Nous y voilà, j’ai en main le dernier album de Rastaban, formation belge que j’ai connue et vue pour la première fois à Trolls et Légendes puis retrouvée au Castlefest cet été pour mon plus grand plaisir, et alors que je m’apprête à écrire quelques mots sur cet Arise flambant neuf, je m’aperçois que ce sont les premiers Belges que nous chroniquons chez Valkyries Webzine ! (Sauf erreur de ma part auquel cas aura lieu un démenti public devant la presse en direct sur chaîne nationale). Du coup, champagne et confettis, tchin tchin santé, un cul sec direct dans l’gosier et sans plus tergiverser, laissez-moi vous entretenir à propos de ce deuxième album de nos voisins francophones, Rastaban !
Déjà, le bel objet. Oui, c’est toujours plaisant d’acquérir un nouvel album d’un groupe auquel on porte de l’affection, et quand celui-ci vous émoustille alors que vous ne l’avez pas encore ouvert, on est sur le bon chemin ! Après la participation de Niiv Photography pour le premier album, c’est au tour de Brooke Shaden de prêter son objectif pour la cover du deuxième opus, et le résultat est sans appel, c’est puissamment beau. Pas juste beau, non, la globalité de l’image transmet un sentiment d’invincibilité qui galvanise l’écoute et qui trouve un écho certain sur le deuxième titre, éponyme de l’album, Arise (j’y reviendrai).
Alors donc, après m’être joyeusement perdu plusieurs heures dans ce dernier opus une soudaine épiphanie illumina mon esprit me permettant d’expliquer avec des mots le style propre du quintet. Rastaban c’est un peu comme une omelette. Tandis que pas mal de formations de folk voient leurs membres toucher à plusieurs instruments dans le but de varier les sonorités, Rastaban conserve une base musicale, via le duo didgeridoo / percussions respectivement joué par Luka Aubri / Mitch Rozek, formant ainsi une unité sonore chaude et organique (les œufs), à laquelle va se rajouter la guitare de Dominic Marchal au style aussi classique qu’efficace (les lardons). Puis c’est avec Marine Libert au chant, Stephane Késenne au violon et quelques invités que l’on va assaisonner notre omelette afin de donner à chaque titre une saveur unique. La comparaison vous parait-elle plus légitime ? Non ? M’en fous, elle me plait.
Plus sérieusement, Rastaban a fait sur cet album un travail de composition remarquable où les atmosphères s’enchaînent à l’image des montées et descentes de montagnes russes faisant varier nos émotions sur des titres où se cachent quasiment à chaque fois une petite particularité qui surprend et exacerbe l’envie de continuer l’écoute. Une touche de mysticisme sur Dance of Bliss qui voit le didgeridoo se déchaîner en de multiples « gargouillements » profonds et organiques, la mélodie entraînante et déterminée de Zora qui surprend à chaque fois par l’arrivée inopinée de la langue française, une interlude à la harpe qui change le ton de l’album en nous diffusant une mélodie lumineuse et enchanteresse, ou encore l’Aube des Dieux qui nous partage entre la danse enfiévrée du violon et le ton sombre et bouillonnant de Marine qui menace et ferait presque peur.
Et c’est sans parler du deuxième titre qui, selon moi, transcende toutes les chansons et qui m’a à lui seul convaincu de la génialité de cet album. C’est la parfaite mise en musique de cette photo de cover. Un puissant mélange d’émotion où se mêle invincibilité et plénitude. Après tout le titre de la chanson parle de lui-même, Arise, l’on s’élève au-dessus de toute pensée néfaste ne laissant plus qu’un horizon lumineux de joies infinies ! Rien que ça ! Et c’est habilement retranscrit musicalement par une alternance de couplets, menaçants soutenus par le jeu de violon de Stéphane, saccadé, comme hanté d’incertitude auquel se mêle la voix de Marine sur le même ton avec une rythmique marquée qui fait croître un léger malaise qui se dissipe instantanément au couplet suivant lorsque tout reprend de la fluidité, la guitare se faisant guillerette, le violon se faisant mélodieux et surtout, le chant de Marine qui se fait doux et protecteur, presque maternel dans lequel vibre une sincérité indéniable. Et après nous avoir fait voguer entre ces deux extrêmes, on relâche définitivement la tension en un duo envolé de violon et de vielle à roue avec en guest Fieke Van Den Hurk de Cesair ! Cette chanson est un coup d’éclat de génie.
Et pour finir, j’ajouterai qu’à tout ça, on y ajoute les participations de Spyros Giasafakis et Evi Stergiou de Daemonia Nymphe sur Rusalka, Mathieu Lacrosse et Arno Polet de La Horde sur Moja Dusa, et Sophie Zaaijer de Cesair sur Moja Dusa (aussi).
Du beau monde, de la bonne musique et une formation qui démontre ses qualités en un, seulement, deuxième album exquis. Voilà qui donne à Rastaban de quoi se faire une place de choix dans le monde de la musique Folk !
Grymauch
NOTE : 9/10
Tracklist :
- Anadolka
- Arise
- Dance Of Bliss
- Hore Dolom
- Zora
- Moja Dusa
- Interlude
- Finis Terrae
- Rusalka
- L’Aube Des Dieux
- Free Money (bonus track)
Sortie : Juillet 2015
Lien du groupe : Facebook, Bandcamp.
Je suis sous le charme ! Cet album est d’une évasion sensationnelle. Entre le charme désertique d’Anadolka, la festivité de Zora ou la grandeur de Arise, il y a de quoi être ébloui. L’album est très bien produit, l’instrumentalisation est variée et magnifique, et la voix de Marine est d’une beauté sincère et enivrante.
L’authenticité se ressent dans chacune des chansons, le groupe mettant fièrement les diverses cultures en musique, en témoigne la participation de l’excellent groupe Daemonia Nymphe, entre autres.
Les textes sont forts et beaux en même temps, c’est enchanteur et vibrant.
Cet album est un coup de maître, tout simplement.