Le samedi 14 avril 2018, Garmonbozia nous a encore bien gâtés avec une très belle affiche placée sous le signe du black metal. A l’occasion du « Heathen Crusade Tour », trois groupes de qualité étaient de passage à Paris, unique date française de la tournée. Tandis que les Allemands de Der Weg Einer Freiheit assuraient la première partie, deux géants de la scène black/folk, à savoir Moonsorrow et Primordial, étaient en co-headlining. Autant dire qu’avec une affiche aussi alléchante, le Trabendo a affiché « complet » sans grand mal.
J’arrive sur place une heure avant l’ouverture des portes (grèves obligent), et très peu de personnes étaient arrivées avant moi. Chouette, une place au premier rang est assurée pour ma part ! A 18h, nous pouvons enfin accéder à la salle. Le Trabendo est apaisé par une « Nocturne » de Chopin, et seulement un quart d’heure plus tard, le concert commence.
Je n’avais vu que le début du set de Der Weg Einer Freiheit la semaine dernière au Ragnarök Festival. Cette fois-ci, il est tôt, et je peux ainsi profiter pleinement du concert. Même si je n’avais pas de bouchons d’oreille à disposition, le son était correct (pour le Trabendo, c’est important de le préciser, car ce n’est malheureusement pas toujours le cas). Les morceaux du groupe sont souvent longs, oscillant entre cinq et dix minutes, mais face à la richesse musicale du groupe, il est bien difficile de se lasser. Der Weg Einer Freiheit dépasse en effet le stade de simple groupe de black metal, en intégrant ici et là des passages post-black, plus doux et atmosphériques. Le morceau instrumental « Skepsis, Part I » n’était d’ailleurs qu’à quelques pas du post-rock, et certaines mélodies de la guitare lead étaient vraiment très belles. Malgré un temps de jeu assez court (environ cinquante minutes), la setlist était assez équilibrée, avec deux morceaux du dernier album Finisterre, deux issus de Stellar, et un extrait de Unstille. Sur scène, les musiciens étaient pleins d’énergie, avec une mention spéciale pour le batteur qui était une véritable machine de guerre. Le public est maintenant bien échauffé pour accueillir les groupes suivants.
SETLIST: Einkehr / Skepsis, Part I / Zeichen / Requiem / Aufbruch
Elle était là ma motivation de ce soir. Si je devais citer un groupe qui incarnerait selon moi à la perfection le mot « épique », je choisirais sans l’ombre d’une hésitation Moonsorrow. Quasiment deux ans jour pour jour, je m’apprête à revoir pour la troisième fois l’un de mes groupes préférés.
Il est 19h20, et dès le début du concert, c’est la grosse claque, car le groupe a eu la formidable idée d’ouvrir le set avec un morceau que je rêvais d’entendre en live : « Pimeä ». Mon morceau préféré de mon album préféré (Verisakeet), je ne pouvais pas espérer mieux ! Comme pour DWEF, le son est très bon, ce qui permet de mettre en valeur ce que j’aime tant chez Moonsorrow, à savoir les claviers et les chœurs. J’ai d’ailleurs eu du mal à dissimuler mon enthousiasme lors du passage « festif » (toutes proportions gardées) aux claviers qui est l’un de mes préférés de ce morceau.
Ce que j’aime chez Moonsorrow, c’est que même si l’on retrouve la marque de fabrique du groupe d’un morceau à l’autre, il y a toujours quelque chose qui fait que chacun d’eux possède sa petite particularité. Je pense par exemple à « Suden Tunti », que le chanteur a d’ailleurs annoncé en prévenant qu’il était idéal pour headbanguer. Mais si cette chanson est unique, c’est tout d’abord parce qu’il s’agit de la plus courte créée par le groupe (oui, sept minutes par rapport aux quinze minutes moyennes habituelles, c’est court !), et aussi pour son atmosphère extrêmement menaçante. Au contraire, « Mimisbrunn » met en valeur le côté plus mélancolique et solennel du groupe. Curieusement, même si l’on était à plusieurs lieues du groupe de folk traditionnel, les chants chamaniques m’ont énormément fait penser à Wardruna.
J’avais eu quelques échos négatifs de Moonsorrow en live. Si c’est le cas, je pense que le groupe a fait d’énormes progrès par rapport à sa relation avec le public. Même le chanteur Ville Sorvali qui reste le moins expressif du groupe était bien plus communicatif avec nous. Il m’a même semblé apercevoir un sourire sur son visage pendant qu’il jouait, si ça ce n’est pas de l’exclusivité chez Moonsorrow ! Mais celui qui retiendra le plus mon attention, c’est le guitariste Janne Perttilä, qui s’éclatait vraiment sur scène. Le musicien m’a en plus fait un très beau cadeau : à la fin du concert, celui-ci est descendu de scène et m’a tendu sa guitare. Mon dieu, j’ai joué sur la guitare de Moonsorrow devant un Trabendo complet !!! Bon, « jouer » est un bien grand mot, je n’ai malheureusement pas de talents de musicienne. En tout cas, c’était un moment que je ne risque pas d’oublier de sitôt, merci Moonsorrow !
SETLIST: Pimeä / Ruttolehto / Suden tunti / Kivenkantaja / Mimisbrunn / Kuolleiden maa
Je m’en excuse d’avance, mais n’étant pas très fan de Primordial (et ce n’est pas faute d’avoir déjà essayé sur album et en live) et ne pouvant pas m’éterniser si je voulais rentrer en train dans ma banlieue lointaine, j’ai décidé de rester sur une très bonne impression avec Moonsorrow et de quitter la salle après leur set. Quoi qu’il en soit, un grand merci à Garmonbozia pour l’accréditation et pour cette excellente soirée qui m’a remis du baume au cœur !
Fée Verte