Varus – A New Dawn

La scène folk/pagan metal allemande se montre plutôt florissante ces derniers temps, avec pas mal de formations underground venant reprendre le flambeau après Equilibrium, Wolfchant, Suidakra… Je pense bien évidemment à Munarheim, mais également à Kambrium, Dvalin, Mornir, Varus… C’est justement à ce dernier auquel nous allons nous intéresser.

Varus nous vient de la jolie ville de Bamberg en Bavière et est né des cendres de Banjaxed en 2012. De 2010 jusqu’à cette année-là, le groupe interprétait aussi bien des reprises que des morceaux originaux. Comme expliqué dans mon live report du concert à Berlin en novembre dernier aux côtés de Munarheim et Krähenfeld, le nom du groupe fait référence au général romain Publius Quinctilius Varus, dont l’armée a été vaincue par des tribus germaniques lors de la bataille de la forêt de Teutobourg en l’an 9 après Jésus-Christ.

A l’écoute du premier album Till the Sun Rises, paru en auto-production en 2014, j’avais apprécié ce mélange efficace entre metal symphonique, folk et épique. Toutefois, un élément me dérangeait, et pas des moindres : le growl du chanteur Maximilian Raab, trop forcé et caricatural à mon goût. Dès l’année suivante, le line-up commence à évoluer, et c’est son frère Konstantin qui le remplace, assurant également les parties de claviers, de flûte et de mandoline. Et après avoir découvert le groupe en live, j’avoue préférer la voix de Konstantin (sans rancune Maxi!). On retrouve également au sein du groupe Stefan Schwarz (guitares/chœurs), Norbert Caspar (basse) et Max Betz (batterie).

Varus a récemment annoncé la sortie de son deuxième album intitulé A New Dawn pour le 27 juin prochain, et paraîtra comme son prédécesseur en auto-production. Si l’on observe la tracklist ainsi que la durée des morceaux, on remarque plusieurs choses : certaines chansons sont chantées dans la langue de Goethe, d’autres dans celle de Shakespeare. Par ailleurs, pour une durée totale quasiment similaire (environ quarante-cinq minutes), la durée moyenne des morceaux se situe autour de quatre-cinq minutes, mais l’on compte trois morceaux de moins sur A New Dawn, remplacés par deux pièces maîtresses de près de dix minutes (le titre d’ouverture « The Awakening » et le morceau central « Ein Lebewohl », se traduisant par « Un Adieu »). A noter que ce morceau a été composé en hommage à Eddy, guitariste de Wolfchant, décédé tragiquement en 2017. Konstantin a d’ailleurs participé aux arrangements des parties orchestrales pour le groupe.

Varus qualifie son style de « Epic Bombast Metal ». Concrètement, on a affaire à un metal extrême où se côtoient de nombreuses influences, notamment de la musique classique, traditionnelle et rock/metal. Les thèmes les plus fréquemment abordés sont les légendes et mythes locaux, la guerre, la boisson (houblonnée de préférence), ainsi que les événements historiques.

Si les parties symphoniques avaient tendance à rendre l’ensemble « fouillis » lors du concert à Berlin, le groupe s’éparpille bien moins sur son nouvel album studio et se révèle être beaucoup plus en place, un signe évident de maturité. Quelques passages menés par les orchestrations mériteraient encore d’être davantage mis en avant (notamment dans « The Awakening ») afin de créer plus d’intensité, mais dans l’ensemble, Varus parvient à instaurer cette ambiance épique et grandiose, donnant soif d’aventures, que l’on attend d’un groupe de metal symphonique. « Ascheregen » (« Pluie de cendres ») se démarque néanmoins pour son côté plus direct et des orchestrations plus sombres et menaçantes. La présence de la chanteuse d’opéra Anna Rosenfeld comme invitée sur trois morceaux (« The Awakening », « A New Dawn » et « Ascheregen ») est un véritable plus, renforçant l’aspect grandiloquent. Associé à ce chant, les orchestrations rappellent surtout Fleshgod Apocalypse et Ex Deo, mais aussi Equilibrium dans son âge d’or et Finntroll.

Lors des chansons à boire que sont « Tränk Dein Herz » et « Die Letzte Schenke » (« La Dernière Taverne »), on retrouve justement ces claviers finntrolliens entraînants. Sur ce dernier morceau, festif à souhait, l’association guitare/claviers rappelle Equilibrium période Erdentempel, mais aussi Alestorm lorsque les claviers prennent les sonorités de l’accordéon. Le growl du guest Michael Bachmann (Empyreal) complète bien celui de Konstantin et apporte davantage de puissance. Sur les autres morceaux, les claviers renforcent le côté épique, mais adoptent aussi des sonorités néo-classiques (conclusion de « Ein Lebewohl »).

Les morceaux sont principalement menés par le growl de Konstantin, tantôt black, tantôt plus caverneux (« A New Dawn » et « Wandel Der Zeit » (« Changement d’heure »)). Sur le titre éponyme ainsi que sur « The Minstrels Chant » (lors duquel Konstantin déclame son texte sur un ton growlé parlé, tel un ménestrel metalleux qui conterait une histoire), les chœurs épiques et aventureux de Stefan s’ajoutent à ce chant, renforçant ce sentiment de vivre une épopée.

Les accords et riffs de guitare sont bien souvent dans un esprit « Hard Rock/Heavy Metal », mais aussi thrashy (« Tränk Dein Herz »), power (solo de « Wandel Der Zeit ») et black/death mélodique/épique dans la veine d’Ensiferum et Wintersun (« The Awakening », solo amorçant une accélération black dans « Ein Lebewohl », « Wandel Der Zeit »…). Toutefois, certaines sonorités, davantage typées rock prog’ à la croisée de Pink Floyd (intro de « Ein Lebewohl ») et Jethro Tull (« The Minstrels Chant »), se montrent bien plus inattendues. La guitare n’est pas le seul instrument qui véhicule ces sonorités, les incursions de la flûte et des claviers y contribuent aussi grandement (« Wandel Der Zeit » et « The Minstrels Chant »). Les influences folk sont plus marquées de par la présence de la flûte dans « A New Dawn », mais cela est plus flagrant dans « Ein Lebewohl », lorsque celle-ci est associée à la mandoline et adopte des sonorités tantôt slaves, dans la lignée d’Arkona et Sur Austru, tantôt celtiques. C’est également le cas dans le titre médiéval/rock prog’ « The Minstrels Chant ».

Sans être révolutionnaire dans son genre, c’est donc un album varié aux compos bien ficelées que nous offrent les Teutons de Varus, avec pour principal mot d’ordre : « épique », au sens grandiose du terme !

Fée Verte

7/10

Tracklist :

1. The Awakening
2. Tränk Dein Herz
3. A New Dawn
4. Ascheregen
5. Ein Lebewohl
6. Wandel Der Zeit
7. The Minstrels Chant
8. Die Letzte Schenke

Sortie : 27/06/2020

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