Evergrey / BRHG / Genus Ordonis Dei

En cette première journée du mois d’avril, les Suédois d’Evergrey étaient de passage dans la capitale dans le cadre du The Atlantic Europe, tournée censée promouvoir leur nouvel album The Atlantic, paru le 25 janvier dernier chez AFM records.

Etant un grand fan du groupe, il était bien évidemment hors de question pour moi de faire l’impasse sur cette date, d’autant plus que le concert de l’an dernier à la Boule Noire avait été d’une maîtrise et d’une qualité assez exceptionnelle. C’est donc d’un pas enjoué que je me dirigeais tranquillement vers le Gibus, en cette belle fin de journée ensoleillée.

Arrivé environ une heure avant l’ouverture des portes, la foule arrivait progressivement devant la petite salle du faubourg du Temple et une fois n’est pas coutume, c’est sur les coups de 18h50 que les portes s’ouvrirent afin de nous laisser rentrer, ce qui, il faut le dire, n’est pas commun, surtout à Paris !

Après un petit tour de rigueur au merch, qui proposait d’ailleurs la plupart des albums du groupe en cd et en vinyle ( j’ai craqué, je l’avoue, pour la magnifique version de The Inner Circle), je partis me placer à mon endroit de prédilection au Gibus, c’est à dire sur la mini estrade du fond de la salle, un emplacement parfait si comme moi on apprécie de voir un concert en ayant une vision d’ensemble sur toute la scène et surtout en ayant de l’espace autour de soi sans se sentir compressé par la foule. Foule qui se faisait d’ailleurs assez nombreuse ce soir et ce, dès les groupes d’ouverture, ce qui, encore une fois, est assez inédit lors d’un concert au Gibus pour être souligné.

Genus Ordonis Dei

Une petite demi-heure après notre entrée dans la salle, Genus Ordonis Dei monte sur les planches du Gibus afin de démarrer les hostilités. J’avoue n’avoir jamais entendu parler du groupe jusqu’à ce soir, c’est donc en totale neutralité que j’assiste à leur set. Sur le papier composé d’un chanteur guitariste, d’un deuxième guitariste, d’un bassiste et d’un batteur, le groupe propose une sorte de Death Metal Mélodique très moderne ponctué d’orchestrations symphoniques samplées, comme il s’en fait beaucoup ces temps-ci.

Si à la base ce style de Death Mélo Moderne aux riffs saccadés n’est vraiment pas ma tasse de thé en studio, la demi-heure que dure leur set passe tout seul et je dois reconnaître avoir passé un moment plutôt agréable et ce, en grande partie grâce à l’enthousiasme et à l’énergie déployée par le groupe, qui semble vraiment ravi d’être là, en particulier le chanteur, qui n’a de cesse d’interagir avec l’audience.

Les Italiens se permettent même une petite fantaisie en nous interprétant une reprise du “Hail and Kill “ de Manowar, autant dire que je n’ai pas boudé mon plaisir, surtout que la reprise différait assez de l’originale, à tel point que je ne l’ai pas reconnue tout de suite. Le groupe nous quitte donc après une demi-heure de jeu, pour laisser la place au deuxième groupe de la soirée.

Bloodred Hourglass

Après une pause musicale d’environ une demi-heure, c’est donc au tour des cinq membres de  BRHG ou Bloodred Hourglass, d’investir la scène, ces derniers étant accueillis de manière triomphale par une partie du public, ce qui n’est pas surprenant au vu des nombreux t-shirts que j’ai pu apercevoir dans la foule. Pour ma part, j’étais assez curieux de voir ce que pouvait donner leur Death Mélodique, car contrairement à leurs compatriotes Insomnium qui axent principalement leur musique sur le côté émotif et mélancolique, BRHG optent quant à eux pour une approche beaucoup plus agressive, moderne et directe, à l’image d’un Soilwork ou d’un In Flames, avec des refrains où growl et chant clair se mêlent, chant clair assuré par le guitariste rythmique (également membre de Wolfheart).

Un peu à l’image du groupe précédent, les morceaux joués ce soir possèdent une structure quasi similaire entre eux, pourtant le côté très efficace de certains riffs et de certaines mélodies, ainsi que l’agressivité des derniers morceaux, notamment “Times We Had”, “The Last of Us” ou encore “When The Sinners Crawl” me font passer un très bon moment, même si le côté redondant ne me permettrait pas d’écouter ça chez moi. Au bout de 7 morceaux, le groupe, qui jouait pour la première fois en France, se retire sous les applaudissements du public.

