Crippled Black Phoenix / Soft Kill / Fotocrime

Pour la première fois, je me suis rendue au Forum de Vauréal, petite commune du Val d’Oise. Pourtant, la salle ne se trouve qu’à un quart d’heure de chez moi en voiture, mais le problème est là, je ne suis pas véhiculée, et y aller (et surtout rentrer) par les transports en commun n’est pas chose aisée. Je n’avais encore jamais trouvé un groupe qui me motiverait à braver cet handicap … jusqu’à ce jour du 3 avril 2019. Ce groupe, c’est Crippled Black Phoenix, groupe de rock progressif britannique. Je connaissais CBP depuis quelques années déjà, mais plus de nom qu’autre chose, grâce à mon ex. Mais ce n’est seulement que l’année dernière que je me suis mise véritablement à écouter le groupe, avec son dernier album, Great Escape, qui avait été ni plus ni moins un de mes albums préférés de 2018.

Finalement, le souci du trajet ne s’est pas posé, puisque j’ai réussi à convaincre mon frère ainsi que deux amis de se joindre à moi pour le concert, et nous avons donc pu y aller en voiture. Nous arrivons sur place quelques minutes après l’ouvertures des portes, peu après 20h. Une fois à l’intérieur, après avoir emprunté un petit couloir où des tableaux étaient accrochés aux murs le temps d’une exposition, je découvre la salle, plutôt spacieuse, puisqu’elle peut accueillir jusqu’à 450 personnes (la salle fait actuellement l’objet d’importants travaux de rénovation et pourra ensuite accueillir jusqu’à 800 personnes). A notre arrivée, nous sommes bien loin de la capacité d’accueil maximale (la salle se remplira progressivement tout au long du concert, sans pour autant être blindée), et la mission « Premier rang » fut facile à accomplir.

Vingt minutes plus tard, les lumières baissent, quelques minutes avant le début du concert. Le musicien du projet américain Fotocrime entre en scène sans un bruit, et demande à ce que l’on éteigne totalement les lumières. Le chanteur/guitariste/clavieriste porte des lunettes de soleil, et, entre deux morceaux, utilise un effet « voix de crooner » à la Barry White. Quand celui-ci ne joue pas, il fait des gestes grandiloquents pendant qu’il chante. Son attitude me paraîssait de prime abord prétentieuse, et à la fin du set, je me rendrai compte que ce n’était qu’une façade, car le musicien explique avant de jouer le dernier morceau que c’était sa première tournée européenne, et qu’il était terrifié à l’idée de jouer seul sur scène devant un public (cela expliquait peut-être donc les lunettes de soleil).

Quasiment dissimulé par les jets de fumée, le musicien interprète un rock alternatif teinté de touches électroniques type « darkwave/synthwave », dans la veine de groupes comme Depeche Mode. L’ensemble est plutôt entraînant, le son est bon, et le guitariste intègre par moments de chouettes solos. On retrouve un petit côté « Bruce Springsteen » dans la voix. D’ailleurs, il m’a semblé que le musicien avait fait une reprise d’un morceau de « The Boss » (à vérifier cependant).

Malgré un public clairsemé, l’ambiance est bonne, tout le monde écoute attentivement le musicien et semble apprécier le concert. Il y aura un petit souci technique avec la pédale d’effet, mais il sera réglé très rapidement. Au début de certains morceaux, toute la salle est plongée dans l’obscurité la plus totale, et progressivement, les lumières reviennent. Les morceaux énergiques à la guitare s’alternent avec des morceaux planants aux claviers, comme « Hold Me In The Night ». Le set s’achèvera sur « Nadia », morceau en hommage aux femmes.

SETLIST : Love In A Dark Time / Always Hell / Don’t Pity The Young / Duplicate Days / Chaos & Cosmos / Autonoir / Gods In The Dark / Hold Me In The Night / Plate Glass Eyes / Confusing World / Nadia

A peine le temps de souffler que dix minutes seulement après la fin du premier set, le groupe Soft Kill entre en scène. Le changement de plateau s’est fait si rapidement que quand le groupe a commencé à jouer, je pensais que c’était encore les balances ! « Pas l’temps d’niaiser ! ». Nous découvrons le quartette américain, composé d’un chanteur/guitariste (encapuchonné), d’un guitariste, d’un bassiste et d’un batteur. Le groupe s’avère être la transition parfaite entre Fotocrime et Crippled Black Phoenix, puisque l’on retrouve ici un rock/post-punk teinté de darkwave, mais également de shoegaze ! Ce sont justement ces quelques passages « Post-Rock » qui m’ont le plus séduite ! Les musiciens se défendaient tous très honorablement dans leur discipline respective (mention spéciale au batteur pour ma part), mais je reprocherais tout de même un certain manque d’évolution dans les riffs à certains moments. De plus, entre les jets de fumée et les lumières dans les tons roses et bleutés, c’était assez compliqué de prendre les musiciens en photo. Mais dans l’ensemble, comme pour Fotocrime, la découverte fut plutôt bonne !

