Il faut bien l’avouer, je n’aime pas le punk. Je n’accroche ni à la la musique, ni à l’imaginaire visuel, ni aux valeurs du genre. Cependant, je fais une exception notable pour le punk celtique, qui m’entraîne sans difficulté dans son univers mélangeant ballades traditionnelles revisitées et paroles engagées. Après avoir vu les sympathiques canadiens de Real McKenzies et les sages allemands de Fiddlers Green, voici venu un jour que j’attendais avec grande impatience, bref, j’ai vu les Dropkick Murphys en concert !
Voir sur scène les célèbres punks irlandais venu de Boston, ça se mérite. Le groupe joue dans la Max-Schmeling-Halle à Berlin, une salle de sport où plus de dix mille personnes seront installées pour assister à l’évènement. Le concert était sold out et je n’ai pu avoir un ticket que sur un coup de chance. En arrivant, je fais la queue pendant une bonne demi-heure dans un froid glacial, et quand j’entre enfin dans la salle, j’ai à peine le temps de m’enfiler une currywurst avant de rejoindre la masse de fans debout sur les côtés de la halle et tenter de trouver une place d’où je pourrais vaguement voir la scène.
En fait, pendant tout le début du set, je ne la vois même pas, mais une vague de hurlements m’indique que le décor s’est mis en place, succédant aux deux premiers groupes de pur punk. Dans la salle résonne l’intro du spectacle, je reconnais immédiatement le morceau traditionnel The Foggy’s Dew.
Suite à cela, le groupe entre sur scène au son de The Lonesome Boatman, qui est l’intro de leur tout dernier album, 11 Stories of Pain and Glory, dont je vous laisse découvrir la chronique par ma collègue valkyrienne. Le morceau commence par une petite mélodie à la flûte mais enchaîne très vite avec des bons hurlements et des accords de guitare, et cela suffit à déchaîner le public dans la salle.
Sur scène, ils sont six : trois guitares, dont l’une sera fréquemment remplacée par d’autres instruments à cordes, tels que mandoline ou guitare folk, une batterie, le frontman Al Barr, et un joueur de cornemuse qui se tiendra debout, imperturbable, sur les contreforts de la scène, pendant toute la soirée. Le groupe continue avec Rebels with a cause, un autre morceau de leur nouvel album. Après tout, c’est celui qu’ils sont venus défendre lors de leur tournée internationale. Mais juste après, ils reprennent un de leurs tubes, The State of Massachussetts, qui parle des enfants retirés à leur famille pour être placés par l’état.
On enchaîne avec The Warrior’s code, une de mes favorites, qui donne la pêche et l’envie de se surpasser. Comme beaucoup d’autres dans le public, je la chante à pleine voix. Dans la fosse que je ne vois que de loin, un immense pogo se déroulera tout au long de la soirée. Le groupe alterne les reprises de morceaux traditionnels (I had a hat, Wild rover…) et les compos de leur dernier album (Sandlot, First class loser…) Sur plusieurs chansons, comme Blood, le clip et les paroles sont diffusées derrière eux, comme pour aider les hooligans à beugler leurs textes avec eux. En intro de Finnegan’s wake, le frontman prononce quelques phrases en allemand, cela suffit à convaincre nos berlinois qui poussent des cris massifs en retour.
Le temps passe vite, les chansons sont courtes, on arrive déjà au milieu du set, et l’ambiance se pose un peu pour Paying my way, qui est un des morceaux les plus forts de leur dernier album. Moins de guitares, un clavier qui fait son apparition. Les paroles sont simples, évoquant la vie d’un ouvrier, sur un rythme lent qui fait penser au poids du labeur quotidien. C’est sans doute ce qui marche si bien dans cette chanson. Et quand les chœurs s’élèvent pour crier le peu d’espoir qui reste, quand l’harmonica prend le relais, le public est à fond.
Le morceau suivant repart directement dans l’ambiance festive chère aux Dropkicks avec Flannigan’s ball et ses guitares qui pétaradent comme une vieille moto. Plus tard, un autre de leur tubes, Boys on the docks, fera rugir et bondir les milliers de personnes massées dans le gymnase. Al Barr court partout d’un bout à l’autre de la scène, et il faut bien dire que sa voix n’a rien perdu de sa force. Je noterai aussi que les chœurs sont plutôt bien rendus, alors que les harmonies de voix ont tendance à être oubliées en live, ici ce n’est pas trop mal, la plupart du temps on entend bien les autres musiciens qui chantent.
Soudain, le silence se fait. Je ne vois toujours pas grand chose sur scène mais je suppose qu’ils changent d’instruments pour passer à quelque chose de plus calme, car voici venu l’instant émotion avec Rose Tattoo. Eh oui, les Dropkick Murphys font aussi des chansons d’amour, surtout quand elles parlent de famille, de fierté. C’est donc au son de la mandoline et de l’accordéon que passe cette jolie balade que je connais par cœur. L’autre moment émotion viendra un peu plus tard, avec You’ll never walk alone, issue de leur dernier album, que de nombreux artistes ont reprise avant eux.
Évidemment, pas de set des Dropkick Murphys sans leur tube Shipping up to Boston, qui annonce déjà la fin de la soirée. C’est passé diablement vite, je compte 22 chansons pour 1h15 de set, il faut dire que les punks ne s’éternisent pas sur leurs morceaux. Heureusement, on aura droit à un rappel de qualité. Il commence en toute logique par The boys are back qui fait une fois de plus beugler l’assemblée, et se conclut après deux autres morceaux par Until the next time, parfait pour dire au revoir au public berlinois. Je me faufile sans tarder entre les pogoteurs car une longue route m’attend pour rentrer chez moi. Malgré les conditions pas évidentes, le froid et la foule, je ressors ravie d’avoir enfin vu le groupe phare d’un de mes styles de musique préférés.
Setlist :
- The Lonesome Boatman
- Rebel With a Cause
- State of Massachussets
- The Warrior’s Code
- Sunday Hardcore Matinee
- I had a hat
- Sandlot
- Going out in style
- Blood
- Finnegan’s Wake
- First class looser
- God willing
- The wild rover
- Your spirit alive
- Hang ’em high
- Boys on the docks
- Rose Tattoo
- Out of our heads
- You’ll never walk alone
- Shipping up to Boston
- The boys are back
- Kiss me I’m shitfaced
- Skinheads on the MBTA
- Until the next time