Et de quatre ! A la quasi surprise générale, le groupe américain Wilderun vient de dévoiler il y a quelques jours son quatrième album Epigone. Le premier sorti sous le label Century Media.
Même si le groupe de metal symphonique/progressif/folk avait déjà acquis une certaine réputation avec ses deux premiers albums (dont Sleep at the Edge of the Earth que je considère toujours comme mon préféré), c’est bien Veil of Imagination qui les avait propulsés sur le devant de la scène. Musicalement oui, mais d’un point de vue scénique, on va dire qu’un petit virus a quelque peu compliqué les choses. Et on était à se demander ce qu’ils allaient faire par la suite : essayer de promouvoir leur troisième album ou bien en créer un quatrième ? C’est la deuxième option qui a été choisie.
Tout démarre avec « Exhaler » avec la guitare acoustique et la douce voix d’Evan. Tout est calme, posé. On entend en fond la lap steel guitare de Wayne, de quoi rappeler fortement les racines folk américaines du groupe. Les orchestrations se mettent tout doucement en place, bref pour l’instant on navigue en terrain connu.
Le virage amorcé vers un style plus progressif et un peu moins folk lors du précédent opus se confirme dans celui-ci. Mais ce qui surprend beaucoup, c’est l’utilisation de nouvelles sonorités qu’on n’avait encore jamais entendues. C’est le cas notamment avec le début de « Woolgatherer » au chant clair et aux synthés électro qui donnent un effet très planant. Avouons que c’est assez intriguant venant de Wilderun, mais cela met en évidence une volonté de renouveler leur son. Il faut également noter que les riffs de guitare sont beaucoup plus mis en évidence, dans le but de rappeler que c’est un groupe de metal. On peut notamment l’entendre dans « Distraction II » qui démarre sur quelques trémolos avant quelques riffs bien rentre-dedans qui donnent furieusement envie de secouer la tête.
La guitare prend certes beaucoup de place, mais les orchestrations de Wayne et Dan se révèlent également indispensables pour le son de Wilderun. Elles sont bien présentes et toujours aussi imposantes (comme pour « Passenger ») et mettent en valeur le niveau de composition très complexe du groupe. Tellement complexe qu’ils peuvent même se permettre de « produire du chaos » comme avec « Distraction Nulla » qui démarre aux synthés électro avant de partir dans un impressionnant tourbillon de décibels. Avec le growl bien caverneux d’Evan et les blasts beats de John, on peut se demander s’ils ne viennent pas de produire leur premier son black metal ! Le chant d’Evan, quant à lui, reste toujours fidèle à lui-même, doux lorsqu’il s’agit de passage calme et un peu agressif lorsqu’il s’agit de rentrer dans le lard. Comme dit, l’adaptation du chant au style reste primordiale.
En définitive, Wilderun signe ici un album classique au regard de sa discographie, mais ne tombe pas pour autant dans le piège du pilotage automatique. On retrouve les divers styles du groupe (folk/symphonique/progressif) mis en valeur de manière assez différente selon les chansons, ce qui permet à l’album d’être varié. Un bon Wilderun pour démarrer 2022, que demander de plus ?
Note : 7.5/10
Tracklist :
- Exhaler
- Woolgatherer
- Passenger
- Identifier
- Ambition
- Distraction I
- Distraction II
- Distraction III
- Distraction Nulla
- Everything In Its Right Place [Bonus Track] (Radiohead Cover)
- Exhaler [Bonus Track] (Synth Mix)
Extrait de l’album :