Ils n’étaient certainement pas là pour chanter « I’m a Barbie girl », ni pour raconter des blagues salaces, sinon la capitale de la Suisse ne se serait pas autant mobilisée que cela. Les légendaires Rammstein était de passage dans le cadre de leur première tournée de stades dans leur histoire vieille de 25 ans ! Nouvel album, nouveau spectacle, c’était quelque chose à ne pas manquer ! Et comme je faisais partie des 40 000 chanceux à avoir réussi à arracher in extremis un billet, l’occasion était trop belle.
Avant de rentrer dans le vif du sujet, j’arrive sur place en fin de matinée. Voulant d’abord me garer dans le parking souterrain du stade, je suis stoppé dans mon élan par une responsable de la sécurité me posant la question fatidique (avec l’accent suisse) : « Est-ce-que vous allez au concert ce soir ? (Ou bien) » Zut, je suis repéré ! C’est sur ses indications que je me gare finalement sur un parking à 2 pas du stade.
Avant de commencer toute chose, j’en profite pour visiter le centre-ville historique de Bern (classé au patrimoine mondial de l’UNESCO), bénéficiant alors d’un soleil absolument radieux. J’avoue avoir bien aimé le centre-ville, parce qu’il montre une certaine ancienneté, une histoire intéressante ! Fortement conseillé si vous cherchez le dépaysement suisse…
Pour vous donner un petit aperçu :
C’est vers 16h que je pénètre dans l’enceinte du stade, à la recherche de ma place attitrée, non sans avoir pris au passage une petite boisson. Et là … patatras ! C’est le drame ! C’est la France au Mondial 2006 … Ma place assise était située exactement là où je pouvais voir la tonnelle du bar ! Et c’est quasiment tout … Autant vous dire que mon emplacement était pourri ! Du coup, telle une petite souris, je me suis glissé avec discrétion dans la fosse (qui était largement accessible à Pierre, Paul et Jacques) pour qu’enfin je puisse avoir un bon point de vue ! De bonne augure pour ce qui allait suivre …
Duo Jàtékok
Il est 19H (oui, j’ai attendu trois heures en plein cagnard …) lorsque retentit les notes au piano de la première partie. Alors que les rumeurs annonçaient Baby Metal comme potentiel première partie, c’est finalement Duo Jàtékok qui a été retenu. On peut fièrement crier Cocorico, puisque ce sont des Françaises ! Originaires de Paris, Adélaïde Panaget et Naïri Badal ont créé leur duo en 2007 avec un nom faisant référence à une pièce du compositeur hongrois György Kurtág et qui veut dire « jeux » en hongrois. Leur credo est donc le piano à quatre mains. Elles ont déjà fait la première partie de Rammstein en 2017 lors de leur passage aux arènes de Nîmes.
Lorsqu’on les entend jouer, on ne sait pas où est-ce qu’elles jouent, puisque nos regards sont tournés vers la scène principale. Mais c’est en me retournant que je découvre avec surprise qu’elles étaient sur la plateforme (installée pour l’occasion juste derrière moi). On aperçoit que vaguement le haut de leurs têtes, mais le son reste relativement bien audible.
La particularité de leur setlist était que ce n’était que des chansons de Rammstein ! J’avoue n’avoir pas reconnu l’ensemble des morceaux joués, mis à part « Mein Herz Brennt », « Frühling in Paris », ainsi que « Sonne », ce dernier qui je l’avoue avait été mon coup de cœur ! On se rend finalement compte que Rammstein au piano, ça sonne hyper bien !
En revanche, ce qui m’a fortement déplu, c’est l’attitude du public qui continuait de discuter comme si de rien n’était ! Même lorsque chacune des musiciennes prenait la parole au micro, on n’entendait strictement rien à cause du brouhaha ! Imaginez plus de 40 000 personnes parlant en même temps…
En tous les cas, ces trois-quarts d’heure sont passés relativement vite ! Malheureusement, à l’heure où j’écris ces lignes, aucun album de reprise de Rammstein n’a été enregistré par le duo. En revanche, en demandant des infos à mon ami Google, je découvre que le groupe a fait réarranger (sous la houlette de Paul Landers) certaines de ses chansons au piano pour en faire un album de reprise ! Celui-ci s’intitule XXI – Klavier et a été publié en 2015. Clemens Pötsch en est le pianiste interprète.
Rammstein
C’est vers 20h15 (donc avec un quart d’heure de retard certainement à cause du soleil qui se couchait lentement) que le groupe démarre en grandes pompes au son des gros cuivres symphoniques, à la Richard Wagner. C’est ensuite que le batteur Christoph Schneider s’avance. Un coup de grosse caisse, quelques feux d’artifices et c’est parti avec une chanson du nouvel album, « Was Ich Liebe ». Au fur et à mesure de la chanson, tous les musiciens arrivent un à un pour qu’ils soient ainsi tous au complet.
