Hier soir se tenait un événement qui relèverait presque de la science-fiction au vu du contexte actuel : Ellende et Arctic Sea Survivors donnaient un concert en streaming en direct de la MJC Explosiv de Graz en Autriche… devant un public de quatre-vingts personnes ! Bien entendu, afin que le concert puisse se dérouler en toute sécurité, plusieurs règles ont été fixées (port du masque obligatoire, désinfection des mains, distance de sécurité…). A défaut de pouvoir faire le déplacement, les personnes restées recluses chez elles pouvaient donc suivre le concert en ligne. Ce fut mon cas, et pour une fois, j’ai pu visionner le concert sur la grande télévision de mon salon, parfait !
La diffusion du concert débutait à 20h30, et avant de découvrir Arctic Sea Survivors, les deux organisateurs de la soirée prennent la parole. Cinq minutes plus tard, le premier groupe entre en scène. Comme Mossadeq et Ellende, Arctic Sea Survivors est originaire de Graz et est signé chez l’ancien label de ces derniers, Talheim Records. Le groupe prend la forme d’un quartet, dont chaque membre est masqué et est identifié par un chiffre romain : les deux guitaristes se font appeler « Survivors I et IV », le batteur « Survivor III » et le bassiste « Survivor II ». Je ne connaissais absolument pas le groupe, et bien souvent, afin que je puisse en apprécier un, l’élément décisif, c’est la voix. Comme vous avez pu le constater avec le line-up, de ce côté-là, j’étais tranquille, car la particularité d’Arctic Sea Survivors est d’interpréter des morceaux totalement instrumentaux. Les rares voix parlées prenaient la forme de samples, et pas une parole n’a été prononcée de tout le set de la part du groupe. Le quartet officie dans un doom/post-metal agrémenté de touches sludge. Les titres sont plutôt longs (de quatre à onze minutes), et les passages mélancoliques et planants s’alternent avec des passages plus lourds et menaçants. Le titre d’ouverture, « Sima de los Huesos », est issu du premier EP éponyme, tandis que les trois autres morceaux sont extraits du Live at Wiper Room 2019. Le set prend fin au bout de quarante minutes qui seront passées bien vite pour ma part, ce fut une très bonne découverte !
SETLIST : Sima de los Huesos / The Place That Never Thaws / The Fires of Archangelsk / Enter The Realm Of Pana
Les deux organisateurs reviennent ensuite sur scène, mais suite à un souci technique, il n’y avait pas de son. Lors du changement de plateau, un « Intermezzo Show » de Mossadeq a été diffusé, uniquement pour le livestream. Pour résumer, cet intermède consistait en un court-métrage glauque de quinze minutes divisé en quatre parties, avec la musique du groupe en fond. Mossadeq est signé chez Grazil Records, et à l’image du court-métrage, le groupe propose une musique expérimentale alliant Hard Rock, Punk/Hardcore, Doom et Sludge. Si je devais vous résumer en trois mots la première partie de la vidéo, je dirais « Mouches / SM / Lavage de mains » (on croirait un titre de vidéo « What the Cut »). Pour les adeptes, on retrouve des éléments qui pourraient faire penser à des films d’horreur underground, comme The Gateway Meat et Slow Torture Puke Chamber (troisième volume de Vomit Gore), mais dans une version ultra-édulcorée. Pour la partie illustrant le morceau « Quarantine Love Song », le masque porté pourrait évoquer American Nightmare 3. La combinaison du son et des images crée ainsi une œuvre à part entière et distille une atmosphère malsaine qui sied particulièrement au style.
Je n’ai pas eu l’occasion de revoir Ellende depuis le Ragnarök Festival en 2017, et même à distance, j’avais grande hâte de retrouver le groupe sur scène ! Pour rappel, le projet mené par L.G. a sorti son (excellent) troisième album Lebensnehmer l’an dernier chez Art of Propaganda. Le chanteur entre justement en scène, accompagné de ses quatre musiciens de session, sur l’introduction du dernier album, suivie par le dévastateur « Augenblick ». Malgré une mauvaise qualité d’image due à un faible éclairage, je parviens à distinguer les corpse paints du chanteur et de ses acolytes. J’avoue avoir légèrement déchanté, car en plus de la qualité de l’image, celle du son laissait également à désirer puisqu’on entendait à peine le scream torturé typé DSBM de L.G., et la batterie de P.F. semblait être mal réglée. Fort heureusement, les belles mélodies mélancoliques véhiculées par les guitares de D.B. et L.B., soutenues par les lignes de basse de S.L., étaient quant à elles bien retranscrites. Sans cela, j’aurais sans doute peiné à reconnaître les différents morceaux. C’était assez contrariant de ne pas avoir pu bénéficier d’un bon son, cela ne rendait pas justice au potentiel scénique du groupe et n’en était pas représentatif.
La setlist était majoritairement consacrée à Lebensnehmer, mais j’étais très contente que le groupe ait également interprété « Ballade auf den Tod » issu de Todbringer, l’un de mes albums préférés de tous les temps. En guise d’interlude, le groupe a joué l’instrumental « Ein Stück Verzweiflung », mené par L.G. à la guitare sèche. A noter que ce qui fait justement l’originalité d’Ellende, ce sont ces quelques incursions acoustiques, ainsi que des samples de violon et de claviers, apportant à ce post-black très porté sur la nature une dimension folk. La fin du set mettait davantage à l’honneur les premières sorties du groupe, avec « Der letzte Marsch », extrait de l’EP Rückzug in Die Innerlichkeit, et « Zwischen Sommer und Herbst » tiré du premier album Weltennacht. Tout au long du set, L.G. remercie régulièrement le public, et après cinquante minutes, le concert touche à sa fin. Malgré les conditions peu optimales pour visionner ce concert, j’ai passé une très bonne soirée, un grand merci aux groupes ainsi qu’aux organisateurs !
SETLIST : Intro / Augenblick / Ballade auf den Tod / Der Blick wird leer / Ein Stück Verzweiflung / Atemzug / Der letzte Marsch / Zwischen Sommer und Herbst
Live report rédigé par Fée Verte, avec l’aide de CedDamaged.
https://youtu.be/oLatgQIYcw0