On se souvient tous de l’enthousiasme qu’avait suscité le premier album du groupe australien de métal progressif. Ne Obliviscaris avait mis d’emblée la barre très haut avec Portal of I, condensé de technicité et d’émotion incroyable, dans un style black/death teinté de mélodies folk. La pression et l’appréhension sont à juste titre palpables. Les Australiens ont-ils réussi à nous vendre une fois de plus du rêve dans ce second opus ? Réponse tout de suite !
Citadel est plus court que son grand frère (respectivement 48min contre 1h11). Toujours est-il que pour un EP, le projet reste ambitieux, surtout en regard de la longueur des morceaux (entre 10 et 16 minutes pour les piliers qui le composent !). L’album est découpé en six pistes, dont trois faisant office d’intro, d’interlude et d’outro.
Cette intro, parlons-en justement ! « Wyrmholes » commence en beauté avec la douce mélodie du clavier et des chœurs mystérieux, mais un petit intrus calme rapidement nos ardeurs. Un violon grinçant au plus haut point, mais où est donc passé le virtuose qu’était Tim Charles dans Portal of I ? Ici on a plus l’impression d’écouter de la musique classique contemporaine. Si ce n’était encore qu’une simple erreur de parcours, passons. Le problème, c’est que ce satané violon irrite une fois de plus nos oreilles dans « Reveries from the Stained Glass Womb » et dans « Contorsions ». Dieu merci, ses autres interventions sont beaucoup plus agréables, mais quand un défaut est manifeste, on a malheureusement tendance à ne retenir que cela.
Pourtant, Citadel n’est pas dénué de qualités. Les morceaux fleuves sont redoutablement complexes, ce qui nous permet de ne pas être lassés tout au long de l’album, et de toujours découvrir quelque chose qui nous avait échappé précédemment lors des écoutes antérieures. Le niveau technique des musiciens est indéniable et nous en met vraiment plein les mirettes ! Les riffs de guitare de Matt Klavins et de Benjamin Baret sont terriblement acérés, et Dan Presland s’en donne à cœur joie avec ses infatigables blast beats ! Les compositions manquent peut-être parfois de logique et de cohérence, mais peuvent de ce fait faire penser à YES, ce qui est finalement loin d’être un reproche ! Ne Obliviscaris joue la carte de l’expérimental et s’improvise en alchimiste musical !
L’album se pose dans un style beaucoup plus death que dans Portal of I. Les voix black se font plus discrètes, mais le chant clair de Tim Charles est toujours de la partie, et vient contrebalancer l’agressivité de Xen. Ne Obliviscaris joue avec les extrêmes, passant d’un style puissant et entrainant à des passages plus posés. Dans le triptyque, le violon est cette fois plus agréable à entendre, et l’on retrouve les influences folk, déjà présentes dans Portal of I. L’association guitare/violon lors d’un des bridges de « Pyrrhic » est également très émouvante. Les accords de guitare et de violon frôlent le psychédélisme dans « Reveries from the Stained Glass Womb ». Dans le titanesque « Pyrrhic » (du nom de Pyrrhus Ier, roi des Molosses au IIIe siècle avant Jésus-Christ, vous comprendrez la référence !), un moment de flottement et de suspens se fait sentir au milieu du morceau.
Comme dans tout bon album de musique progressive qui se respecte, chaque membre du groupe a le droit à son instant de gloire. « Blackholes » en est un parfait exemple, avec une emphase sur la basse de Cygnus, et nous émerveillera par son excellent solo de guitare. « Triptych Lux » compte lui aussi bon nombre de superbes passages lors des instrumentaux de guitare, de violon et de basse.
Ne Obliviscaris frappe une fois de plus très fort et nous offre un deuxième monstre musical, pour notre plus grand plaisir ! La technique et l’émotion sont toujours au rendez-vous, et ce duo efficace promet de faire l’effet d’une tornade lors des prochains live !
Fée Verte
7/10
Tracklist
1. Painters of the Tempest (Part I) : Wyrmholes
2. Painters of the Tempest (Part II) : Triptych Lux
3. Painters of the Tempest (Part III) : Reveries from the Stained Glass Womb
4. Pyrrhic
5. Devour Me, Colossus (Part I) : Blackholes
6. Devour Me, Colossus (Part II) : Contorsions
Sortie : 03/11/2014
Liens du groupe :
https://www.facebook.com/NeObliviscarisBand
http://neobliviscaris.bandcamp.com/
https://myspace.com/neobliviscaris
http://www.reverbnation.com/neobliviscaris
https://www.youtube.com/watch?v=y_iCwJgRtpk