En 2019 débarquait un groupe fraîchement formé en Lorraine par Christophe Voisin-Boisvinet et qui depuis a fait un bon bout de chemin. Un premier album Le Chant des Vikings était sorti en janvier 2019 (vous pouvez toujours retrouver ma chronique en cliquant ici).
Il était maintenant temps pour Skàld de reprendre du service et ce malgré le départ d’un de ses membres historiques Mattjö Haussy (parti fonder son projet Hrafngrímr) et surtout une « petite » épidémie qui a un peu chamboulé tous leurs plans…
L’album commence avec « Fimbulvetr », premier extrait dévoilé il y a quelques semaines de cela. On entend le bruit des vagues avec les mouettes les accompagnant. Un petit nyckelharpa retentit au loin avant que la douce voix de Justine ne prenne le dessus. La voix de Pierrick, grave et envoûtante, lui répond mais non sans une certaine réserve.
On l’aura compris : la thématique de l’album tourne autour de la mer. Tiens donc, ne serait-on pas en train d’assister à un match contre Ensiferum et son très bon Thalassic ? Que nenni, puisque contrairement à leurs collègues finlandais, Skàld prend le pari de chanter dans la douceur. Ainsi, un des éléments à remarquer est une plus grande présence du chant féminin, en l’occurrence celui de Justine. Alors que lors du premier album elle faisait principalement de l’accompagnement avec ses compères masculins, ici elle reste très souvent au premier plan, comme pour « Víðförla » ainsi que « Norðrljós ». Tantôt douce, tantôt puissante, elle nous transporte au gré des vents et des vagues qui se distillent à travers tout l’album.
Pour habiller tout cela, des instruments étaient nécessaires et justement ils sont tous là. Les percussions traditionnelles sont là pour marteler le rythme (et accessoirement faire bouger nos têtes) comme pour « Þistill Mistill Kistill », mais également les instruments à cordes comme le nyckelharpa ou bien le skáldharpa (inventé par le groupe lui-même !) qui sont toujours récurrents. On peut notamment l’entendre dans « Grótti » (avec son refrain qui sort difficilement de la tête dès qu’on l’entend). C’est d’ailleurs par ce titre qu’on peut dénoter un travail remarquable au niveau du chant masculin. Le groupe a semble-t-il réussi à outrepasser le départ de Mattjö, puisque le chant guttural arrive toujours à bien se marier avec l’instrumentation. Au point de créer une belle harmonie avec le chant féminin comme avec « Jörmungrund ». Le chant guttural est d’ailleurs presque guerrier comme pour « Hafgerðingar » où on peut imaginer aisément un attroupement de Vikings marcher sur le sable, en pleine conquête. Ce n’est que vers la fin de l’album que Pierrick se montre enfin au premier plan avec « Í Dansinum », sans les chœurs et simplement avec Justine.
Alors, que retenir de tout cela ? Skàld change légèrement de registre pour chanter dans un style plus intimiste, moins épique que pour l’opus précédent, mais tout aussi envoûtant. Les chœurs masculins sont peut-être un peu moins percutants que pour Le Chant des Vikings, mais la beauté des arrangements et le bon travail vocal nous font prendre conscience d’un élément essentiel. Les Vikings n’étaient pas des brutes sanguinaires qui détruisaient tout sur leur passage, mais bien un peuple ancestral qui entretenait un lien important avec la nature. Le foisonnement de cette dernière devait certainement les réjouir, mais que diraient-ils maintenant avec le réchauffement climatique et la destruction de la biodiversité ? Pour le bien de la planète, je ne dirai qu’une chose : écoutez Vikings Memories.
Note : 8.5/10
Tracklist :
- Fimbulvetr
- Jörmungrund
- Grótti
- Norðrljós
- Sækonungar
- Þistill Mistill Kistill
- Sólarljóð
- Víðförla
- Hafgerðingar
- Í Dansinum
- Nýr
Extrait de l’album :