Cela faisait un moment que je n’étais plus allée au Centre Culturel Irlandais pour la Fête de la Musique. C’est pourtant un lieu que j’aime beaucoup, mais j’attendais cependant une affiche suffisamment alléchante pour me persuader d’y retourner. C’est chose faite pour cette édition 2023, qui mettait plus particulièrement l’accent sur la musique folk traditionnelle, ce qui me convenait parfaitement.
J’arrive sur place peu après l’ouverture des portes, et en attendant mes amis, je déguste un cidre disponible à la buvette assurée par les boissons Appie. A 18h30, le premier concert commence, présenté par Nora, la responsable du CCI. Varo prend la forme d’un duo composé de Consuelo Nerea Breschi et de Lucie Azconaga. Les deux demoiselles sont respectivement originaires d’Italie et de France, et ont voulu partager leur passion pour la musique irlandaise. Pour ce concert, elles sont accompagnées d’un certain Connor au bouzouki et au bodhrán.
Pour leur deuxième apparition au CCI, Varo alterne entre des morceaux instrumentaux entraînants et des morceaux chantés, marqués par les très belles harmonies vocales de Consuelo et Lucie. Le trio marque le rythme en tapant du pied. Tandis que Consuelo s’accompagne tantôt du fiddle, tantôt du bodhrán, Lucie jongle non seulement entre deux instruments, l’harmonium et le fiddle, mais également entre deux langues, le français et l’anglais, afin que ses deux acolytes ainsi qu’une partie du public ne soient pas totalement largués lorsqu’elle s’exprime en français.
La demoiselle nous explique d’où vient le nom du groupe : « Varo », c’est le Var en italien, et selon les périodes de l’Histoire, le fleuve se trouvait tantôt en Italie, tantôt en France, et comme le duo est composé d’une Française et d’une Italienne, ce nom permettait d’illustrer cette unification des deux pays.
Varo enrichit son répertoire folk trad d’influences baroques et médiévales. Lors d’un morceau, Lucie tenait son violon comme si elle jouait du ukulélé, tandis que pour le titre final, Consuelo marquait le rythme en poussant de son pied le soufflet de l’harmonium. Sur la fin du set, Lucie lance l’instant promo en indiquant que des CDs, des vinyles et des « supers t-shirts » étaient disponibles sur la table du merch à l’entrée de la cour. Le duo présentait en effet son premier album éponyme paru en 2020, ainsi que ses réarrangements de chansons traditionnelles collectées au sein d’archives, lors de sessions ou auprès d’autres chanteurs et musiciens.
SETLIST : New Jigs / Sovay / Ye Jacobites By Name / Na Cannabhan / Streets of Forbes / Princess Royal + Reel / Baroque Jigs / The Doffing Mistress / March/Reel
Place à Clare Sands qui se produisait en solo en ce début de soirée. La musicienne entre en scène, vêtue d’une robe bleue, en clamant « Allez les Bleus ! ». Même si on n’aime pas le foot, le clin d’œil était sympathique. La chanteuse irlandaise entame le set a cappella, puis s’accompagne par la suite tantôt de son violon, tantôt de sa guitare acoustique. Des enregistrements électroniques diffusés sur un ordinateur permettent de créer une certaine atmosphère. Les bijoux en bois et les clochettes accrochés aux chevilles de Clare servent de percussions.
Clare délivre une musique trad world variée, teintée de touches blues et country. Les textes sont chantés tantôt en anglais, tantôt en gaélique irlandais. La demoiselle a su instaurer une super ambiance et n’hésitait pas à solliciter le public afin qu’il reprenne des paroles en chœur et qu’il sautille sur place. La chanteuse a même tendu le micro vers moi et un ami ! Le concert a pris fin sur une reprise très énergique de « Piece of My Heart » initialement interprété par Janis Joplin.
SETLIST : The Blessing / Pure Afghan / Sail On / Abair Liom Do Rúin / Keep The Flame Burning / Iontach Bheith Beo / Take Another Little Piece of My Heart
La tête d’affiche de la soirée est assurée par The Mary Wallopers, un septet endiablé formé par les frères Charles et Andrew Hendy et leur ami Sean McKenna en 2020, et originaire du comté de Louth, non loin de la frontière avec l’Irlande du Nord. Officiant dans le punk folk, le groupe se présente comme le digne héritier de formations emblématiques du genre telles que The Pogues et The Dubliners.
Armés de leur bonne humeur contagieuse et décalée, les musiciens ont mis une ambiance de folie grâce à leurs morceaux entraînants où s’associaient guitares acoustiques, bodhrán, banjo, whistles, accordéon, uilleann pipes, basse et batterie. C’était tellement festif que je n’ai pas pu m’empêcher de danser avec un ami, ça me démangeait même de faire des pogos, mais je me suis abstenue, de peur d’en choquer plus d’un. Et quand on est punk, on l’est jusqu’au bout, un des musiciens a cassé une corde de sa guitare et a dû faire une pause le temps de la remplacer. Pendant que certains membres du groupe chantaient et jouaient en solo, l’un d’eux, totalement décontracté, fumait sa cigarette en attendant son tour. Pour le dernier morceau, Clare Sands a rejoint le reste du groupe qu’elle a accompagné au violon.
Un grand merci à toute l’équipe du CCI pour cette soirée mémorable marquée par trois excellentes découvertes, au plaisir de revenir une fois prochaine !