Pour conclure cette belle année 2022 riche en émotions, quoi de mieux que de passer un bon moment avec The Hu ? 

Le célèbre groupe de rock mongol était de passage à Zürich dans le cadre de leur Black Thunder Tour qui permettait la promotion de leur deuxième album Rumble of Thunder. Ma chronique de ce dernier est d’ailleurs toujours disponible en cliquant ici. L’occasion était rêvée pour enfin voir un de mes groupes de rock préférés. 

Je pars donc de chez moi vers 16h pour arriver comme prévu vers 17h50 au parking souterrain situé juste à côté de la salle. 

En sortant du parking, j’arrive directement devant le parvis de la salle. Le Volkshaus de Zürich est un immense bâtiment construit en 1910 de base pour les ouvriers qui cherchaient un endroit où se ravitailler. La salle abrite donc un restaurant ainsi que diverses salles de réunion pour les entreprises…Mais surtout une salle de spectacle pour les concerts. 

En faisant mes recherches, je découvre avec surprise que bon nombre d’artistes et de groupes mondialement connus ont joué dans cette salle, comme AC/DC (à leurs débuts), Rage Against the Machine, Pearl Jam, Amy Winehouse…

Je fais un rapide repérage des lieux, puis je décide de me lancer dans la quête d’un petit ravitaillement, histoire d’avoir quelque chose dans l’estomac. Je tombe sur un petit fast-food qui fait des kebabs. La commande est difficile (pas facile de comprendre le suisse alémanique avec un accent turc et la cuisine qui tourne à plein régime) mais le kebab est bon ! 

Passé ce « festin », je repars à la salle de concert. A ma grande surprise, et en à peine 15 minutes, une énorme file d’attente s’est déjà profilée le long du bâtiment et coure jusque sur la route qui fait l’intersection. Je commence à m’inquiéter, redoutant de me retrouver tout derrière sans avoir l’occasion de bien voir mes chouchous. 

Pendant que nous patientons, j’entends au loin une voix rauque qui chante comme Louis Armstrong. Je regarde tout autour sans savoir d’où ça vient, puis je découvre avec surprise une voiture (de type Rolls Royce ?) qui s’avance au feu rouge. Un monsieur sort la tête de l’habitacle et chante donc du Louis Armstrong à tous ceux qui patientaient devant la salle. Le feu passe au vert et la voiture s’en va. Il y a des choses de la nature humaine qu’on n’explique pas…

Nous rentrons donc vers 18h35 et émerveillé, je découvre que tout le monde se précipite vers le dressing. Je file tout de suite dans la salle et j’arrive avec soulagement à me mettre tout devant. Une bonne chose de faite ! 

Il est 19h30 lorsqu’un monsieur débarque sur scène. Je découvre avec surprise qu’il y a en fait une première partie avant The Hu, alors que rien n’était annoncé officiellement. 

N’ayant pas réussi à trouver son nom (ni sur les affiches, ni sur Internet), je vais donc l’appeler DJ Jack, vu que son T-Shirt représentait Jack Torrance, personnage principal de Shining. 

DJ Jack arrive et passe donc quelques extraits des plus grands titres de rock et metal, comme « Roots » de Sepultura, « Killing in the Name » de Rage Against the Machine, « Master of Puppets » de Metallica, etc. Avec sa petite table de mixage, il fait des fondus en entrée et en sortie pour enchaîner les morceaux. 

Un moment donné, le son est coupé. Au début, on pense que c’est prévu, alors que non ! Un technicien arrive au pas de course pour vérifier les câbles : il y a bien un problème. Pendant que le technicien règle le problème, DJ Jack lance des « Hu ! Hu ! » à la foule, ce qui est considéré comme le cri de ralliement de The Hu. Le son revient et le set reprend de plus belle. 

Même si la démarche est louable, j’avoue m’être un peu ennuyé. Pour moi, trois quart d’heures c’est trop long. Mais ce qui est remarquable, c’est que le public chantait quelques fois en chœur, histoire de montrer qu’il connaît ses classiques ! Il est donc 20h15 quand DJ Jack salue la foule et repart dans les coulisses. Des techniciens débarrassent sa table pour laisser la place aux héros du jour. 

