Une bonne nuit de sommeil, et l’heure est déjà venue d’attaquer ce premier véritable jour de festival. Après un réveil des plus tranquilles, petite balade autour du camping, des alentours et petit déjeuner pour bien commencer la journée (on dirait une mauvaise pub sérieux !). Après quoi il est temps de se diriger doucement vers l’entrée du fest, afin d’attaquer les premiers concerts.
Si je dois être franc, il n’y a pas énormément de groupes qui me passionnent vraiment aujourd’hui, hormis Watain et Hypocrisy, les autres groupes m’intéressent bien sûr, mais ils font plus partie des “concerts sympas” que des grosses attentes que je peux avoir lors de ce Motocultor 2019.
Le premier groupe de ce vendredi fut les Français de MARS RED SKY, qui, avec son Stoner / Doom planant et mélodique, était assuré de me faire passer un agréable moment. Et ça n’a pas loupé, le groupe réussit à me transporter dans son univers grâce à ses compositions alternant mélodies aériennes et psychédéliques et rythmiques lourdes et pesantes. Si le Stoner n’est habituellement pas trop ma tasse de thé, en raison du côté trop “weed, psychédélique à l’excès et plagiat de Black Sabbath” de certains groupes, l’aspect très doux et planant des mélodies, les nombreux effets de guitare, ainsi que la voix très envolée du chanteur, tous ces éléments apportent un côté très frais et spontané à la prestation du combo, pour un résultat beaucoup plus mélodique et progressif que bon nombre de groupes du genre. Un concert idéal pour être totalement réveillé, et débuter cette deuxième journée de la meilleure des manières.
Après ce moment de psychédélisme bien reposant, j’en profite pour aller me restaurer et faire un petit tour, les groupes suivants ne m’intéressant guère. Je retourne vers l’espace concert aux alentours de 15 heures, pour assister à la prestation des Lituaniens de AU- DESSUS. Groupe phare du label LADLO Productions, représentant de la vague “Post Black Metal”, très en vogue depuis maintenant une dizaine d’années, je n’ai jamais trop compris l’extraordinaire engouement dont ils pouvaient bénéficier, et ce, malgré le fait que je me sois récemment réconcilié avec leur musique, lui trouvant même plusieurs qualités indéniables. Qualités qui se vérifieront lors du concert sous la Massey Ferguscène. Servis par un son massif, les Baltes, encapuchonnés comme de rigueur, nous délivrent leurs riffs lourds teintés d’ambiances sombres et occultes, plongeant les auditeurs dans un magma sonore où se côtoient rythmiques sombres et dissonantes, agressivité très brute et mélodies glaciales. Quelques passages plus planants et posés viennent se greffer à la musique, nous apportant un peu d’accalmie bienvenue, bien que la noirceur et la lourdeur restent les maîtres mots. Une bonne prestation, qui m’a confirmé que malgré son manque de réelle originalité, la musique du groupe possède son lot de points positifs.
Setlist: I // VII // III // X // VIII // XI // XII : End of Chapter
Je tente par la suite d’aller voir Death Angel, car même si je n’aime pas (plus) le Thrash, je me dis que toute la vivacité et l’énergie des Américains doit bien rendre sur les planches. Rien à faire, le Thrash et moi, ça fait deux décidement. Je reste le temps de trois morceaux, puis je me dirige vers la scène non couverte pour aller voir TRIBULATION.
