Me revoilà partie pour de nouvelles aventures, à Berlin cette fois-ci, mais en solo (je m’étais déjà rendue dans la capitale allemande en février 2017, mais accompagnée de ma collègue Auregann). A deux ans d’intervalle, un facteur commun m’a motivée à faire le déplacement. Vous vous en doutez, je veux parler de Munarheim, que je m’apprêtais donc à voir pour la neuvième fois (déjà!) en ce samedi 16 novembre. Comme en 2017, c’est l’association Singularity Records qui organise cette date, baptisée « Singularity Encounter 666 », se déroulant à la MJC Jufuhaus. Aux côtés de Munarheim, deux autres formations allemandes sont à l’affiche de la soirée : Krähenfeld et Varus.
L’ouverture des portes était prévue à 20h, et le début du concert une heure plus tard. Ne connaissant pas la salle, je quitte ma chambre d’hôtel aux alentours de 19h30, pour faire en sorte d’arriver sur place un peu avant l’ouverture des portes. La chance m’a souri en sortant de la station de métro, je reconnais au loin deux fans de Munarheim, que j’avais déjà croisés à plusieurs reprises. Je fais donc le trajet jusqu’à la salle avec eux, au moins, cela m’aura évitée de me perdre ! Une fois arrivée, je retrouve au bar Pascal, chanteur de Munarheim, et en profite pour discuter un peu avec lui. Je me place ensuite devant la scène (très basse), et attends patiemment le début du concert.
Finalement, Krähenfeld débutera son set à 20h40, et non à 21h comme je le pensais. Le quintet, composé d’un chanteur, de deux guitaristes, d’un bassiste et d’un batteur, est originaire de Krefeld en Rhénanie-du-Nord-Westphalie. Le groupe a sorti son premier album Vergänglich l’année dernière en auto-production. Je l’avais écouté sur YouTube, et un détail m’avait gênée : la voix, légèrement forcée. Je reste cependant optimiste, peut-être cela se fera moins sentir en live.
Les musiciens entrent en scène sur l’introduction instrumentale « Einsam », et sont dos au public. Le chanteur les rejoint pour le premier morceau, « Wachkoma ». Tous les membres du groupe sont maquillés façon corpse paints, et le bassiste est encapuchonné. Krähenfeld officie dans un post-black mélancolique pouvant rappeler d’autres formations germanophones telles que Harakiri for the Sky ou Der Weg Einer Freiheit. Parfois dissimulé sous la fumée, le groupe est éclairé par des lumières bleutées, renforçant cette ambiance atmosphérique. Pour une petite salle, le son est plutôt bon, et je suis agréablement surprise par la voix du chanteur, qui passe beaucoup mieux qu’en version studio. Celui-ci semble vivre ce qu’il chante, et s’agenouille, souvent dos au public lors des passages instrumentaux. Les paroles sont intégralement en allemand et en chant hurlé, écorché à vif dans une veine DSBM.
Hormis l’introduction et l’interlude, les morceaux sont assez longs (autour de dix minutes). Ce serait justement le seul bémol que je mettrais, je trouve qu’il y avait quelques petites longueurs pendant certains passages instrumentaux. Mais à part cela, rien à redire, c’était très mélodique et mélancolique, et parfois épique, notamment lors de certains solos. Pour le dernier morceau, le chanteur sort de scène avant les musiciens, qui concluent le set sur un long passage instrumental, après une heure de jeu. Le chanteur revient une dernière fois sur scène pour remercier le public (qui n’est d’ailleurs pas venu en nombre, nous étions une trentaine dans la salle, mais cela ne nous a pas empêchés de faire honneur aux trois groupes présents ce soir). En tout cas, pour une première partie, le set a duré longtemps, heureusement que j’ai apprécié !
SETLIST : Einsam (intro) / Wachkoma / Ewig / Krankheit Mensch (interlude) / Leere / Endlich / Melancholie der Engel
Je pensais que Munarheim joueraient en dernier, mais non, les musiciens du groupe font déjà le changement de plateau. D’un côté, cela m’arrange, ma patience sera moins mise à rude épreuve, mais d’un autre côté, je me demandais donc si je resterais pour Varus ou pas. Cela dépendra de ma motivation et de mon état de fatigue, j’aviserai après ! Lors des balances, je réagis immédiatement lorsque j’entends les samples de « Mosaik », mon morceau préféré du dernier album Willens & Frei. Ô joie, ils vont la jouer ! A peine me suis-je remise de cette première émotion que je réalise que le set commence justement sur cette chanson ! Pour ce concert, tous les membres du groupe sont présents, excepté la flûtiste Ramona. On peut cependant compter sur l’énergique deuxième flûtiste Sabine. Comme d’habitude, tous les membres sont vêtus très élégamment. Pascal, le chanteur, rejoint ensuite le reste du groupe sur scène. A côté de son micro est posé son traditionnel verre de vin. Bien que « Mosaik » ait été légèrement écourté, je n’ai pas pu retenir mes larmes sur ce morceau aux élans folk/celtiques que je trouve absolument magnifique. Lors du bridge, le public tape dans les mains. Durant tout le concert, certains fans se sont également plu à chanter (je faisais de même, mais ne parlant pas allemand, ce fut plus laborieux). En tout cas, de ce que j’ai vu, tout le monde headbanguait.