Il est 20h30 lorsque des claviers retentissent. Les membres de The Hu arrivent tous en même temps, provoquant l’hystérie générale. Chacun se place à son poste. C’est avec « Shihi Hutu » (issu du dernier album) que le groupe démarre. Et là, patatras ! Les micros sont quasiment inaudibles. Oh non, ils ne vont pas me faire ça pour une de mes chansons préférées ? Fort heureusement, le mix est corrigé et on entend bien mieux pour la suite du concert. 

Ayant une place en or, je ne peux qu’apprécier très grandement le jeu des musiciens qui y mettent beaucoup du leur. Le sourire se lit sur toutes les lèvres de tous les musiciens et ça c’est génial! 

Je suis tout d’abord fasciné par les instruments apportés sur scène, tant ceux-ci sont esthétiquement beaux et ont un son plutôt correct. On n’entend peut-être pas assez les morin khuur (les instruments à cordes frottées) mais est-ce du au fait que je portais des bouchons comme je fais à chaque concert ? Peut-être ou peut-être pas. 

En bref, toujours est-il que c’est impossible de ne pas frissonner devant ce spectacle. Gala et Enkush sont de vrais virtuoses en morin khuur, Temka est relativement tranquille avec son tovshuur (guitare traditionnelle mongole). Les deux percussionnistes Ono (aux tambours mongols) et Odko (à la batterie) battent la mesure sans jamais se marcher sur les pieds. On assiste à une vraie démonstration de l’art mongol. 

Et justement, la démonstration qui fait la renommée de The Hu est sans aucun doute le célèbre chant khoomei (ou chant de gorge). 

C’est notamment le cas lors de « The Great Chinggis Khan » avec la voix douce et éraillée de Jaya qui pose le contexte avant que tous les musiciens ne le rejoignent par leur chant grave et profond qui fait trembler les murs de la salle (au sens figuré hein). C’est franchement impressionnant ! C’est d’autant plus impressionnant que chaque musicien (même le guitariste Jamba et le bassiste Davaa) pratiquait ce chant ancestral, et des fois avec d’autres techniques. Je ne vais pas les détailler ici, mais sachez qu’ils ont utilisé entre autres les célèbres Kargyraa (le chant profond) et Sygyt (celui ressemblant à un oiseau qui chante), ce dernier étant la spécialité de Enkush. 

On connaît la réputation de The Hu comme ne maîtrisant pas la langue de Shakespeare. Toutefois, à ma grande surprise, Gala et Jaya se sont quand même adressés à nous plusieurs fois en anglais (« We missed you! », « Do you want one more song ? »…). Rien de très philosophique me direz-vous, mais largement suffisant lorsqu’on fait un concert. Cela crée du lien non négligeable avec son public. 

Ils parlent peu, mais l’ambiance dans le public est là. Des fois, ça sautille dans tous les sens lors de « Bii Biyelgee », d’autres fois ça lance des « Hey ! Hey ! Hey ! » avec l’iconique « Yuve Yuve Yu ». Et bien sûr, il y a aussi les « Hu ! Hu ! Hu ! » lancés en rythme de presque chaque chanson, comme pour « Wolf Totem ». 

C’est sur « This Is Mongol » que le groupe se retire sous les ovations du public. 5 minutes après et sous l’insistance du public, ils reviennent pour interpréter « Sad But True », reprise de Metallica et donc chantée…en mongol. La « patte The Hu » y est tellement présente qu’on dirait que c’est une de leurs chansons ! Et c’est donc sur cette dernière que le groupe remercie le public et s’en va définitivement sous les acclamations d’un public conquis. 

Voir The Hu a été une des expériences les plus intéressantes de cette année, voire de ces dernières années. J’ai absolument adoré chaque seconde passée avec ce groupe unique qui est malheureusement trop peu connu. Ils méritent clairement une plus large reconnaissance et j’en suis persuadé : elle viendra un jour. 

Je ne peux que vous recommander d’aller les voir, ne serait-ce que pour vous donner un aperçu de la culture mongole qui n’est au final pas si connue que ça. Oui c’est sûr, je vais les revoir parce que c’était absolument…hall »hu »cinant ! 

Setlist : 

• Shihi Hutu
• Shoog Shoog
• The Gereg
• The Great Chinggis Khan
• Hohochu Zairan
• Triangle
• Shireg Shireg
• Bii Biyelgee
• Tatar Warrior
• Yuve Yuve Yu
• Wolf Totem
• Black Thunder
• This Is Mongol
• Sad But True (reprise de Metallica)