J’étais tranquillement accoudée au bar d’un club metal au fond d’une cave berlinoise, quand j’ai découvert l’annonce de cette date folk avec plusieurs groupes que j’aime beaucoup. Ni une ni deux, je me suis dit qu’il était temps de revenir faire un petit tour en Bretagne.
Et c’est à Lorient, dans le sympathique bar le Galion, que nos amis de l’asso Ondes Noires ont organisé cette soirée en l’honneur de Dur Dabla, le groupe de folk breton sortant son premier album, Eñvor an Avel. Au programme pour les soutenir, les parisiens de Nydvind qui préparent eux aussi un album pour 2017, et les rennais de Skarn qui ont sorti leur deuxième EP, Yenijenn, en fin d’année. Bref, une bonne petite soirée de pagan/folk local qui s’annonce.
Rien que la découverte du bar vaut le détour, puisque le Galion, où je n’avais encore jamais mis les pieds, est vraiment un chouette endroit, une ambiance pub de marins au bout des docks de Lorient, avec une scène d’une taille respectable et un son tout à fait correct. La seule chose que je pourrais reprocher à l’espace, ce sont les lampes fixes au dessus de la scène, qui laissent assez peu de possibilités de faire varier l’ambiance : tout au long de la soirée, on verra donc les musiciens dans une lumière verte qui n’est pas ma préférée. Comptez enfin sur des boissons de qualité, et même si je ne bois pas de bière, je sais reconnaître les noms qui font plaisir : une pinte de Couille de Loup et on est partis.
La soirée commence avec Skarn, un groupe qui vient plutôt du milieu de la musique traditionnelle bretonne mais qui commence tranquillement à faire son trou sur la scène folk metal, on les a vus par exemple aux côtés de Drakwald à Rennes l’an dernier. Mes collègues de Valkyries savent que ne suis pas très objective à leur sujet, je suis le groupe depuis un moment et on m’a trouvée à sautiller au premier rang lors de bon nombre de leurs concerts. Voire même sur scène avec eux, comme ce sera encore le cas ce soir-là. Bref, pour l’occasion, Skarn a sorti sa plus belle setlist folk metal avec des morceaux bien lourds où le violon a toujours une place prédominante, la cornemuse vient poser l’ambiance résolument celtique et Moran scande des paroles en breton. Comme d’habitude, toutes leurs chansons sont construites sur des rythmes de danses bretonnes, mais ce soir c’est plutôt des hochements de tête et des cris gutturaux qui animent le public. Pour conclure leur passage, le groupe propose un petit wall of death sur un galop nantais, et les métalleux bretons déjà en nombre dans la salle s’exécutent avec joie.
L’ambiance qu’apporte Nydvind est assez différente du joyeux bazar de Skarn et Dur Dabla. Entre les deux groupes, on se pose un peu plus pour apprécier ce pagan metal nordique, qui est à la fois bourrin et planant. J’avais déjà vécu l’expérience en 2015 à Paris, et si à l’époque mes oreilles n’étaient pas encore assez affûtées pour apprécier le style, cette fois j’ai pris plaisir à me laisser porter par les mélodies païennes et un peu nostalgiques. Ils sont quatre sur scène, et ça envoie. Pas d’instruments acoustiques ici, juste la froideur des guitares qui nous emmènent sans mal au cœur de la mythologie nordique. La salle est comble, les auditeurs sont repus de burgers, de bière et de musique, et débordent d’énergie pour ce qui reste à venir.
Enfin, Dur Dabla débarque sur scène pour conclure la soirée. Ils sont sept, avec notamment un accordéon et une flûte. Lors du premier morceau, le chanteur, Titan, reste dans le public avant de monter sur scène pour introduire le groupe. Pour ma part, j’attendais avec beaucoup d’impatience ce moment, car si j’avais découvert Dur Dabla dès le moment où j’ai commencé à rechercher des groupes de folk metal celtiques, je n’avais pas encore eu l’occasion de les voir en live. Il faut dire que je m’étais un peu éloignée de Brest ces derniers temps. Je suis donc ravie d’entendre enfin la musique du groupe brestois en vrai. Les compos se basent souvent sur des mélodies traditionnelles bretonnes, les deux instruments mélodiques sont très audibles et ne sont pas là juste pour faire joli. Derrière, on retrouve le son dynamique des guitares, et le growl de Titan qui entonne des paroles en breton ou en anglais. Tout ça dans une ambiance énergique, car le public se défoule bien sur Dur Dabla, ça saute de partout et certains sont sans doute des fans de la première heure. Pour ma part, je suis assise sur une des tables du bar et je profite du spectacle qu’offrent ces charmants bretons chevelus. Les morceaux de l’album sont bien sûr à l’honneur, mais j’ai le plaisir de retrouver par exemple Triskell, la toute première chanson que j’ai écoutée en découvrant le groupe.
La soirée se termine avec un guest de Moran, le chanteur de Skarn, avec Dur Dabla. Le chant clair accompagnant le growl de Titan, ça rend plutôt bien, et vu la proximité artistique des deux groupes, on aurait presque envie de collaborations comme celle-là plus souvent.
La soirée se termine, je laisse les musiciens et le public dévaliser les dernières bières du bar, et je retrouve mon chemin au milieu des entrepôts déserts, après ce petit shot de bretonnitude bienvenu avant de reprendre le large.