Ce que j’aime chez Munarheim, c’est sa capacité à se renouveler, que ce soit sur album ou sur scène. Pour moi, chaque concert du groupe est unique, et il y a toujours un petit quelque-chose qui fait que chacun d’eux est différent. Ce soir, lors de mon adoré « Urkraft », Pascal se couvrira le front de faux sang, qui coulera par la suite sur le reste de son visage. Pour l’avant-dernier morceau « Mein Weg », celui-ci retirera sa chemise pour se retrouver en marcel déchiré, on pouvait également distinguer sur sa peau du faux sang, et la setlist finira tout aussi ensanglantée. Pascal vivait tellement ce qu’il chantait qu’il a fini par s’écrouler au bord de la scène, sur les retours, comme s’il avait rendu l’âme.
En parlant de la setlist, celle-ci mettait en exergue le dernier album, mais le groupe n’a pas pour autant délaissé ses morceaux plus anciens, que j’affectionne tout autant ! Depuis le temps, j’anticipe chaque petit rituel du groupe, comme par exemple sur « Urkraft », lorsque Pascal encourage le public à scander des « Hey ! ». Pour « Liberté », le chanteur tendait son micro au-dessus du public, qui criait avec liesse le titre du morceau. A plusieurs reprises, Pascal descendait de scène et allait à la rencontre du public, pour chanter devant certains fans en leur tenant la tête (j’en faisais partie, et c’était une fois de plus intimidant d’être en face de ce frontman à la prestance rare!). Pour le final de « Nachtmelodie », le guitariste Helge s’est également joint à Pascal dans la fosse, puis nous avons tous headbangué en cercle ! L’ambiance était si bonne que le batteur Wolfgang en a même fini par jouer debout !
Que dire d’autre, si ce n’est que je n’ai pas vu cette heure de set passer tant ce concert était fabuleux. Le fait que nous étions si peu nombreux dans la salle rendait l’ambiance intimiste, mais comme l’a dit le groupe sur sa page Facebook le lendemain : « vous avez prouvé que trente personnes pouvaient mettre l’ambiance comme si elles étaient trois-cents ! ». Peut-être mon dixième concert de Munarheim se fera à Erfurt et/ou Wurzburg en début d’année prochaine, en tout cas, j’espère revoir mes petits chouchous bavarois très vite !
SETLIST : Mosaik / Willens & Frei / Stolzes Wesen Mensch / Urkraft / Dein ist der Tag / Weiße Rose / Liberté / Ruhelos / Vergebung / Feuer & Schwert / Mein Weg / Nachtmelodie
J’ai finalement choisi de rester pour le set de Varus, car je n’avais jamais vu le groupe en live, et je n’étais pas à l’abri de faire une bonne découverte. Comme pour Krähenfeld, j’avais écouté le premier et unique album à ce jour, Till the Sun Rises, sorti en 2014, sur la page Bandcamp du groupe, et là aussi, j’avais fait un petit blocage sur la voix. J’ai eu la preuve plus tôt ce soir qu’il n’en serait pas forcément de même en live, c’est pourquoi j’ai tenu à rester jusqu’à la fin du concert.
Varus est originaire de Bamberg en Bavière et prend la forme d’un quatuor comptant un chanteur multi-instrumentiste, un guitariste, un bassiste (vêtu d’une jupe traditionnelle et arborant sa corne à boire) et un batteur. Le nom du groupe renvoie au général romain Publius Quinctilius Varus, dont l’armée a été vaincue par des tribus germaniques lors de la bataille de la forêt de Teutobourg en l’an 9 après Jésus-Christ.
Musicalement, j’ai retrouvé chez Varus un petit côté Munarheim, avec ces sonorités folk, épiques et symphoniques. Le groupe qualifie d’ailleurs sa musique de « Epic bombast metal », « bombast » que l’on pourrait traduire par « grandiloquence ». Et effectivement, les orchestrations contribuaient à cet aspect emphatique… au risque de rendre l’ensemble un peu trop « fouillis » par moments. Malgré cela, j’ai apprécié la prestation, le groupe était énergique, et la voix du chanteur ne m’a finalement pas déplu. Je disais plus haut que celui-ci jouait de plusieurs instruments, et je tiens à saluer cette performance d’avoir assuré en un seul set les parties de chant, de flûte, de claviers et de bouzouki. Quant au guitariste, celui-ci secondait le chanteur de ses chœurs épiques.
Lors d’un titre plus festif aux airs finntrolliens, le groupe a trinqué avec le public. Le morceau suivant était plus horrifique, et les membres de Munarheim se sont joints à nos côtés au premier rang pour headbanguer (et pour danser dans la salle d’une manière délicieusement ridicule). Le chanteur de Varus est également descendu dans la fosse un peu plus tard, au milieu des fans. Comme pour les deux groupes précédents, le set a duré environ une heure, et je suis repartie de cette soirée comblée, ravie d’avoir revu Munarheim et d’avoir fait deux bonnes découvertes !
SETLIST : The Awakening / One Day / Tränk Dein Herz / Wandel Der Zeit / Nebelreiter / Ein Lebewohl / Ascheregen / A New Dawn / Die Letzte Schenke