C’était la première fois que je faisais un concert de metal dans la très belle salle de l’Elysée Montmartre à Paris. Pour une fois, la tournée de Moonspell a pu se tenir sans un seul report de dates. Seul le groupe en co-headlining a été modifié, et ce fut justement cet élément qui m’a motivée à me déplacer, puisque ce sont les Finlandais d’Insomnium qui ont remplacé My Dying Bride sur le line-up final. Les trois groupes de première partie n’étaient pas bien dégueus non plus : par ordre de passage, Hinayana, Wolfheart et Borknagar. Avec autant de groupes à l’affiche, il fallait s’attendre à ce que le concert débute tôt. Effectivement, l’ouverture des portes était prévue à 17h pour un début de concert un quart d’heure plus tard. J’ai réussi à me libérer pour arriver un peu avant l’ouverture des portes et à mon arrivée, j’étais surprise de voir que pas mal de monde patientait déjà devant la salle. Finalement, cet effet de masse était relativement trompeur face à la superficie de la salle puisque j’ai pu me frayer un chemin au premier rang facilement.
Les Texans d’Hinayana sont les premiers à entrer en piste devant une salle encore très clairsemée. Initialement, Hinayana était le projet solo de Casey Hurd, maintenant au chant et à la guitare et accompagné de Matt Bius à la basse, Michael Anstice aux claviers, et Erik Shtaygrud à la deuxième guitare. Le batteur Daniel Vieira n’a pas pu se joindre au reste du groupe sur la tournée et a été remplacé par Joonas Kauppinen, batteur de Wolfheart.
Pour sa première tournée outre-Atlantique, le quintet présentait des titres issus de son dernier EP Death of the Cosmic sorti en 2020 chez Napalm Records, et a clôturé le set sur « Taken » tiré de sa première démo Endless parue en 2014. Curieusement, aucun morceau du premier album Order Divine n’a été interprété, mais il faut dire qu’avec à peine une demi-heure de set, il y avait forcément des concessions à faire.
J’avais écouté Death of the Cosmic peu après sa sortie et je suis vraiment contente d’avoir vu le groupe en live. Le death/doom mélodique d’Hinayana m’a beaucoup fait penser à Insomnium et Wolfheart. Ce n’était peut-être pas d’une grande originalité, mais ce fut une très bonne entrée en matière cohérente avec le reste de l’affiche.
SETLIST : Death of the Cosmic / Cold Conception / In Sacred Delusion / Pitch Black Noise / Taken
Je commençais à me lasser légèrement de Wolfheart, que ce soit sur album ou en live. Je trouvais que le groupe peinait à se renouveler dernièrement. C’était sans compter sur le sixième album King of the North sorti il y a un peu plus de deux semaines, que j’ai tout de même écouté par curiosité et que j’ai finalement apprécié pour ses titres accrocheurs et solides.
Le groupe entre justement en scène sur « Skyforger », titre d’ouverture de King of the North, suivi de « The King » qui était un des titres promotionnels de ce nouvel album. Je n’avais pas revu Wolfheart depuis 2018 et c’était la première fois que je voyais la formation finlandaise avec son nouveau bassiste Vageliss Karzis (ex-Rotting Christ) qui a remplacé Mika Lammassaari un an plus tard.
Comparé aux albums plus anciens, la proportion de chant clair assurée par Vageliss et Lauri est bien plus importante et fait contraste avec le growl puissant de la tête pensante Tuomas Saukkonen. Durant quarante minutes, le groupe a su alterner avec brio entre phases énergiques, mélodiques, épiques et pleines d’émotion. Comme à son habitude, Lauri est le plus expressif et incite le public à déclencher un circle pit lors du redoutable « Breakwater ». Le seul point négatif du set, c’étaient les lumières bien trop éblouissantes.
SETLIST : Skyforger / The King / The Hunt / Aeon of Cold / The Knell / Breakwater / Routa pt.2
La première et dernière fois que j’ai vu Borknagar en live, c’était au Ragnarök Festival en 2019. Si j’apprécie la formation norvégienne sur album, je n’avais en revanche pas été convaincue par sa prestation live. Cela dit, je n’étais peut-être pas dans les meilleures conditions qui soient pour apprécier pleinement le set, étant donné que j’étais loin de la scène et que je commençais à fatiguer. Ce soir je suis au premier rang et en pleine forme, je pars donc sans a priori et bénéfice du doute, je décide de laisser une nouvelle chance au groupe.
Sur une intro mélancolique aux claviers, bruit de la pluie en fond, amorçant son antonyme « The Fire That Burns » issu du dernier album True North paru en 2019 chez Century Media Records, le quintet entre en scène. Pour rappel, quelques changements de line-up se sont opérés suite au départ du chanteur Vintersorg et du guitariste Jens F. Ryland cette même année. Ce sont respectivement le vocaliste et bassiste I.C.S Vortex et Jostein Thomassen qui ont pris le relai. Fidèles au poste depuis plusieurs années maintenant, on retrouve également le deuxième guitariste Øystein G. Brun, le claviériste et vocaliste Lars « Lazare » Nedland, et le batteur Bjørn Dugstad Rønnow.
Avec une discographie aussi conséquente (onze albums depuis 1996), il était évident que la setlist ne représenterait pas tous les albums du groupe. Seuls quatre d’entre eux ont été représentés lors de ce set de cinquante minutes, les trois petits derniers True North, Winter Thrice et Urd, ainsi que le quatrième album Quintessence qui a marqué la première année du nouveau millénaire.