L’ambiance est relativement calme, mais c’est de courte durée lorsque le groupe enchaîne avec le très cultissime « Links 2 3 4 » avec son rythme martial. De suite, Till se met littéralement en ordre de marche. Doktor Lorenz, plutôt voyant avec son costume à paillettes, met son tapis de course en marche et les gros riffs retentissent, nous mettant dans un sacré émoi !
On a à peine commencé que déjà le groupe sort l’artillerie lourde, avec les flammes lors de « Zeig Dich », également issu du dernier album éponyme (dont ma consœur Taarna vous a partagé ses impressions).
Paul Landers et Richard Kruspe se montrent particulièrement implacables avec leurs riffs. Oliver Riedel, dans sa tenue noire, reste très discret. Mais celui qui retient également l’attention est le légendaire frontman Till Lindemann, avec sa voix caractéristique. Il a pour habitude de taper le rythme des chansons sur son genou, sa marque de fabrique. En plus, c’était de base involontaire juste parce que l’os de son genou était un jour sorti (suite à un accident) et qu’il fallait le remettre en place ! Le public ayant aimé ça, c’est resté ! Il est tonitruant, il est charismatique … Mais il est surtout « muet », ce qui veut dire qu’il ne s’adresse pas un seul instant à la foule ! Des amis m’avaient déjà prévenu, mais au final cela ne m’a pas dérangé plus que ça, puisqu’on était « dans la magie » du spectacle !
A chaque chanson sa mise en scène. Et sur ce point-là, on ne peut le nier : Rammstein sont de véritables maîtres en la matière ! On passe tour à tour de l’émotion avec les ballades comme « Ohne Dich » (assez intimiste avec une guitare sèche et le clavier), donc avec un jeu de lumières adapté, jusqu’à la folie destructrice comme avec « Puppe » (que j’attendais particulièrement, cette piste étant une de mes préférées). Dans celle-ci, Till sort une poussette avec une poupée à l’intérieur qu’il brûle lors du refrain hurlé comme un cri de folie (« Un travail de tout une vie », m’a dit modestement mon prof de chant). Très impressionnant en live !
S’il y a bien un élément qui fait la marque de fabrique du groupe, ce sont les effets pyrotechniques ! Ceux-ci vont de la plus petite flammèche à la colonne de feu de plus de 20 mètres de haut ! Je trouvais qu’il faisait chaud ce jour-là, mais avec les flammes, il faisait encore plus chaud ! Bref, de quoi nous en mettre plein les yeux ! Honnêtement, je n’ai jamais rien vu de tel, donc je dirai juste un mot : Waouh !
Et comme si ça ne suffisait pas, tous les titres chantés ce soir-là sont parmi les plus gros succès du groupe, comme « Du Hast », « Mein Teil », « Heirate Mich », « Pussy », l’incontournable « Sonne » … Ainsi que les nouveaux titres, comme « Deutschland ». Pour ce dernier on voit alors le guitariste Richard Kruspe s’improviser DJ de boîte de nuit sur la plateforme montante avec les autres membres du groupe qui revêtent des costumes en latex lumineux et qui dansent sur un remix ! Avant bien sûr que la vraie chanson ne prenne le pas …
Un moment donné, alors que le groupe disparaît, on se pose la question : « Quoi ? Déjà fini ? » Hé bien détrompez-vous ! C’est au bout de quelques minutes qu’on voit le groupe monter sur la plateforme (où était le Duo Jàtékok) et entonner « Engel » en version piano-voix, toute la foule chantant en chœur ! Avec les lumières des portables, c’était assurément un beau moment ! Ce qui était très drôle, c’était lorsque chaque membre du groupe descendait de la plateforme et sortait son canot pneumatique et allait dedans, en se faisant porter par la foule jusqu’à la scène principale ! Élément de mise en scène qui annonçait d’ailleurs la prochaine chanson, « Ausländer », où dans leur clip, ils viennent sur l’île perdue en canot pneumatique … Que c’est bien trouvé !
C’est avec « Ich Will » que le set s’achève, sous les applaudissements bien nourris de la foule. Et c’est là que Till dit assez timidement « Danke Bern ! Vielen Dank ! ». Oh wow, il a parlé ! Le dernier coup d’éclat du groupe est lorsque tous les membres vont sur la plateforme montante, en saluant la foule et en disparaissant soudainement derrière l’écran, sous un crépitement de feu d’artifices. Avant qu’un générique se s’affiche, remerciant toutes les personnes ayant contribué au spectacle.
Je vais être clair : j’en ai vu des concerts. Mais celui que je viens de voir sera difficilement à battre, puisqu’il s’agit ni plus ni moins du meilleur concert que j’ai pu voir jusqu’à présent ! Le seul petit petit bémol que j’adresserai sera au niveau de la setlist, puisque le groupe a passé sous silence « Reise Reise », « Mutter » ou bien « Feuer Frei » que j’aurais bien aimé entendre en live. Mais qu’importe, c’était de la bombe ! Peut-être que l’occasion se présentera de les revoir à nouveau …