C’est un peu par hasard que j’ai vu passer cette affiche « Folkmetal night » à Berlin, et jeté une oreille aux quatre groupes qui la composaient. Pirate metal, folk et piano, une brochette de groupes locaux et relativement peu connus ont aiguisé ma curiosité.
Je me suis donc rendue à l’extrémité est de Berlin, dans la salle Eastend qui porte donc bien son nom. Malgré le public restreint, l’ambiance était chouette, je me sens dans mon élément parmi les chevelures de viking et les T-shirts Alestorm. La salle a visiblement plein d’autres usages, et derrière la régie son se trouve un mur d’escalade, c’est plutôt rigolo.
En parlant de son, par contre, on aura droit pendant la soirée à de nombreux couacs : grésillements, larsen en tout genres, instruments qui disparaissent et problèmes de câbles, pas de bol pour les groupes et les auditeurs.
On commence en douceur avec la pianiste ukrainienne de Miss Key, qui interprète des reprises de différents groupes de rock : Nirvana, Radiohead et bien d’autres. La chanteuse Nina Jiers la rejoint sur scène pour plusieurs morceaux. Traînant un peu parmi les gothiques berlinois, j’avais déjà entendu parler de ces deux artistes, et c’est un plaisir de les voir sur scène. Nina Jiers a une très belle voix qui n’a rien à envier aux chanteuses de metal symphonique.
Ma préférée du set était sans nul doute la reprise de The Heart Asks Pleasure First de Nightwish. Je découvrirai aussi Prayers for the damned, de Sixx:AM. Tranquillement, les deux artistes emmènent dans leur univers gothique et accoustique. J’en aurais bien voulu un peu plus, mais il est déjà temps de passer au second groupe.
Ils s’annoncent comme du speed folk, et en les voyant débarquer sur scène, ça commençait pourtant bien. Les Shipwreck Rats se composent d’une guitare acoustique, une basse acoustique, un bodhran et un violon. Ils démarrent par Leaving of Liverpool, un traditionnel irlandais très entraînant. Malheureusement, le reste de leur prestation était assez décevante. Passons sur les problèmes de son, de rythme, toutes leurs reprises de mélodies irlandaises, country et québecoises sonnent faux. Sur scène, l’ambiance n’est pas au top, on les voit faire des grimaces voir carrément la tronche.
Bref, ils assureront leur set malgré tout, y compris un morceau a cappella pendant que le guitariste change une corde cassée. Celui-ci finit par s’exploser les doigts et répandre du sang partout sur sa guitare, je commence à me sentir vraiment mal pour eux. Non, vraiment, n’est pas Fiddler’s Green qui veut. Malgré tout, bon public, les métalleux dansent dans la salle.
On change d’ambiance avec le groupe suivant, place au folk metal. On branche les guitares, on sort le growl, et le public n’attendait que ça. Tempus Umbra est une formation locale qui a trois ans déjà, et même si on les sent encore pas très bien rodés sur scène, ils tentent de nous plonger dans leur ambiance folk assez calme. Côté instruments mélodiques, on y trouve une violoniste, un peu planquée au fond de la scène, et un joueur de cornemuse au sourire féroce, un peu flippant. Le chanteur, dans son veston steampunk, alterne entre chant clair et growl avec une belle énergie.
Le son est tantôt froid et profond, tantôt guerrier. Ils chantent en allemand et j’ai malheureusement bien du mal à comprendre de quoi ils causent. Tant pis, le show en lui-même se laisse apprécier, et je pense qu’avec un peu plus d’expérience et en continuant à développer leur identité, Tempus Umbra deviendra un chouette groupe de folk metal allemand dans la lignée des plus grands.
Enfin, place à la tête d’affiche, Austenit. Ils se proclament pirate metal, mais un je-ne-sais quoi dans leur univers me fait penser à Tim Burton. Peut-être est-ce simplement leur visuel. Un bon point pour eux dès qu’ils arrivent sur scène, leur percussionniste est une femme. Et en plus de tambouriner sur ses caisses, elle accompagnera les autres à la voix sur la plupart des chansons. Au chant justement, il y a aussi le pianiste au chant clair, la chanteuse principale, et un grand viking blond qui assure le growl. Avec évidemment guitare électrique et basse, le tout forme un ensemble bien équilibré.
Leur musique est à la fois mélodique et lourde, propice au gros headbang, et les spectateurs font tourbillonner leurs cheveux en cadence. Les voix s’en sortent bien, ça bouge assez peu sur scène, on passe un bon moment. Côté paroles, on a bien sûr des histoires de pirates, d’alcool et de sexe. Sur l’un des morceaux, le clavier passe en mode orgue, et on croirait voir Davy Jones qui headbang de toutes ses tentacules. Le groupe, formé depuis trois ans, a sans nul doute du potentiel.
Alors, lequel de ces groupes va percer et écumera bientôt les scènes des grands festivals de folk metal allemands ? Nul ne le sait. En tout cas, c’était sympathique de changer un peu des grosses productions et de découvrir la scène folk locale.