[LIVE REPORT] HELLFEST 2023

Un soir, je rentre du travail et jette un oeil sur les nouvelles à propos d’un petit festival de metal ayant fait parler de lui l’année dernière pour sa double programmation. Les organisateurs semblaient assurer qu’en 2023 ils s’en tiendraient aux 3 jours traditionnels, résolution vite contredite par l’ajout d’une quatrième journée pour notre plus grande satisfaction (cet ajout d’une demi journée le Jeudi étant d’ores et déjà reconduit pour 2024). Les annonces tombent : plus de la moitié des groupes de l’affiche feront leur premier passage en terre clissonnaise, on applaudit cet effort de renouvellement dans la programmation, alors que le sujet sur la relève imminente des grands anciens continue d’agrémenter les discussions.

Mardi 13 Juin arrive enfin, je prends le temps d’aller voir jouer quelques copains et découvrir quelques groupes durant le Hellfest Off organisé par le devenu célèbre Leclerc de Clisson, histoire de patienter agréablement jusqu’à l’ouverture des poses de bracelets le lendemain à 16H. A l’instar de l’année précédente, celle-ci sera avancée à 14H pour éviter que les festivaliers ne cuisent trop longtemps sous un soleil aussi dur que celui de 2022. Le droit de passage obtenu, direction le camping en traversant Hellcity Square et Metal Corner, qui ne subiront aucun nouvel agencement cette fois-ci. Les surprises majeures se feront sur le site !


Le Jeudi, c’est à partir de 16H30 que les enceintes résonneront devant les scènes, mais je ne m’y rend pas avant Nightfall qui lancera mon programme sous la Altar ! Grand amateur des grecques, je suis râvi de les retrouver ici en grande forme pour la première fois, avant d’aller observer un show plus conventionnel avec In Flames sur la Mainstage 2. Les suédois nous font le plaisir de se montrer bien plus nerveux que sur leurs derniers opus, balançant du hit à l’ancienne sans s’économiser, Fridén ne lésinant pas sur le growl pour satisfaire les plus vieux fans ! Aujourd’hui je vais m’arrêter avec Candlemass à la Altar, égaux à eux-mêmes tant au niveau d’une setlist nostalgique que du plaisir qu’ils montrent à jouer ensemble dans cette formation. Petite journée de mise en jambe avant le plat de résistance (Kiss ? connais pas).

Pour moi, les choses sérieuses commencent ce Vendredi ! Et avant même d’aller voir le moindre concert, j’admire de l’extérieur les impressionnantes colonnes greco-romaines du Sanctuaire, gigantesque bâtiment regroupant tout le merch officiel du fest ! La queue est déjà interminable et ne désamplit pas de la journée, on ne peut pas dire que ce nouvel agencement soit au profit de l’attente pour un Tshirt Hellfest… En revanche, l’objectif premier de désengorger l’allée centrale entre les bars (plus nombreux) semble avoir été atteint, c’est déjà ça ! Je commence avec British Lion pour aller faire coucou à S.Harris avant demain, mais ce n’est pas leur rock planplan et encore moins leur frontman exempt de tout charisme qui me feront rester. Akiavel ne me satisfera pas plus sous la Temple, principalement à cause d’une balance qui demande encore quelques ajustements sur cette scène. Ce n’est pas le cas du all stars band Elegant Weapons qui bénéficiera du talent incroyable de la paire Romero/Faulkner pour mettre en valeur un heavy hard assez classique. Sous la Temple, je vais me rafraichir un peu la tête et l’esprit avec le post black de Der Weg Einer Freiheit (avec un bon son cette fois) avant de retourner frire sur la Mainstage 1 devant Skid Row. Eux aussi se retrouvent boostés par l’arrivée du jeune E.Grönwall, dont l’énergie et le timbre puissant collent parfaitement au style des hardos. Retour au black avec Vreid pour un set assez groovy et très plaisant, avant un retour à l’extérieur afin d’aller constater que M.Kennedy est toujours plus à l’aise dans ses vocalises que dans son jeu de scène chez Alterbridge. Longue pause déjeuner, et il est temps d’aller bastonner sur Bloodbath sous la Altar, dégageant le même fun que Candlemass tantôt, puis seulement quelques minutes devant Venom Inc pour constater qu’il ne s’agit guère plus que d’un Motörhead plat et grésillant… Le dessert de ce soir sera Mötley Crüe ! Les limites de V.Neil n’étant plus un mystère, le crue s’est doté d’une paire de danseuse-choristes pour compenser ses fausses notes (ainsi que d’une bande sonore faisant la moitié de son travail). En guise de guest de luxe, John 5 les accompagne également en lieu et place d’un N.Mars dont la santé ne permet malheureusement plus de suivre ses camarades en tournée. Les hits se succèdent, Machine Gun Kelly vient faire un petit caméo, et deux poupées gonflables géantes plus tard on termine la journée dans la bonne humeur après un show que je qualifierais de très satisfaisant (je sais que ça n’a pas été l’avis de tout le monde).