A en juger par l’enthousiasme du public, force était de constater que Borknagar comptait de nombreux adeptes dans la salle. Sur le papier, le style des Norvégiens devrait avoir toutes les chances de me plaire puisqu’on peut les classer dans la catégorie du viking/folk/black metal. Et sans trop pouvoir l’expliquer, la magie n’a toujours pas opéré sur ma petite personne. Il faut avouer que la mauvaise qualité sonore dans les premiers rangs ne jouait absolument pas en leur faveur, c’était assez brouillon. Par ailleurs, la forte proportion de chant clair typé progressif m’a laissée de marbre. Cela étant, je salue néanmoins la performance de I.C.S. Vortex de maîtriser aussi bien son chant clair que son growl, et au moins, cela se voyait que le groupe prenait du plaisir sur scène.
SETLIST : The Fire That Burns / Frostrite / The Rhymes of the Mountain / Up North / Voices / Colossus / Ruins of the Future / Winter Thrice
Tout comme Borknagar, je n’avais pas revu Insomnium (hors concerts en streaming) depuis 2019, à la différence que j’étais mille fois plus impatiente de retrouver la formation finlandaise sur scène. Lors de son dernier concert à Paris, le groupe avait quitté la scène sur « Karelia », et c’est sur ce même titre instrumental que débutera le set de ce soir. A mon immense déception, je constate que le guitariste Markus Vanhala n’était pas présent pour raisons familiales. Le côté positif de la chose, c’est que cela m’a obligée pour une fois à regarder un peu plus les autres membres du groupe ! Et même si je voue un culte sans nom à Markus, son remplaçant Nick Cordle, tout récemment arrivé dans Omnium Gatherum, s’en est admirablement bien sorti !
Contrairement au dernier concert à l’Alhambra, le son était bien plus limpide, et je reconnaissais sans peine chaque morceau interprété bien souvent dès les premières notes. Le chanteur et bassiste Niilo aurait pu ne pas annoncer le titre de chacun d’entre eux que j’aurais quand même pu reconstituer la setlist. Setlist qui d’ailleurs était vraiment en béton à mon sens, puisqu’elle faisait aussi bien la part belle au dernier album Heart Like A Grave qu’à mon album préféré Shadows of the Dying Sun, sans oublier les deux petits classiques qui se sont parfaitement bien enchaînés, à savoir « Down With the Sun » et « Mortal Share », qui a provoqué quelques pogos. Et c’était la première fois que j’entendais « Revelation » en live, ça faisait bien plaisir et ça changeait un peu ! Bref, cette heure de set est passée bien vite, et mes cervicales peuvent encore en témoigner, c’était bon !
SETLIST : Karelia / Ephemeral / Valediction / Revelation / Down with the Sun / Mortal Share / And Bells They Toll / Pale Morning Star / Primeval Dark / While We Sleep / Heart Like a Grave
Au risque de vous surprendre, je n’avais jusqu’à présent jamais eu l’occasion de voir Moonspell en live. Il faut dire qu’avec une discographie aussi conséquente (treize albums à ce jour), et surtout avec une évolution de style musical assez prononcée, je ne suis jamais vraiment parvenue à tomber sur des morceaux qui me correspondaient. Les Portugais fêtaient sur cette tournée leurs trente ans de carrière, l’occasion parfaite pour ma part d’avoir un joli panaché de leur discographie.
Le quintet entre en scène sur « The Greater Good » issu de son dernier album Hermitage paru l’an dernier chez Napalm Records. Pour cette tournée anniversaire, le groupe n’en fait pas tellement la promotion puisque ce sera le seul titre de l’album interprété en plus de « Apophthegmata » un peu plus tard. L’album le plus largement représenté était Irreligious, preuve qu’il s’agit du plus plébiscité par le public. On retrouvait également « Alma Mater » issu du premier album Wolfheart, « In And Above Men » tiré de The Antidote qui marquait un tournant dans la carrière du groupe pour être un album plus lourd que ses prédécesseurs, sans oublier Extinct avec son titre d’ouverture « Breathe (Until We Are No More) » et le titre éponyme. Toutes les périodes du groupe sont ainsi explorées, du black metal au melodic/gothic metal. Le concert prenait des allures de show avec des jets de fumée déclenchés de temps à autre.
Même si Moonspell ne fut pas une révélation pour moi en live, j’ai apprécié le set rendu dynamique particulièrement grâce au charisme et à l’investissement de son chanteur Fernando Ribeiro. Celui-ci s’exprimait souvent dans un français plus que convenable et vivait totalement ses textes. On peut dire qu’il a quelque peu malmené un membre du staff qui devait à plusieurs reprises passer une serviette au sol derrière lui après qu’il ait craché de l’eau, tête vers le haut. Pour « Full Moon Madness », titre qui clôture traditionnellement presque tous les concerts de Moonspell, Fernando imitait le hurlement du loup et a donné le coup de cymbale final aux côtés de Hugo Ribeiro (aucun lien familial !). Les claviers aux allures d’orgue de Pedro Paixão apportaient plus de profondeur aux morceaux. Le seul point négatif que je pourrais faire, c’est que je trouvais que le chant clair de Fernando sonnait parfois davantage « metal FM » que gothique. Mis à part cela, j’ai passé un bon moment et je suis contente d’avoir vu ce groupe emblématique. Comme toujours, un grand merci à Garmonbozia pour l’accréditation, et aux cinq groupes pour cette très bonne soirée !
SETLIST : The Greater Good / Extinct / In And Above Men / White Skies / Opium / Herr Spiegelmann / Breathe (Until We Are No More) / Apophthegmata / Mephisto / Alma Mater / Full Moon Madness