Ayant réussi à louper la date de Der Weg einer Freiheit l’an dernier au Trabendo (alors que l’affiche réunissait pourtant deux de mes autres groupes favoris, à savoir Moonsorrow et Primordial…), j’ai sauté de joie lorsque le groupe a annoncé une nouvelle tournée passant par Paris, et plus précisément par le Petit Bain. C’est l’occasion de me rattraper, d’autant plus que cette tournée n’est pas anodine. Leur premier album sobrement intitulé Der Weg einer Freiheit sera en effet interprété en entier pour fêter ses dix ans ! Les Allemands sont pour cela accompagnés de The Devil Trade, et des Lituaniens d’Au Dessus pour une partie de la tournée (dont ce soir), les Français de Céleste prenant le relai par la suite.
Première date de la tournée, ouverture des portes à 19h30, on se presse pour rentrer dans la salle, et c’est parti !
THE DEVIL’S TRADE
Il y a clairement du monde ce soir mais beaucoup semblent préférer se masser au merch ou dans le fond de la salle, si bien que nous sommes au final très peu d’attentifs pour The Devil’s Trade. Il s’agit d’un one man band, en studio comme sur scène. L’homme seul, encapuchoné, nous fait très sobrement face. Il dispose de plusieurs guitares et d’un pédalier au sol lui permettant de faire ses réglages et de balancer quelques samples. Il nous délivre un folk assez sombre et mélancolique, qui a sûrement son charme sur album… Mais clairement, les conditions ne joueront pas en sa faveur ce soir : entre le bruit des conversations assez fortes dans la salle, les lumières… Rien ne semble être au rendez-vous pour nous aider à nous mettre dans l’ambiance. Vraiment dommage, car la voix était belle, pleine d’émotions et de sincérité, le son grave de la guitare prenant, et clairement, assurer une prestation en solo tout en humilité est toujours loin d’être évident. Je salue donc la performance et ne me priverai pas si l’occasion m’est donnée de revoir The Devil’s Trade dans de meilleures conditions.
AU DESSUS
Bon, je ne vais pas mentir : j’aurais préféré voir Céleste, qui participe aux dernières dates de la tournée et qui m’avait très fortement marquée lorsque je les avais vus en live. Au Dessus au contraire, m’avait laissée assez indifférente lorsque je les avais vus cet été au Hellfest (il faut dire qu’avec un set très court, sur une grande scène en plein jour… Ce n’était pas l’idéal). La formation signée chez les Acteurs de l’Ombre semble cependant clairement attendue par une grande partie du public, signe que la hype créée en particulier par la sortie d’End of Chapter en 2017 n’est pas retombée.
J’aborde finalement leur prestation de la manière la plus neutre possible. Symboles et ambiance ésotérique à souhait, les quatre silhouettes noires débarquent sur scène et entament un set qui sera au final assez long. Long, mais pas ennuyeux : avec de meilleures conditions qu’en juin dernier, j’ai pu apprécier leurs compositions assez complexes aux changements fréquents et abrupts, rappelant parfois Deathspell Omega (avec tout de même un aspect plus compact et post-black). Le groupe a évidemment du talent et arrive à instaurer une ambiance froide, variant entre passages directs et efficaces, d’autres plus atmosphériques voire lorgnant vers le doom ou le sludge à certains moments.
Le tout est assez immersif et hypnotique ; le jeu de lumières très travaillé et l’esthétique générale du groupe créant de plus un jeu de scène complètement harmonieux. C’est carré.. Même si je suis toujours loin d’être autant admirative que beaucoup de gens avec qui j’ai pu en discuter, je suis loin de m’être ennuyée. Reste à voir ce que les Lituaniens sauront nous proposer dans les années à venir.
Setlist :
(Intro)
I
II
III
(Sample 1)
VII
VIII
(Sample 2)
XI
XII
(Outro)
DER WEG EINER FREIHEIT
Comme dit plus haut, les Bavarois sont ici pour fêter leurs dix ans d’existence par un set principalement axé sur leur premier album. Celui-ci était d’abord sorti en auto-production avant de paraître sur label, et a été enregistré seulement par Tobias Jaschinsky (aux vocaux, et qui quittera le groupe quelques années plus tard après Unstille, le second album) et Nikita Kamprad (qui a donc depuis pris en charge le chant tout en continuant à assurer le poste de guitariste). Le groupe a bien évolué depuis. Outre Nikita Kamprad en tant que frontman, c’est depuis le dernier album, Finisterre, un quatuor qui semble plutôt bien fonctionner.
