Doit-on encore présenter Korpiklaani ? La formation de ces joyeux Finlandais prompts à faire danser la gigue à tous les metalleux armés d’une corne à boire comptant parmi les plus populaires du globe, nous vous épargnerons cet affront !
Avec un 9ème disque au compteur, il est temps de voir si « le clan des contrées sauvages » a quelque chose de nouveau à proposer. Ce Noita (sorcière, en finnois) arrive tout de même après 3 ans d’attente, ce qui est assez inédit pour le groupe, nous ayant habitués à une sortie par an ou presque, et mérite d’être souligné. Rappelons également qu’entre temps, Jonne Järvelä, chanteur du combo, nous a gratifiés d’un très bon album solo…
La (sublime !) pochette présente des couleurs crépusculaires, semblant elle aussi présager de la fin d’une ère, on y transporte une sorcière pour ce qu’il semble être son dernier voyage… Fallait-il y voir un quelconque symbole ?
Après ce bref rappel de contexte, la question se pose : « le changement, c’est maintenant ? »
Non, pas vraiment.
Non, car en dépit de cette « pause de 3 ans » rien ne change, on nous apporte ce que Korpiklaani sait faire de mieux : du Korpiklaani, mais en moins réussi car aucun titre ne trouve le chemin pour se graver dans votre tête comme l’avait fait « vodka » en son temps. On aurait pu espérer voir une évolution de leur musique vers des thèmes plus ésotériques au vu du titre, et de l’apparent ton solennel de l’artwork, mais dès la première piste, on constate que le rocambolesque reste de rigueur et que les rythmiques dansantes sont reines. Peut-on vraiment le reprocher ? Nous pensons que les Finlandais sont atteints de ce que nous nommerons « le syndrome AC/DC » : proposer un son bien distinct des autres concurrents, reconnaissable et donc unique, tout en restant bien dans la voie tracée il y a 10 ans. L’éternel dilemme est là pour ces grands groupes, prendre le risque de changer, c’est prendre le risque de décevoir et par là même, ne pas vendre l’album… Mais il faut bien avouer qu’au bout du 9ème essai, c’en est assez, il faut oser, sortir des sentiers battus et arrêter de croiser les doigts en espérant que les fans seront toujours là demain ! Même les rois modernes de cette stratégie que sont Hammerfall avaient tenté le coup avec un Infected controversé mais bel et bien innovant.
Si la recette reste identique sur une grande partie de l’album, il faut tout de même reconnaître que quelques tentatives pour faire illusion ont été disséminées de ci de là avec les très bons morceaux mid tempo que sont Lempo, Minä Näin Vedessä Neidon et Antaja (la piste bonus, qui aurait bien mérité sa place dans la version simple, représentant à notre sens une des meilleures de Noita…), présentant l’avantage de calmer le jeu et poser l’auditeur dans une ambiance plus solennelle, loin du « folk metal musette » habituel, bien présent dans la plupart des morceaux, Sahti l’illustre bien (on nous refait d’ailleurs le coup du nom d’alcool sur cet album puisque c’est une bière traditionnelle de Finlande) .
Noita n’est pas un mauvais album à proprement parler, car si l’objectif de l’auditeur est de s’amuser et faire la fête, il y parviendra sans problème à l’écoute des titres endiablés comme Luontoni, les violons et la voix de Jonne sont toujours efficaces et les morceaux de cet acabit purement taillés pour le live feront surement mouche devant un parterre de fans prêts à en découdre.
De ci de là, vous trouverez quelques bonnes surprises qui laissent penser que des essais de renouvellement sont mis en place comme l’introduction très tribale de Jouni Jouni (dommage que l’on retombe bien vite dans du korpi très classique juste après) ou les riffs heavy old school aux accents de western de Sen Verran Minäkin Noita. Mention spéciale pour les solos de violons, magnifiques, Kylästä Keväinen Kehto et Minä Näin Vedessä Neidon l’illustrent bien. Dommage que ces petits changements n’aillent pas plus loin….
Peut-être cet album est symbole de transition pour le groupe, dérivant lentement mais surement vers un style plus posé et mélancolique (on ressent bien l’influence qu’a eu l’album solo de Jonne sur les morceaux de cette veine cités plus hauts). Annoncerait-il une transition en douceur pour ne pas brusquer les fans d’un éventuel changement d’orientation musicale ? C’est en tout cas notre théorie (allumons un cierge…), nous verrons bien si l’avenir nous donne raison mais Noita laisse néanmoins un arrière-gout amer en bouche, on ressort de son écoute avec cette désagréable sensation qu’il y manque un petit quelque chose… Peut-être est-ce la déception de ne pas avoir vu se réaliser une évolution tant attendue…
Balmung et Fée Verte
13/20
Tracklist :
- Viinamäen Mies
- Pilli on Pajusta Tehty
- Lempo
- Sahti
- Luontoni
- Minä Näin Vedessä Neidon
- Jouni Jouni
- Kylästä Keväinen Kehto
- Ämmänhauta
- Sen Verran Minäkin Noita
Bonustrack
- Antaja
Sortie : 05 mai 2015
Liens :
https://www.facebook.com/korpiklaani