Chaque année, c’est la journée du Samedi qui voit son record d’affluence exploser, et c’est aussi ma journée la plus chargée niveau programmation. Dès 10H30, j’enchaine les sets de 30min : les râles de Nature Morte (pas mon truc), le death percutant de Pestifer, le thrash ethnique très rentre-dedans de Bloodywood, le heavy old school imparable d’Enforcer, et la douceur de Kalandra pour reposer le tout. En tout cas, jusqu’à ce que Fever 333 vienne retourner la Mainstage 2 avec un show des plus furieux ! Pas du tout fan de leur hardcore crossover, je suis tout de même resté scotché sur l’attitude incroyable du brailleur : et que je te fait rouler la batterie jusqu’au devant de la scène en plein morceau, et que je tente des saltos, et que je gobe le mic en faisant des tractions avec les retours, et que je travers la fosse pour finir tout en haut de la tour régie avant de lâcher le mic dans le vide, etc. Je ne retiendrai pas grand chose de la musique ni du discours engagé pour une meilleure représentation de leur ethnie dans le rock/metal, mais je ne suis pas près d’oublier la mise en scène ! Il me faudra bien jusqu’à Myrath sous la Temple (?!), ses jongleurs de feu et sa danseuse orientale pour m’en remettre, et je profiterai encore mieux du set minimaliste de Porcupine Tree misant davantage sur sa musique que sur son show pour nous tenir en haleine et apaiser mon esprit. Avant le clou de la soirée, on peut compter sur les allemands de Powerwolf pour mettre le paquet, A.Dorn mettant un point d’honneur à ne parler qu’en français (interprêtant même « Bête du Gevaudan » dans la langue de Molière) tout en restant impérial dans sa prestation ! Classique mais toujours aussi succulent !
Mesdames et messieurs, c’est l’heure d’Iron Maiden pour leur seule date française dédiée à la tournée « futur past », surtout destinée il faut l’avouer aux anciens fans des britanniques. La setlist proposant pas mal de titres oubliés depuis lontemps, certains comme « Alexander The Great » n’ayant même pas été inclus dans la tournée promo de leurs propres albums, les musiciens semblent plus concentrés que d’habitude sur leur exécution. Ca se ressent surtout chez Harris et Dickinson qui courent un peu moins dans tous les sens que de coutume, tout en restant un cran au dessus de leurs pairs tout de même, mais c’est McBrain qui semble galérer le plus à suivre le mouvement n’évitant pas quelques ralentissements et oublis de frappe. Niveau matériel, j’ai particulièrement apprécié ce duel opposant Bruce doté d’un canon rotatif à un Eddie version « Somewhere in Time » qui ne manque pas de répliquer ! J’avoue avoir préféré le show donné en 2018 à l’occasion du « Legacy of the Beast Tour », mais je ne boude jamais mon plaisir d’apprécier un groupe de cette génération parvenant encore à dégager autant d’énergie sur scène après tant d’années ! Après ça, Within Temptation me parait bien conventionnel bien que Sharon reste une excellente frontwoman. Pour le digestif electro proposé par Carpenter Brut, il me confirme que le son n’apporte absolument rien à l’écoute d’un album chez soi, mais le défilé des guests apparaissant sur leur dernier EP (dont Gunship que j’adore pour ouvrir le bal !) et un jeu de lumière incroyable en mode boite de nuit réussit à séduire les couche-tard.

