Je me suis récemment autorisé un warm-up de musique bretonne au Pan Piper avant de me rendre le lendemain au Lid Ar Morrigan en terres mariligériennes (cet adjectif à l’apparence très savante désigne tout simplement les habitants de Loire-Atlantique). Pour ce dernier rendez-vous de la saison, Paris Celtic Live nous propose de partir à la rencontre de deux jeunes formations issues de la nouvelle scène bretonne : Noon et Ivarh. Initialement programmé au 11 février dernier, le concert a finalement été reporté au vendredi 13 mai. Les derniers concerts auxquels j’avais assisté au Pan Piper s’étaient faits assis. Cette fois-ci, on pousse les sièges pour avoir suffisamment d’espace pour danser !
Le nom « Ivarh » désigne un chemin de rencontre, où les gens se croisent. En dignes représentants de la scène bretonne actuelle, Ivarh propose une musique dite « post-trad », chantée en breton et inspirée des artistes du siècle dernier originaires de centre-Bretagne et du pays vannetais. Le quintet présente ce soir son premier album Splann paru l’an dernier.
Le voyage initiatique commence en douceur avec le bien nommé « Ar Veaj ». Tandis que les accords de guitare font penser à Dan Ar Braz, le saxophone semble remplacer le biniou ! Suite à l’air traditionnel « Er Park », le chanteur présente « Ar Gouloù Deiz » qui raconte la triste histoire d’un homme qui allait boire des coups au pub un peu trop souvent jusqu’à en devenir fou. Le quintet interprète ensuite un pot pourri composé de différentes danses de centre-Bretagne avant d’enchaîner sur une chanson plus calme originaire de Ploërmel. Le chanteur Elouan annonce l’instant promo et présente les autres membres du groupe : Pablo Molard à la guitare électro-acoustique et aux effets, Ewen Couriaut au saxophone, Benjamin Bessé à la guitare électrique et Thomas Bessé à la batterie et aux percussions. Ivarh rend hommage à un artiste breton disparu trop tôt que le groupe appréciait beaucoup. Faux départ pour le dernier morceau « Ha Pa Oen Me Bihan » aux sonorités futuristes !
SETLIST : Ar Veaj / Er Park / Ar Gouloù Deiz / Kreiz / Merc’Hied Plañvour / Kamdro / Ha Pa Oen Me Bihan
On vient de te refuser l’entrée en boîte de nuit parce que tu es arrivé en kilt ? Viens donc voir Noon !Après vingt minutes d’entracte, le set commence. Alors qu’Antoine Duchêne assure derrière sa table de mixage et par moments à la batterie, trois cornemusistes arrivent un à un sur scène. On retrouve Ewen Couriaut, décrit comme l’homme multitâche qui est déjà fatigué parce qu’il aura travaillé trois heures sur une journée, Pierre Thébault et Aymeric Bevan. Je ne connaissais absolument pas le groupe et je me suis pris une vraie claque ! Alliant airs traditionnels bretons et musique trap/electro, on pourrait décrire le groupe comme un « electro pipe band ». Tout le monde danse, on se croirait vraiment en discothèque, mais en mieux ! En plus des cornemuses, le tin whistle s’incruste de temps à autre.
Antoine explique que le groupe fait des concerts depuis cinq ans mais celui-ci n’a jusqu’à présent jamais rien sorti. Le musicien plaisante en ajoutant « Pour votre plus grand plaisir, vous n’aurez donc rien à acheter ce soir ! ». Cependant, le premier EP serait actuellement en préparation pour une sortie prévue cet été !
Noon propose un « encalme » avec l’enregistrement d’un collectage. Le collectage, késako ? Pour la sauvegarde de la culture bretonne, des jeunes gens allaient à la rencontre de l’ancienne génération de Bretagne afin que les vieilles traditions et la langue bretonnes perdurent. Le morceau est ainsi présenté comme une ode à la jeunesse.
Antoine nous conte ensuite une anecdote : normalement le groupe compte quatre sonneurs. Etienne Chouzier est le quatrième joueur de cornemuse qui manquait à l’appel ce soir, en voici la raison : le musicien était parti il y a quelques mois traverser l’Atlantique en voilier. A son retour, il a tellement bien fêté ça avec ses proches qu’il s’est endormi sur sa main qui s’est retrouvée totalement paralysée ! Alors ça c’est bien bête ! Heureusement, Etienne va mieux, il était même présent dans la salle, mais tout ce qu’il a été capable de faire, c’est de donner quelques coups de cymbale !
Après un court rappel, le groupe sort de scène après une heure de live. Avant de quitter la salle, j’ai fait une rencontre inattendue puisque j’ai aperçu un jeune homme qui port ait un t-shirt Dark Tranquillity ! Vous imaginez bien que je n’ai pas pu m’empêcher de partager mon amour pour le groupe avec lui à la fin du concert ! Un grand merci à Paris Celtic Live, à Lenn Production, à Noon et à Ivarh pour cette très bonne soirée !