Cela faisait longtemps que je voulais voir les Suédois, que j’ai découverts avec leur premier opus The Horror, qui proposait un Death Metal old school à la suédoise classique, mais terriblement efficace. Par la suite, ils ont incorporé de plus en plus d’éléments Rock Occulte et Rock Gothique, si bien que sur les deux derniers albums The Children of The Night et Down Below, on a vraiment l’impression d’écouter du Dissection ou du Watain des derniers albums à la sauce Sisters of Mercy. C’est d’ailleurs une setlist basée intégralement sur les deux derniers opus qui nous est proposée ce soir, les musiciens, tous grimés comme s’ils sortaient d’un film de Tim Burton (mention spéciale à l’un des gratteux, avec sa dégaine entre une sorcière et le personnage du film La Nonne) sont très mobiles sur scène, ce qui est assez logique quand on remarque l’aspect assez énergique et rock des chansons. Car malgré une recette un petit peu redondante pour ce qui est des morceaux de Down Below, tout ce qui fait le charme du groupe en studio fonctionne sur les planches, les riffs rock’n’roll et entraînants, les mélodies catchy, mais aussi les arpèges très goth qui posent une ambiance sombre, remplie de spleen et de mélancolie. Tribulation aura tenu toutes ses promesses, m’ayant donné exactement ce à quoi je m’attendais. A revoir avec plaisir, et au plus vite !
Setlist: Melancholia // The Lament // The Motherhood of God // Cries from The Underworld // The World // Strange Gateways Beckon // Lacrimosa
Après cette belle prestation, je retourne sous les tentes pour voir Soilwork, un autre groupe suédois, que j’ai déjà vu dans le passé. J’ai beau essayer, je reconnais les qualités, ce savoir faire de la mélodie facile et accessible, le talent et le charisme de Bjorn Strid, rien à faire, le Death Mélo, quand il est trop moderne et Metalcore, ça ne passe pas. Qu’à cela ne tienne, j’en profite pour me reposer en m’allongeant dans l’herbe. Alors que les premiers gros nuages pointent le bout de leur nez, annonciateur du temps à venir, je profite du set de Kadavar en étant par terre, ce qui est idéal quand on connaît les Allemands. Mélodies planantes et psychédéliques, passages groovy et efficaces, leur Stoner Rock fait décidément mouche. Un bon moment de tranquillité, avant l’ouragan qui nous fut balancé dans la tronche par HYPOCRISY.
Vétéran de la scène Death Metal suédoise et emmenée par le charismatique Peter Tägtgren, musicien mais aussi producteur de génie, le quatuor est une machine de guerre sur scène, détruisant absolument tout sur son passage (et surtout nos nuques), grâce à la puissance et à l’intensité des compositions, qui nous tiennent en haleine avec des rythmiques très modernes, des mélodies épiques et la voix de Peter Tägtgren, incroyablement variée et intense, ce dernier passant aisément du growl le plus grave aux cris BM les plus stridents. Une diversité qui se retrouve surtout dans la setlist, puisque la bande de Ludvika nous sert des morceaux sonnant très DM old school, d’autres plus orientés Melodeath, et d’autres encore que l’on rangerait davantage dans un registre DM moderne et groovy. En tout cas, une chose est sûre, la qualité de ce concert m’a incité à me pencher davantage sur les travaux studios produit par Hypocrisy. La première grosse claque de cette édition, assurément.
Setlist: Fractured Millennium // Valley of The Damned // End of Disclosure // Adjusting the Sun // Eraser // Pleasure of Molestation // Osculum Obscenum // Penetralia // Fire in The Sky // The Final Chapter // Roswell 47
J’en parlais plus haut, ce qui semblait inévitable finit par arriver : un véritable déluge commença à s’abattre sur le site de Kerboulard en cette fin de journée/début de soirée. En seulement quelques minutes, le site se transforme en une immense mare de boue, si bien que la tente abritant le concert de MAGMA devient rapidement inaccessible. Qu’à cela ne tienne, c’est donc sous la flotte que j’assisterai à la prestation de Christian Vander et sa bande, car il est hors de question pour moi de réitérer l’expérience du Fall of Summer 2017, où la météo capricieuse, la boue et le manque d’abris m’avait obligé à rentrer bredouille au camping.