Le dimanche est toujours pour moi la journée de la détente, durant laquelle je traine un peu avant de me lancer dans la bagarre. Et là, la pluie m’a poussé à rester au camping terminer les dernières bières avec mes voisins de tente jusqu’à 16H. C’est en douceur que je me remet dans le bain avec She Past Away et son gothsynth dansant, avant que la fureur de Holy Moses me rappelle qu’on est dans un fest metal. Bravo à leur figure de proue S.Classen pour son énergie malgré les 60 ans qu’elle aura à Noël cette année, remarquable ! L’ennui provoqué par un Amon Amarth invariable me précipite à nouveau sous la Altar, pour que Benediction en remette une couche avec son death ultra efficace. En ce qui me concerne, je décerne la palme de la meilleure sonorosation à la régie Altar pour son travail de cette année ! Le set de Dance With The Dead (écourté d’un quart d’heure pour une raison inconnue) est l’occasion pour moi d’aller constater le deuxième gros changement géographique de cette édition : le déplacement de la Valley délogée par le Sanctuaire face à la Warzone, créant ainsi un nouvel espace de détente pour les festivaliers : doublement de la surface de restauration, plus de bars, plus de tables, et même une petite animation en forme de roue macabre à faire tourner en tirant sur une corde ! En revanche, les amateurs de stoner et de doom regrettent peut-être que leur scène se retrouve en extérieur, surtout sous un soleil de plomb. Mais c’est sur les Mainstages que le clou de la soirée sera enfoncé en deux temps, Pantera annonçant son retour dans le respect le plus total de son héritage. Jamais on ne doute de la sincérité de l’hommage rendu au frère Abbott durant l’heure et demi de leur prestation, Z.Wylde parvenant même à ne pas trop tirer la couverture à lui dans sa splendide veste à l’éffigie de son regretté ami, tandis que P.Anselmo nous gratifie de vocalises bien énervées enfin libérées de son ébriété habituelle (il délaissera toutefois « Cementary Gates », n’étant plus capable de la chanter aujourd’hui). L’annonce du line up m’avait donné de l’espoir, ce live m’a totalement convaincu ! Et pour mettre fin aux hostilités, Slipknot me fera lui aussi le plaisir de délivrer un set moins déprimant que celui de 2015 [j’avais fait l’impasse sur leur show au Knotfest en 2019] malgré l’absence exceptionnelle de leur clown emblématique. Une setlist brassant toute leur discographie, des musiciens dynamiques tous bien mis en avant (le nouveau batteur ridiculise un Jordison bien trop prétentieux), une bonne humeur communicative dont C.Taylor se montre le parfait porte-parole en plus d’être vocalement impérial ce soir. On ne pouvait finir sur une note plus optimiste que celle-là !

Après la disette provoquée par la pandémie virale que vous connaissez, on était bien content de prendre une double dose de Hellfest, surtout avec un Metallica à la clé. Mais sincèrement, je pense que le format actuel du festival est le plus agréable à vivre, permettant à tout le monde d’adapter son rythme à la programmation : une première journée laissant le temps de poser le paquetage, monter la tente et visiter les installations tranquillement, suivie par trois jours toujours aussi riches en grands groupes, en belles découvertes mais aussi en déceptions ponctuelles. Je préviens de suite : je ne rentrerai pas dans quelque débat financier que ce soit, pas plus que dans une énième discussion stérile sur les goûts et les couleurs de chacun. Il est indéniable que pour avoir la chance de voir certains noms sur l’affiche et de jouir d’un certain confort en tant que public, il faut faire des sacrifices dans divers secteurs, libre aux gens de continuer à soutenir le projet ou non.

En ce qui me concerne, rendez-vous le Jeudi 27 Juin 2024 !

Un grand merci à Yroenn pour ce guest report !

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