M’étant encore jamais intéressée à Moonsorrow jusqu’à récemment, j’ai préféré les découvrir en concert lors de la tournée « Finnish Folk Metal Mafia » à Glasgow en Avril dernier. Les avoir à nouveau aperçus au Ragnard Rock Festival cette année m’a donné envie de me consacrer à leur dernier album Jumalten Aika.
Bien que je sois encore novice en ce qui concerne leur discographie et leur direction artistique générale, j’ai remarqué que certaines de leurs compositions avaient été écrites et devaient s’écouter d’une manière précise.
Jumalten Aika en est pour moi l’exemple parfait.
Ce morceau est littéralement comme s’approcher d’un monde jusqu’à ce que celui-ci nous y happe. La suite devient ainsi une sorte de voyage contemplatif où le bloc formé par les guitares et la basse pourrait métaphoriquement être semblable à une pluie battante et incessante qui constitue la base de ce paysage sonore. Et comme tous les paysages, il se compose de plusieurs plans se complexifiant au fur et à mesure, le dernier étant plus propice à la créativité. Mais sa plus grande différence et sa particularité est que c’est un paysage vivant, qui semble vivre de lui-même et que tout s’organise et s’adapte pour faire passer l’émotion ou l’ambiance souhaitée. Le génie de ce morceau atteint son paroxysme lorsqu’il reste fidèle à sa métaphore de base en se refermant comme il s’est ouvert.
En bref, cette chanson fut un régal et a mieux explicité ma pensée initiale : écouter du Moonsorrow, c’est visualiser et tendre l’oreille pour repérer et apprécier les petites perles placées ici et là qui illuminent les chansons tout le long de l’album. Surtout pendant les moments de calme, même si on risque de se prendre une explosion de décibels dans la seconde qui suit.
A ce sujet, bien que les chœurs servaient simplement d’accompagnement et suivaient la même direction que les autres instruments sur Jumalten Aika, ils sont dorénavant au cœur de la composition sur Ruttolehto incl. Päivättömän päivän kansa. Ce morceau tourne entièrement autours de ça avec deux guests qui sont Mynni Luukkanainen et Jonne Järvelä. Il est intéressant de noter que même si leurs participations respectives ont plus ou moins la même structure, elles sonnent en fait radicalement différentes. Le chanteur de Sotajumala donne sa voix à une partie plutôt sombre et mélancolique tandis que Jonne a une partie dans le même registre mais en plus folk et moins oppressant avec sa voix reconnaissable entre mille. Sa performance était d’ailleurs particulièrement saisissante lors de ce concert en Ecosse.
On passe justement au morceau le plus folk de tout l’album avec Sunden Tunti.
Contrairement aux chansons précédentes, celle-ci commence sans ménagement avec des riffs, des chœurs et un ensemble plus variés et entraînants. Tout ceci est coupé avec deux duos de violon et de guimbarde qui sonnent « chamaniques » à leur manière et qui donnent voie à quelque chose de plus ralenti et éthéré avec ces chœurs et ces mélodies aux claviers.
En plus d’un morceau assez complet, j’ai beaucoup aimé l’outro avec le chant Kulning. C’est un chant traditionnel scandinave utilisé par les bergers principalement pour rappeler leur troupeau mais aussi pour effrayer les prédateurs comme le loup que l’on peut entendre. C’est un contraste d’autant plus plaisant quand on sait ceci.
Mimisbrunn. Ce morceau est une véritable pause avec tout ce qui a été fait précédemment. C’est un vrai bol d’air avec cette intro en acoustique qui est agréablement bien développée. Ça m’a beaucoup plu parce que c’est le genre de choses qui arrivent rarement. D’autant plus que tout ça n’est pas oublié avec l’arrivée du reste de l’ensemble, sa mélodie à la fois mélancolique et presque dansante est superbement bien exploitée. On a même une mise en avant de chants clairs, que demander de plus ?
C’est justement là que ça se complique. En voyant que c’était le deuxième morceau le plus long de l’album, je me suis demandé s’il serait de ce fait plus structuré. Ce n’est pas vraiment ce qui s’est avéré être. En contraste avec cette première partie acoustique, une partie électrique brutale aux mélodies pauvrement développées a fait son entrée. Soit, pourquoi pas. Mais ce n’est pas tout, la partie acoustique est revenue et je m’attendais donc à finir là-dessus. Sauf que cette partie pénible est elle aussi revenue à son tour et je n’ai pas compris ce choix. J’ai trouvé que ça n’apportait rien de plus à part un autre appauvrissement mélodique qui était…complètement gratuit. Tout ça pour que ça ne dure en fait que très peu de temps malgré une outro en fading qui donne l’impression que ça n’en finit jamais.
Bref, ça m’a clairement laissée sur ma faim.
L’ultime morceau de l’album, Ihmisen Aika ne m’a pas spécialement séduite non plus et l’intro semblable à Suden Tunti n’a pas aidé. Je note cependant quelques points positifs comme des riffs plus heavy et moins complexes ainsi que quelques courts passages acoustiques hérités du morceau précédent qui, avec les claviers et les chœurs, ont formé la mélodie parfaite pour une fin.
L’ensemble de l’album m’a donné l’impression que les morceaux ont clairement été choisis par ordre de préférence, tellement ça correspond à mon classement personnel. Enfin presque. Quoi qu’il arrive, ces deux morceaux sur cinq qui m’ont passablement déçue ne font pas de Jumalten Aika un mauvais album, bien au contraire.
Mäntymetsä.
Tracklist:
1. Jumalten Aika
2. Ruttolehto incl. Päivättömän Päivän Kansa
3. Suden Tunti
4. Mimisbrunn
5. Ihmisen Aika (Kumarrus Pimeyteen)
7.5/10