Emian – Aquaterra

Emian - AquaterraEt si on allait au soleil ? Summer is coming donc point d’atmosphère froide et tranchante, ce coup-ci allons, ensemble, s’allonger quelques temps dans l’herbe recueillir les chauds rayons du soleil au son du tout premier album d’Emian, jeune formation de Pagan Folk italienne, évidente descendance d’Omnia.

Commençons, avant d’attaquer la musique, avec le point négatif de ce premier opus, c’est du déjà-vu. Non pas que ça entache la qualité de l’album en lui-même, mais après quelques écoutes, il est difficile de se faire une idée précise de la personnalité du groupe. Ils nous présentent une galette de huit titres dont sept sont des musiques traditionnelles toutes déjà usitées dans le genre. Que ce soit « Butterfly » morceau de trad irlandais qu’on ne présente plus, « Mother’s Breath » (un mix de « Richard Parker’s Fancy » et « Eddy Kelly Jig ») et « Dulaman » qui ont été pas mal popularisés par Omnia, ou encore « Haughs Of Cromdale » autre morceau d’’Irish trad dont les formations du style de Lunasa sont friands, on atteint la fin de l’album en étant satisfait mais pas enchanté. Qu’on soit clair, ces morceaux ont traversé les âges et sont restitués par nombre de formations qui contribuent à leurs tours à les faire perdurer dans le temps tout en les faisant évoluer au gré des époques. C’est un acte louable qu’il faut entretenir ! Mais pour un premier album je pense judicieux de marquer sa personnalité par une majorité de compositions originales, histoire de cerner le groupe ce qui mènera à mieux appréhender leurs adaptations.

Mais ! Et il en faut bien un, car à travers « Aquaterra » Emian sait faire voyager ses auditeurs. L’album s’ouvre aux sons des remous de la mer et « A Sailor’s Tale » débute vraiment à l’arrivée de la harpe diffusant ses sonorités envoutantes en une mélodie mélancolique rejoint par un violon tout aussi épris de sentiments larmoyants. Après une intro qui prend le temps d’installer l’atmosphère, une voix masculine entre en scène et nous conte la triste histoire d’un marin sur un timbre chaleureux où pointe toujours cette mélancolie lancinante. Le chant féminin rejoint la voix masculine au refrain pour appuyer encore plus cette atmosphère de triste plénitude, mais détrompez-vous on ne tombe pour autant pas dans la lourdeur et même quand la flûte vient rehausser le ton, la musique garde une justesse déconcertante. Voilà le travail d’Emian. Au-delà de leur manque de composition, ils savent instaurer une atmosphère juste et respectueuse des chansons traditionnelles. Ce qui est tout à fait louable pour un premier album je vous le rappelle ! Le deuxième titre « The Last King’s March » bénéficie aussi d’une intro à la harpe mais avec cette fois ci un ton plus enjoué qui n’est pas déplaisant ! Une fois l’intro finie, la corne de brume retentit, le martèlement du bodhran se fait ressentir, le bouzouki entre en scène et la harpe repart de plus belle suivant une rythmique plus marquée mais n’incitant pourtant pas à la dance effrénée, seulement un dodelinement de tête agrémenté de quelques rotations de buste, le tout avec le sourire ! On ne sera d’ailleurs jamais amené à se bouger l’train sur un rythme effréné, cet album est plus axé sur une atmosphère reposante qui nous abandonne à la rêverie adossé à un arbre. D’un « Dulaman » sauvage à souhait se présentant dans le plus simple appareil, voix percussion, à « Mother’s Breath » qui agrémente le pack harpe-violon-flûte d’une basse ajoutant de la rondeur à cette mélodie bien connue, l’album se finit avec « Echu Eo Ar Mare » la seule composition originale du trio qui se révèle entrainante (toujours sur une base violon-harpe-bodhran) mais un poil fade en comparaison au reste.

Finalement, Emian m’avait laissé songeur à la première écoute mais a su se révéler plus profond que ce qu’il n’y parait. Une fois la surprise de n’entendre quasiment que des mélodies plus ou moins connues, de par leurs caractères traditionnels, passée, on se laisse facilement envahir d’un sentiment d’agréable plénitude. Malheureusement on ne garde que très peu de trace de l’esprit d’Emian. Mais une chose est sure, leur musique est sincère et les artistes sont talentueux, il ne leur reste plus qu’à marquer un album de leur propre personnalité !

 

Grymauch

NOTE : 6,5/10

Tracklist :

01. A Sailor’s Tale
02. The Last King’s March
03. Haughs Of Cromdale
04. Butterfly
05. Mother’s Breath
06. Dulaman
07. Dance In Circle
08. Echu Eo Ar Mare

Sortie : Mars  2014

Lien du groupe : Facebook, Site Officiel.

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