Le Supersonic nous a offert ce vendredi 5 octobre 2018 une nouvelle date placée sous le signe du post-rock, avec en tête d’affiche le groupe américain Shy, Low, soutenu par deux groupes français : Féroces et GrimLake.
Je commence à avoir l’habitude avec le Supersonic. Le début du concert était prévu pour 20h15 mais il a fallu patienter un bon quart d’heure de plus.
C’est donc aux alentours de 20h30 que GrimLake entre en scène. Il s’agit initialement du projet solo du musicien parisien Mathieu Legros. Pour les prestations live, le groupe compte quatre musiciens : deux guitaristes (dont un également aux claviers), un bassiste et un batteur.
Le concert commence sur un air de claviers si mélancolique que l’on croirait presque du DSBM. Puis les notes de claviers illuminent l’ensemble, à la manière de groupes comme Explosions In The Sky. Le deuxième morceau se révèle plus énergique, et l’on peut entendre un peu de chant sous formes de chœurs à la God Is An Astronaut. Quant au morceau suivant, « Everything Everywhere », les samples de voix américaine associés aux claviers m’ont fait penser à Lost In Kiev. Divers effets sonores étaient également utilisés. GrimLake dévoile ici une facette épique, avec une très belle montée en intensité, comme ce fut également le cas pour les trois derniers morceaux. La fête a malheureusement dû être momentanément interrompue, car l’un des guitaristes a eu un petit problème de cordes. Une fois l’incident réglé, le concert reprend de plus belle. J’ai particulièrement apprécié les deux derniers morceaux, « Excited Thoughts » et « Absolute Zero ». Pour le premier, on démarrait en douceur à la guitare, puis aux claviers (la batterie se faisait discrète), quand soudain, c’est l’explosion sonore. Il y avait tellement de richesse dans le son qu’on aurait cru entendre les guitares chanter, comme pour Alcest. Quant à « Absolute Zero », la première partie était très mélancolique, avec une belle association entre les claviers et les samples de violon. Le final était lui aussi de toute beauté, avec une montée au chant, et des jolies mélodies de la guitare lead. Le set s’achève dans le plus grand calme, comme il a commencé, sur quelques notes de claviers.
SETLIST : When It Rains / Reality / Everything Everywhere / Digital Cut / Utter Strange / Clock / Excited Thoughts / Absolute Zero
Nous accueillons à présent le trio bisontin Féroces pour sa toute première date parisienne. Le groupe est composé de François Schauber à la batterie, Sébastien Descamps à la basse et aux claviers, et Jérôme Josselin à la guitare. Outre leur musique, ces derniers transmettent leur message par l’intermédiaire d’acteurs qui apparaissent dans des extraits cinématographiques projetés sur le côté de la scène. On comprend ainsi mieux la phrase de présentation du groupe qui est « Personne ne danse, personne ne chante ». Personne ne chante, effectivement. En revanche, je ne suis pas si sure que personne ne danse. Au contraire, les musiciens se montrent hyper dynamiques et s’éclatent vraiment sur scène. Cette attitude ne peut que me rappeler Toundra. En revanche, musicalement, Féroces propose plutôt un post-rock mélancolique enrichi par des influences pop et new-wave, d’où son appellation « post-rock nouvelle vague ». Le public est un poil dissipé lors des transitions, et le bassiste n’hésitera pas à remettre tout ce petit monde à sa place en réclamant un peu d’attention. Un petit coup de pub, cela ne fait pas de mal, celui-ci nous encourage à acheter les CDs et les vinyles du groupe à l’espace merch’. « Profitez-en, on accepte la carte bleue […] et cela nous permettra de remettre de l’essence dans le camion ». Le groupe a lui aussi été victime de petits problèmes techniques. Celui-ci s’excusera d’ailleurs pour les lumières qui étaient légèrement épileptiques. Nous avons dû patienter un peu le temps que le guitariste change de guitare pour la deuxième partie du set. « Profitez-en pour discuter entre vous ». Le concert prendra fin « sur une note plus positive » … ou pas, puisque le dernier morceau interprété sera « Je veux pas mourir avant d’être morte ».
SETLIST : Carole / L’odeur du cuir / Une tempête de neige / Il a bien fallu que je vive / Qu’est-ce-qu’on va devenir nous deux ? / Joséphine / Il peut très bien voler son avion / Même ça tu n’as pas le courage / Je veux pas mourir avant d’être morte
Faisons maintenant place à Shy, Low originaire de Richmond aux Etats-Unis. Le groupe est composé d’un batteur, de deux guitaristes et d’un bassiste. Ce concert est celui de tous les contrastes, avec une alternance entre des passages planants (à l’instar de groupes comme Mogwai et Mono) et des passages pesants (à la manière de Russian Circles ou Godspeed You! Black Emperor). L’évolution musicale du groupe provient notamment de l’arrivée du nouveau bassiste Shaun Reeves en 2015, ainsi que du contexte personnel et social des musiciens. Les derniers morceaux sont effectivement plus lourds et plus sombres. Le set est aussi intense musicalement que visuellement, si bien que cela envahit tout ton être. Certains passages étaient si rapides de par la présence de tremolo pickings et de blast beats que même le bassiste headbanguait. L’un des morceaux était enrichi par ce qui semblait être des bruitages de clochettes. En réalité, je me suis aperçue que le batteur avait délaissé quelques secondes son instrument pour jouer quelques notes de xylophone. La fatigue commençait à me gagner, mais j’ai été tellement prise par l’ambiance que je n’ai pas vu le concert passer. J’ai même été étonnée lorsque le groupe a quitté la scène, j’ai eu l’impression qu’il n’a joué qu’une malheureuse demi-heure …
SETLIST : Dialectics / « untitled new song » / Presence / Times Gone By / Dissension
Fée Verte