Le groupe débarque sur la scène du Petit Bain (ai-je besoin de mentionner que Nikita a toujours bon goût et porte donc son indispensable t-shirt Dissection ?) et nous balance à la gueule le riff d’« Ewigkeit ». Premier morceau du premier album, et déjà une mélodie imparable. L’album se révèle encore plus savoureux dans sa version live avec un vrai batteur (la version studio disposant d’une batterie programmée) et un groupe qui nous sert les déjà très bonnes compos de leurs débuts avec leur expérience acquise tout du long de leur carrière. La place est laissée à l’intensité de la musique, aux riffs qui fusent pour ne vous laisser que très peu de répit pendant les quelques passages plus atmosphériques. Les quelques problèmes techniques de Nicolas Rausch (guitare) de début de set seront vite réglés et le son sera globalement excellent. Les morceaux s’enchaînent quasiment sans interruption, Nikita ne prenant que brièvement la parole pour des remerciements et un petit clin d’oeil à leur précédent passage au Petit Bain avec Regarde les hommes tomber.
Au final, tout était déjà là dans ce premier album : le sens de la mélodie, les compositions bien ficelées qui passent comme une lettre à la poste, ou encore ce penchant pour les longues parties instrumentales comme en témoignent les à peu près 3 minutes de « Spätsommer » ou « Aurora », qui s’approche lui des 5 minutes. Et les Allemands iront même jusqu’à conclure l’album avec « Ruhe », au départ parue comme bonus track sur celui-ci.
Une fois ce superbe voyage dans le temps achevé, DWEF nous ramène au présent en commençant un morceau de leur dernier album. Le merveilleux « Ein Letzter Tanz », personnellement mon favori de Finisterre, sera malheureusement gâché par des membres du public trouvant le moment opportun pour se faire remarquer (ce qui se reproduit d’ailleurs à plusieurs reprises pendant le set…). Si on s’ennuie, on sort, sinon on ne gâche pas le concert des autres en haussant la voix. Et surtout, si on apprécie un minimum la musique, on se rend compte que des passages un peu plus atmosphériques / ambiants ne veulent pas dire temps mort dans le set. Bref, fin de la parenthèse ; il n’empêche que « Ein Letzter Tanz » m’aura encore une fois frappée de plein fouet. Cette longue partie avec une guitare en clean, lente escalade, explose soudainement, dans un moment libérateur dont la force est décuplée par le live. On enchaîne ensuite avec « Requiem » issu de Stellar.
Au final, cette deuxième partie de set aura souligné une évolution assez évidente de la musique du groupe ; certes, les éléments du premier album sont toujours là, mais alors que ceux-ci mettaient en avant l’aspect Black mélodique plus frontal, ce sont les ajouts black atmo, voire tirant parfois vers le Post-Black, qui ressortent le plus des morceaux récents.
Der Weg einer Freiheit nous quitte pour un premier rappel avant de revenir interpréter un titre du seul album non représenté ce soir, avec « Licthmensch » de Unstille. La chaleur est rapidement montée depuis le début du concert et on commence vraiment à rêver d’un bon petit courant d’air. La soirée a finalement été sold out et ça se sent au vu du monde dans la salle. Monde qui, étrangement, semble encore plus énergique pour le deuxième rappel que le premier. Les Allemands re-reviennent après « Lichtmensch » ; ou plutôt, Tobias Schuler (batteur) revient. Armé d’une guitare en clean, il nous offre en guise d’extra à « Idyll », un des morceaux bonus de Unstille. Un solo particulièrement beau et poignant, et une conclusion parfaite à ce concert anniversaire qui nous aura fait parcourir toute la discographie du groupe, mettant en lumière leur évolution sur la décennie passée.
Et pourvu qu’on se retrouve encore dans dix ans pour fêter les vingt ans !
Setlist :
Ewigkeit / Spätsommer / Frei / Aurora / Zum abschied / Welk / Neubeginn / Ruhe
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Ein letzter tanz / Requiem
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Lichtmensch
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Idyll
Merci à tous les acteurs derrière cette soirée !