Wilderun – Sleep At The Edge Of The Earth

WilderunForce est de constater que le folk metal a élu domicile principalement en Europe (et en Russie, mais j’écrirai pas « Eurasie » c’est moche.). Entre la scène foisonnante russe et les monstres indétrônables de Scandinavie, commencent à émerger des formations italiennes ou espagnoles au talent indéniable. Même du coté oriental ça bouge ! Mais les grands absents du style sont à chercher de l’autre côté de l’Atlantique, chez nos amis ricains (ricains du nord hein, plus de DoMacs et moins de lama.)! Ba oui, que celui qui peut me citer un groupe de folk metal américain là tout de suite, maintenant, paf c’est trop tard, me jette la première pierre. Et dans mon infinie bonté je vais de ce pas ajouter un premier nom à votre liste bien incomplète ! Aujourd’hui ce sera Wilderun ! Et bordel ! Y’a du potentiel outre-Atlantique !

Wilderun, c’est un album sorti en 2012 « Olden Tales & Deathly Trails », dans lequel le quartet distille un folk metal symphonique assez classique mais avec une identité bien marqué. Je vous rassure, ma présentation de leur dernier opus « Sleep At The Edge Of The Earth » sera plus fournie ! Parlons-en de ce dernier opus. Je brise la glace d’emblée. MA-GNI-FIQUE.
Commençons par le commencement, la pochette. Minimaliste, lumineuse et mystérieuse. Un sentier à flanc de montagne ( ?) mène à une bâtisse pour se perdre dans le versant opposé, laissant à nos yeux le loisir d’observer un ciel brumeux non dénué de promesse céleste. Deux sens de lecture, les deux diagonales. Du coin bas gauche au coin haut droit, on passe d’une couleur verte organique, ancrée dans le réel sur fond de brume à un ciel ton pastel dégagé de tout obstacle visuel, évocateur de l’irréel. Puis, du coin bas droit au coin haut gauche, on passe de l’ombre à la lumière, tout simplement. Et au milieu de ça, un sentier qui mène quelque part, mais où ? Je ne peux me résigner au fait que ce soit des éléments aléatoires. Et accorder autant de réflexion à une pochette, ça annonce déjà un niveau de sérieux et d’implication face à son travail qui force le respect. Et putain ça paye.
Le chant des oiseaux, l’eau qui coule, le set démarre en douceur avec « Dust and Crooked Thoughts » sur des arpèges lancinants à la guitare acoustique soutenue par un duo dulcimer / instruments à vent cuivré style Haut Bois (pas certain pour le coup) et rejoints par un chœur masculin éthéré. C’est doux et rêveur, ça incite à l’éveil et ce sont trois premières minutes qui posent le ton de l’album. Allégresse, mélancolie, espoir.
Vient ensuite « Ash Memory » divisé en 4 parties pour un total de presque 20 minutes. 20 minutes qui s’écoulent sans qu’on s’en aperçoive et délivrent tout l’ampleur du travail de Wilderun. Une mélodie qui sera reprise de diverses manières durant les 4 titres, tantôt à la guitare acoustique, tantôt en solo endiablé, tantôt en chœur, tantôt en orchestre pour un rendu magistral. Et voilà les trois principaux éléments musicaux de Wilderun, des parties acoustiques, des parties metal bien burnées se rapprochant par moment d’un Trepalium à ses débuts, et des parties orchestrales à l’epicness incommensurable, digne de Two Step From Hell. Et le tout organisé dans un enchaînement parfait ne lassant jamais l’auditeur. A tout ceci s’ajoute un duo de voix claire et death. Cette dernière est sans fioritures, va à l’essentiel, c’est-à-dire apporter de la hargne aux compositions, comme pour la partie 3 d’« Ash Memory » qui libère durant cinq minutes une fureur contenue tout au long de la deuxième partie. La voix claire quant à elle est globalement majoritaire sur l’album et contient une force que j’ai rarement pu entendre avec d’autres chants masculins dans le metal. Pas une force brute qui fait trembler les cordes vocales, mais une force plus profonde, issue d’une voix qui reflète une personnalité sage, à laquelle l’on peut se confier. Et alors quand cette voix est soutenue par des chœurs et une orchestration grandiloquente, c’est la jouissance émotionnelle.
Le reste de l’album se poursuit sur 3 titres à la même configuration musicale pour prolonger l’épopée encore 27 minutes puis se finit sur un outro au piano / orchestre plein d’espoir.

Qu’est ce qu’on retiendra de « Sleep At The Edge Of The Earth »? Que Wilderun a su, judicieusement, ne pas s’enfermer dans un style au détriment de sa nature profonde. Parce que oui après plusieurs écoutes, et en perspective avec leur premier album, ils se sont clairement trouvés et ont délivré une prestation quasi parfaite. Ce nouvel opus bénéficie d’une composition réfléchie, qui n’hésite pas à caler des titres qui n’ont quasiment rien de metal (« Linger » ou « Ash Memory part 2 : Hope and Shadow ») mais qui pris dans la globalité du concept font évoluer l’album de la manière la plus instinctive et poétique possible.
C’est pourquoi je vous recommande vivement l’écoute de cet album qui va j’espère obtenir l’ovation qu’il mérite.

 

Grymauch

NOTE : 9.5/10

Tracklist :

1. Dust and Crooked Thoughts
2. And So Opens the Earth (Ash Memory Part I)
3. Hope and Shadow (Ash Memory Part II)
4. Bite the Wound (Ash Memory Part III)
5. The Faintest Echo (Ash Memory Part IV)
6. The Garden of Fire
7. Linger
8. The Means to Preserve
9. Sleep at the Edge of the Earth

Sortie : 07 Avril 2015

Lien du groupe : Facebook, Bandcamp, Site Officiel.

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