Il est maintenant 22h passées, et le concert de Crippled Black Phoenix commence avec le morceau d’introduction du dernier album, « You Brought It Upon Yourselves ». Tous les membres du groupe arrivent sur scène au cours de cette intro, sous les acclamations du public. Et je suis agréablement surprise de voir que les musiciens sont nombreux, et qu’il y a deux demoiselles ! Il y a donc au total pas moins de huit membres : deux claviéristes (dont l’une des deux demoiselles du groupe), un chanteur/guitariste, une chanteuse, un bassiste, deux guitaristes (dont un également aux chœurs), et un batteur. Sans transition, le groupe enchaîne directement avec le premier véritable morceau du set, qu’est « To You I Give », faisant également suite à « You Brought It Upon Yourselves » sur l’album. Je suis déjà très émue que le set débute par ce morceau qui est l’un de mes préférés de ce dernier album. En plus, là encore, le son est très bon, et lorsque le chanteur principal, la chanteuse et le guitariste/choriste s’unissent pour chanter pendant les refrains, j’ai vraiment des frissons qui me parcourent l’échine tellement c’est beau ! Et je ne manquerai pas de headbanguer frénétiquement à la fin du morceau qui était loin d’être dénuée d’énergie !

De temps à autre, la claviériste intervenait également au chant, comme ce fut le cas par exemple pour « No Fun » et « We Forgotten Who We Are ». La demoiselle était très souriante et avait le regard pétillant. Ce sera l’un de mes membres préférés du groupe, pour son charisme, et surtout, pour les émotions qu’elle m’a apportées. C’est une musicienne accomplie, qui se levait parfois de son siège pour jouer de la trompette (sur « Rain Black, Reign Heavy » si je ne m’abuse, et sur « Great Escape Pt 1 »). J’ai eu également un petit coup de cœur pour la chanteuse, qui avait une réserve naturelle assez touchante dans sa voix. Côté messieurs, celui qui a le plus retenu mon attention, c’est Andy, le guitariste lead, qui délivrait des solos à couper le souffle ! Mon petit-frère était même si impressionné qu’il l’appelait « David », en référence à notre cher David Gilmour.

D’ailleurs, au niveau des influences, on retrouve de toute évidence un côté expérimental/psychédélique à la Pink Floyd (notamment avec la longue intro instru de « Champions of Disturbance » et quelques sonorités dans « Caring Breeds the Horror »), et également un côté Supertramp dans quelques mélodies des claviers. Les riffs de « Champions of Disturbance » me faisaient quant à eux penser à ceux du morceau « La Grange » de ZZ Top.

Pour ma part, il y a eu quelques moments forts durant ce concert (notamment deux, je vous laisserai deviner lesquels). Tout d’abord avec « Great Escape Pt 1 ». Le morceau commence avec une intro où se mêlent choeurs religieux et guitare post-rock. Comme évoqué plus haut, c’est pendant un de ces morceaux que la claviériste jouait de la trompette, et ces passages me faisaient penser à Whale Fall. En tout cas, je n’ai pas pu retenir mes larmes ! Lors de la légère montée, le public tape en rythme dans les mains. Le morceau prend fin avec une très belle conclusion à la guitare. Ma seule déception, c’est que le groupe n’ait pas enchaîné avec « Great Escape Pt 2 », que j’aime bien plus encore !

La fin du set semble proche, et parmi les quelques morceaux du groupe que je ne connaissais pas, « Fantastic Justice » et « We Forgotten Who We Are » furent mes deux préférés. Pour le dernier, le guitariste/choriste prend la parole pour la première fois, et après une douce intro aux claviers et à la guitare, c’est l’explosion. On retrouve une fois de plus une très belle association des voix avec le chanteur principal, la claviériste et le guitariste/choriste. Le guitariste lead délivre une fois de plus un magnifique solo, et le morceau prend fin de la manière la plus épique qui soit.

De temps à autre, la chanteuse s’éclipsait, et celle-ci revient pour le dernier morceau. Dès les premières notes, j’ai le sourire jusqu’aux oreilles. Je reconnais « Echoes », chef d’oeuvre de Pink Floyd d’une durée de vingt-trois minutes ! Inutile de préciser que dans le public, c’était l’euphorie, et mon frère, fan inconditionnel des Floyd, ne tenait plus en place ! C’était très osé de reprendre un tel morceau, mais le groupe s’en est parfaitement bien sorti ! C’était tellement planant, quel moment ! La chanteuse marquait le rythme avec un tambourin, et le groupe a intégré un passage totalement improvisé au sein du morceau.

Au bout de deux heures, le set se termine donc, et avant de partir, je récupère la setlist et fais signer mon vinyle que j’avais spécialement apporté pour l’occasion par tous les membres du groupe. Après avoir échangé quelques mots avec eux, je rentre, des étoiles plein les yeux.

SETLIST : You Brought It Upon Yourselves (Intro) / To You I Give / No Fun / Champions of Disturbance / Caring Breeds the Horror / Poznan / Rain Black, Reign Heavy / Nebulas / Great Escape Pt 1 / You Take the Devil Out of Me/ The Golden Boy Swallowed by the Sea (Swans cover) / Fantastic Justice / We Forgotten Who We Are / Echoes (Pink Floyd cover)

Fée Verte

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