, une ambiance fabuleuse, de l’humour, de la bonne musique, que demander de plus ? Bref un excellent souvenir, et merci à l’association Leptiobyss de nous avoir permis de vivre cela. Vivement la prochaine !
SETLIST : From fire… (intro) / Fest in Midgard / Of Stone, Gold & Blois / Mystic Forest / Under Bergets Rot (Finntroll cover) / Goblins’ Outpost / Skyline of Fame / Fields of Fate / Mexico (Alestorm cover) / Dancing With The Trolls 11) … To Ashes (outro)
Thårinkü : En tout cas ce fût une sacrée soirée, un quasi sold out pour un retour fracassant de l‘asso. Ca montre que la demande est bel et bien là dans le coin et que de belles dates sont possibles. Seul bémol que je vois et qui est à titre personnel, il n’y avait pas de vestiaire, seulement quelques cintres posés dans le couloir, et bien sûr je me suis fait voler mon sweat. Si toi le voleur tu lis ce live-report, tu es un gros fumier. La prochaine fois mettre en place un système de vestiaire avec quelqu’un qui surveille, ça peut être un gros plus. En dehors de ce désagrément, j’ai passé un bon moment avec trois groupes qui avaient tous la patate et ont assuré leurs prestations. Et diantre, ça fait beaucoup de bien pour une fois de ne pas avoir à faire de nombreux kilomètres pour assister à un concert. Merci aux groupes, merci à Leptiobyss, merci à la Vapeur.
Photos par Cassie Di Carmilla