L’expression latine « Aere Perennius Exegi Monumentum » (signifiant « J’ai érigé un monument plus durable que l’airain ») colle parfaitement à « The Immortal Wars », le troisième album du groupe canadien Ex Deo.
Mais qui sont-ils et pourquoi cet album a été très attendu ? C’est ce que nous allons découvrir maintenant.
Ex Deo est un groupe de death symphonique canadien originaire de Montréal. Il est formé par Maurizio Iacono en 2008 comme projet parallèle de son autre groupe Kataklysm, dont le but est de fouiller ses origines (Maurizio est d’origine italienne) et de raconter ce qui se faisait du temps de l’époque romaine, quels étaient les histoires, les mythologies, tout ça tout ça.
Après un premier album « Romulus » en 2009, le groupe sort en 2012 le très remarqué « Caligvla » (orthographié selon l’écriture romaine) qui les fait réellement connaître. Ils réaliseront même une tournée commune avec Alestorm et Lagerstein en 2013 (dont j’ai pu avoir la chance d’y assister à Strasbourg haha…xD).
Le groupe fait une pause à partir de février 2014 et ce « pour une durée indéterminée ». C’est en septembre 2015 que Maurizio relance la machine pour que le groupe puisse se concentrer sur leur troisième album. Justement, le voici : il s’intitule « The Immortal Wars » et est sorti vendredi dernier le 24 février.
L’album :
Après un « passage dans le désert » (dans le sens où le groupe a cessé toute activité pendant un an et demie), nous comprenons pourquoi l’album était attendu. Nous pouvons dire qu’Ex Deo a maîtrisé sa campagne de communication, que ce soit pour dévoiler des extraits de l’album, la setlist, l’artwork (notons d’ailleurs le travail remarquable d’Eliran Kantor (Fleshgod Apocalypse, Iced Earth, Kataklysm…) qu’on peut aisément comparer à une vraie œuvre d’art de peinture) etc. Alors, fini tout ce blabla, qu’est-ce que ça nous dit ?
Pour la première fois, Ex Deo livre ici un album-concept basé sur les guerres puniques ayant opposé Rome et Carthage. Tout commence avec le titre évocateur « The Rise of Hannibal » (qui fait référence bien sûr au célèbre général Hannibal Barca) sur une intro aux cuivres et à la voix féminine, nous plongeant directement dans l’ambiance, avant que la guitare saturée prenne le relai (qui peut d’ailleurs nous rappeler un peu le début de « Romulus »). Rien que le fait de nous faire déjà « headbanguer » prouve que l’entrée en matière est réussie. L’idée est claire : il n’y a que 8 titres et il ne faut pas perdre de temps.
Il semblerait que le message ait été compris, puisque « Hispania (Siege of Saguntum) » montre déjà un premier élément positif : les riffs. Ceux-ci sont une des forces de l’album (« The Spoils of War », « Ad Victoriam (The Battle of Zama »…), conférant un sentiment épique et une soudaine envie de prendre son glaive et « tout déchirer ». Pour accentuer encore plus ce sentiment, le groupe a fait appel à Clemens Wijers (alias Ardek), claviériste et orchestrateur de Carach Angren, pour assurer l’orchestration et les arrangements symphoniques. Ce sont ces derniers qui sont à nouveau une grande force de l’album, et qui relèvent même encore plus le niveau de l’opus précédent « Caligvla ». Ainsi, tous les styles d’orchestration passent : le style « épique/guerrier » mettant en avant les percussions et d’autres instruments d’orchestres (cuivres, cordes…) pour nous mettre dans la bataille (« Cato Major : Carthago Delenda Est »), le style « calme/réfléchi » dans le sens où l’arrangement offre un petit moment de douceur. C’est surtout le cas pour « The Roman » avec son intro au piano et au violon (et ses quelques parties) qui reste un des moments les plus surprenants de l’album.
Les parties uniquement instrumentales n’ont pas été oubliées (tel que le veut la « tradition Ex Deo »), avec « Suavataurilia (Intermezzo) ». Le morceau fait référence au rite du suovetaurile qui consistait à égorger 3 animaux mâles (un porc (sus), un mouton (ovis) et un taureau (taurus)) pour purifier la terre et bénir Mars, le dieu de…la guerre. Mis à part les arrangements symphoniques, c’est ici qu’on peut dénoter une autre caractéristique de l’album : celle de la voix parlée. Ainsi, on a l’impression que le général Maurizio s’adresse directement à nous pour nous inciter à nous battre comme de vrais légionnaires. Cet élément était déjà présent dans les précédents albums, mais pas autant qu’ici. Enfin, pour rajouter une petite touche cinématographique, le groupe n’a pas hésité à reprendre le principe des bruitages. C’est surtout audible à la fin de « Hispania (Siege of Saguntum) » avec les bruits de pas militaires accompagnés par les barrissements d’éléphants. De quoi offrir une belle transition à « Crossing of the Alps », qui raconte le célèbre épisode de la traversée des Alpes qu’a effectué Hannibal et ses hommes…et bien sûr ses éléphants, ce qui constitue un cas unique dans l’histoire de l’Antiquité.
En conclusion, que retenir ? Nous pouvons clairement affirmé une chose : le retour est (plus que) gagnant. Ex Deo signe ici son meilleur opus à ce jour (et son plus ambitieux) qui restera longtemps gravé dans les mémoires. Maurizio a toujours affirmé que Kataklysm était le groupe principal, et Ex Deo seulement « artistique ». Le rapport de force semble s’inverser. Ainsi soit-il : Alea Jacta Est.
Note : 10/10
Tracklist :
- The Rise of Hannibal
- Hispania (Siege of Saguntum)
- Crossing of the Alps
- Suavetaurilia (Intermezzo)
- Cata Major : Carthago delenda Est !
- Ad Victoriam (The Battle of Zama)
- The Spoils of War
- The Roman
Extrait de l’album :
C’est vrai que cet album est un pur chef d’oeuvre, et il m’accompagne en ce moment même lorsque je lis Inferno de Dan Brown 🙂