Setlist: Quiet Complaint / Six Feet Saviour / Valkyrie / We Form the Broken / Times We Had / The Last of Us / When the Sinners Crawl

Evergrey

Alors que la « scénographie » ( deux tentures à l’effigie du dernier album hein) commençait à prendre forme, l’impatience commença à grandir en moi. En effet, j’étais très enthousiaste à l’idée de découvrir les titres de The Atlantic en live, et surtout de revoir la bande de Tom S Englund, qui lors de son dernier passage à la Boule Noire, avait réussi à me faire ressentir toute l’émotion et la mélancolie de sa musique, ce qui, je trouve, fait d’Evergrey un groupe unique et particulier dans la sphère Heavy/Power/Prog. Ayant débuté comme un groupe de Heavy mélodique à tendance gothique, le groupe évoluera par la suite sur Recreation Day et The Inner Circle vers des contrées plus progressives avant d’adopter un style plus moderne et accessible sur les derniers albums, mais tout en gardant son identité.

Une identité dont l’un des éléments clés demeure incontestablement la voix de son leader et chanteur, Tom S Englund, une voix puissante et habitée, remplie de spleen et d’émotion que l’on retrouve chez peu d’artistes évoluant dans un registre similaire. A la vue du descriptif que je viens de faire, autant tuer le suspens tout de suite : le groupe a su livrer une prestation de haute volée, poignante et riche en émotions.

Les membres du groupe entrent un à un sur scène, Tom S Englund, avec son imposante carrure prend place en dernier, alors que des samples de sonar retentissent, avant que le premier morceau de The Atlantic,  » A Silent Arc », ne vienne nous annoncer le début du set. Déjà, dès le premier morceau, on est happé dans l’univers du groupe, avec cette rythmique écrasante et saccadée, mais pourtant tellement efficace, et ses solos très travaillés sans jamais tomber dans une quelconque démonstration technique et surtout, cette voix si caractéristique qui nous transmet toute la mélancolie et la détresse que peut ressentir l’homme lorsqu’il est seul face à ses propres démons… (ok j’arrête). « Weightless » s’enchaîne ensuite, avec son groove implacable et son refrain entêtant repris en chœur par toute l’assistance (« it’s oveeer and ooveer my friieeennd « ).

Tout au long de ces 1h30 de set, le groupe privilégiera plutôt des morceaux issus de ses derniers albums, avec 3 chansons de The Atlantic, dont le sublime « All I Have », très planant avec là aussi un refrain fédérateur (comme la plupart des chansons du groupe en fait), 3 chansons de The Storm Within, ainsi que 4 de Hymns For The Broken , notamment les très beaux « The Grand Collapse » et « Black Undertow », (« feeeevveer unfooollld, feeels liikke a black undertoowww » ), dont les mélodies aux claviers renforcent l’appréciation selon laquelle Evergrey est un groupe assez différent des autres groupes de metal prog. En effet, les claviers sonnent tantôt orchestraux et grandioses, tantôt electro et minimalistes, mais pour un résultat toujours au service de l’atmosphère que veut nous communiquer le quintet.

Si le groupe nous dévoile des morceaux à fleur de peau, comme « Black Undertow » ou encore « Passing Through », il ne délaisse pas pour autant sa puissance et son agressivité, avec les morceaux « The Fire » et « My Allied Ocean », qui nous montrent toute l’énergie déployée par le combo ce soir, qui n’hésite pas à communiquer avec la foule à coups de « yeeeeeah » et autres mots en français (« ouiiiiiii », « ça va bien ? »), preuve que le groupe prend beaucoup de plaisir à jouer pour nous ce soir.

Pour autant, les Suédois piochent aussi dans leur répertoire plus ancien, puisque des morceaux comme « Recreation Day » tirés de la période plus progressive du groupe, sont également joués, avant que Rikard Zander et Henrik Danhage ne nous gratifient d’un solo de clavier et de guitare, afin d’introduire « A Touch of Blessing », morceau poignant par excellence, dont les paroles dénoncent l’intégrisme religieux et ses dérives. Un morceau qui contient, une fois de plus, un refrain terriblement addictif ( » All the dreams I haaad, all my future wisheees, put aside foor a greater journeeeyy »).

Evergrey conclut son set avec le classique « Kings of Errors », avant de nous laisser complètement subjugués par cette soirée, où notre nuque, notre corps, mais surtout notre cœur et nos émotions furent mis à nue, on n’avait plus que nos oreilles pour écouter, et nos yeux pour pleurer de joie. Environ un quart d’heure après la fin du show, les membres du groupe prennent le temps d’échanger avec nous, de prendre des photos et de signer cds, vinyles et autres goodies en tout genre. Et si ceux qui me connaissent savent que je fais rarement cela, je n’ai pas pu m’empêcher d’aller faire signer, tel un gamin ayant ses cadeaux à Yule, mes albums à l’ensemble du groupe. En bref, une excellente soirée avec deux premiers groupes très sympathiques et un Evergrey de grande classe qui nous aura tous subjugués par sa maîtrise, son talent et sa capacité à nous toucher émotionnellement. Vivement la prochaine fois !

Setlist: A Silent Arc / Weightless / Distance / Passing Through / The Fire / Leave it Behind Us / Black Undertow / My Allied Ocean / All I Have / The Grand Collapse / Recreation Day / Keyboard/Guitar solo / A Touch of Blessing / King of Errors

Varulven

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