Nous retrouvons Wormwood avec un troisième album finalement intitulé Arkivet (pour des questions de droits, le groupe avait été contraint de légèrement modifier le titre de l’album). Wormwood peut être considéré comme l’un des groupes emblématiques de la scène metal suédoise actuelle, le deuxième album Nattarvet l’ayant propulsé au sommet des charts nationaux et ayant été nommé pour plusieurs récompenses musicales.
Arkivet est présenté comme un album-concept sur la force destructrice de l’Humanité, l’incapacité à s’adapter à la nature qui nous entoure et notre mort inévitable et bien méritée. L’album pourrait être résumé par cette phrase : « Prenez part à un voyage à travers les erreurs passées, présentes et futures de l’Homme ». « Arkivet » (L’Archive) est un terme suédois désignant un document écrit pour ceux qui souhaitent faciliter les démarches pour leurs proches lorsqu’ils trépassent et dans lequel on peut dire comment on veut que l’enterrement soit arrangé, où se trouvent les documents importants, les dernières volontés, etc… Wormwood utilise ce terme comme une métaphore du monde. Les dernières paroles à une planète déjà morte.
En parallèle avec la sortie de l’album, une vidéo musicale cinématique a été créée. Le morceau presque éponyme « The Archive » retranscrit le désespoir suite à une catastrophe sans précédent en Suède. Les versions vinyles incluront une nouvelle écrite par Mikael Strömberg (en suédois et en anglais) qui décrit cet accident tragique et les séquelles.
Pour ce troisième album qui paraîtra cet été chez Black Lodge Records, le line-up n’a quasiment pas évolué, si ce n’est qu’un nouveau venu a intégré le groupe l’an dernier, à savoir Oskar Tornborg à la basse et au chant. Tout comme Nine (chant) et Jerry Engström (guitare rythmique), le musicien fait partie du groupe de black metal Withershin. Et l’on retrouve également toujours Tobias Rydsheim (guitare lead/claviers/chœurs) et Daniel Johansson (batterie). L’album a été mixé et masterisé par le célèbre producteur pop/dance Jonathan Ojeda.
De manière générale, les influences folk sont bien moins marquées dans Arkivet comparé aux deux premiers albums, au détriment de sonorités beaucoup plus typées « Epic/Melodic Black Metal », comme peuvent en témoigner de nombreux solos (deux rien que dans « End of Message » par exemple) et quelques intros. L’association des chœurs (dont celui de Moa Sjölander, que l’on avait déjà pu entendre sur Nattarvet) dans « The Archive » renforce également cette dimension épique.
Pour contraster avec ce black mélodique fort efficace, on retrouve plusieurs passages « rock atmosphérique » à la Dire Straits, comme dans le bridge de « The Archive ». Les claviers contribuent à accentuer cette ambiance planante (« Overgrowth », « End of Message », conclusion scintillante de « The Slow Drown »…). Ce dernier morceau aux accents mélancoliques, qui raconte l’histoire d’une vieille femme atteinte de démence, se démarque également de par les chuchotements, ainsi qu’une belle montée en intensité amenée par la batterie juste après un bridge atmosphérique.
J’évoquais quelques lignes plus haut une présence amoindrie des passages folk, mais rassurez-vous, ces derniers font toujours partie intégrante de l’identité musicale de Wormwood. On les retrouve ainsi ponctuellement dans l’introduction « folky » aux guitares et aux claviers de « Overgrowth », avec le violon mélancolique de « Ensamheten » (seul titre de l’album chanté en suédois), et plus largement dans l’introduction de « My Northern Heart », dans un combo hurdy-gurdy/violon/guimbarde/tambours/guitare, souffle du vent en fond. C’est dans ce même morceau que l’on peut entendre les chœurs heavy du guest Walter Basile (chanteur/batteur du groupe black metal Effess) associés au growl puissant de Nine. Comme sur Ghostlands et Nattarvet, c’est Martin Björklund, ex-guitariste live et violoniste de session sur les trois derniers albums studio de Månegarm, qui assure les parties au violon. Un passage que j’apprécie particulièrement, c’est dans « Ensamheten », se traduisant par « La Solitude », où l’on peut entendre des chants incantatoires amorçant un solo épique. Ce morceau est traité d’un point de vue sentimental et romantique à la nordique (d’où l’utilisation de la langue maternelle du groupe), tandis que les terres tombent en ruine.
L’album prend fin sur le tonitruant « The Gentle Touch of Humanity », morceau black épique aux sonorités plus sombres et mélancoliques, même au niveau du chant. Suite à un solo épique, souffle du vent en fond, une coupure nette aux claviers mélancoliques retentit, et l’on peut entendre des samples de journaux télévisés retranscrivant des nouvelles peu optimistes concernant la dépravation de la société, la destruction de la nature, etc… Ce morceau aborde le thème du renouveau suite à la chute de l’Homme.
Avec Arkivet, Wormwood délaisse un peu plus ses influences folkloriques pour adopter des sonorités davantage typées « black épique/mélancolique » qui sied particulièrement à la thématique écologique et à la vision pessimiste quant au sort de l’Humanité abordées sur cet album. Une fois de plus, le groupe apporte un bon coup de fraîcheur à la scène « black mélodique » nordique.
Fée Verte
9/10
Tracklist :
-
The Archive
-
Overgrowth
-
End of Message
-
My Northern Heart
-
Ensamheten
-
The Slow Drown
-
The Gentle Touch of Humanity
Date de sortie : 16/07/2021