Groupe culte et atypique de la scène Rock Prog et Expérimentale, adulé par un certain nombre de fans de Metal, et de membres de différents groupes de la scène, en particulier la scène Prog Metal, toute cette aura autour du groupe, leur utilisation d’une langue inventée appelée kobaïen ainsi que mon goût pour certains groupes de Prog 70’s me rendit très curieux d’écouter leurs albums ou de les voir en concert. Tel un mini orchestre, accompagné par plusieurs chanteurs (dont Christian Vander) et utilisant à merveille la polyphonie, le concert délivré par Magma avait un semblant de bande son cinématographique, tant les morceaux semblaient n’être en fait que les différentes parties d’un seul et unique grand ensemble.
Une pièce où se côtoient alors chants polyphoniques et aériens, envolées vocales déstructurées et nappes instrumentales entre sonorités expérimentales, mélodies progressives et lignes de claviers envoûtantes. Au vu de la réaction démesurée du public, je constate le statut et la réputation de Magma ce soir. Pour ma part, ce fut une prestation inspirée et très envoûtante, si bien que je me suis dit après coup qu’en revoyant les musiciens dans de bonnes conditions ( c’est-à-dire à l’abri et pas au milieu de 20 litres d’eau), j’en ressortirai complètement scotché.
Setlist : Theusz Hamtaahk // Wurdah Ïtah // Mekanïk destruktïw kommandöh
Malgré cela, la pluie continuait de tomber encore et encore, si bien que je commençais à me demander si le concert de WATAIN pourrait se tenir. Car assister à une messe des Suédois est toujours synonyme de feu, de feu et encore de feu. Sur une scène semblable à une piscine, les techniciens s’empressent de tester une par une chaque installation pyrotechnique, entraînant ainsi un décalage énorme par rapport aux horaires d’origine. Finalement, après une demi-heure de retard, le groupe finit par monter sur les planches avec le même tintoin qu d’habitude.
Et le concert alors ? Un mot me vient à l’esprit : identique. Cette prestation de Watain fut parfaitement identique à la précédente au Throne Fest, elle même semblable à celle du Trabendo en novembre dernier. Vous m’avez bien compris, Watain commence vraiment à me lasser sur scène. Sur les cinq concerts d’eux que j’ai vus, les trois derniers sont identiques. Ça plus la fatigue et l’impact de la météo, et je me suis retrouvé à suivre le show en étant presque de marbre (bien qu’objectivement, cela restait de qualité).
Quelques sursauts toutefois, avec le classique “Malfeitor” et surtout la dernière chanson, le morceau titre de Casus Luciferi. Malsain, sombre, hypnotique et porteur d’une atmosphère quasi cérémonielle, ce morceau absolument dantesque sur album m’a littéralement retourné la gueule, permettant ainsi au show de s’achever de la meilleure des manières. Malgré tout, j’attends à l’avenir que Watain recommence à me fasciner et à me prendre aux tripes pour la prochaine fois, car il serait fort dommage que je me lasse de l’un de mes groupes fétiches qui jusque-là, a toujours réussi à me faire frémir lors de ses prestations lives.
Setlist: Underneath the Cenotaph // Nuclear Alchemy // Total Funeral // My Fists Are Him // Furor Diabolicus // Sacred Damnation // Malfeitor // Towards the Sanctuary // Casus Luciferi
C’est donc sous un déluge digne de la création que je quitte le site du festival pour le camping, afin de reprendre des forces pour cette journée du samedi qui s’annonce… pluvieuse, boueuse et pluvieuse à nouveau. Si je dois faire un bref bilan de la journée, je dirais que j’ai assisté à des bons concerts, dont certains m’ayant donné envie de revoir certains artistes à l’avenir. Mais hormis Hypocrisy, je n’ai réellement assisté à aucun gros concert que j’estime pouvoir caser dans les meilleurs concerts de l’année. Quoi qu’il en soit, samedi devrait rapidement changer la donne, au vu des groupes qu’il y a, ce troisième jour (et la météo) risquent de tenir toutes leurs promesses. Affaire à suivre donc…