Vous avez déjà pu le remarquer avec le concert de Dance With the Dead le mois dernier, en ce moment, une petite envie me prend de sortir des sentiers battus et d’assister à des concerts de styles que j’apprécie, sans pour autant en écouter énormément. Lorsque mon frère (féru de musiques expérimentales et psychédéliques en tout genre) et moi-même avons vu que Samsara Blues Experiment passait par Paris le 1er avril à l’occasion d’une tournée européenne, nous nous sommes empressés de nous procurer le précieux sésame qui nous garantirait l’accès au concert. J’avais déjà vu la formation allemande lors de son passage au Hellfest en 2015, mais mes souvenirs étant assez flous, une petite piqûre de rappel ne pouvait pas faire de mal !
Malheureusement, à quelques jours du début de la tournée, le chanteur du groupe publie sur la page Facebook un communiqué dans lequel il explique qu’étant hospitalisé, le groupe est contraint d’annuler l’intégralité des concerts à venir. Néanmoins, l’association Garmonbozia est parvenue à trouver dans l’urgence deux groupes remplaçants aux côtés de Monkey 3. La formation suisse devait initialement être la première partie de SBE, et se retrouve donc finalement tête d’affiche du concert ! J’en profite pour féliciter l’équipe de Garmonbozia pour sa réactivité exemplaire ! En ce lundi 1er avril, nous accueillerons donc Monkey 3, The Necromancers et Powder for Pigeons !
Mon frère étant trop déçu de ne pas pouvoir voir ses chouchoux, je me rendrai finalement seule au concert. J’avoue que sur le moment, je ne connaissais encore aucun des trois groupes présents ce soir (bien que j’avais écouté quelques morceaux de chacun pour avoir un léger aperçu). Mais étant accréditée, professionnalisme oblige, j’ai tout de même fait le déplacement, surtout qu’il aurait été dommage de passer à côté d’éventuelles bonnes découvertes !
C’est donc vêtue de mon plus beau sarouel que j’arrive devant le Petit Bain, un quart d’heure avant l’ouverture présumée des portes. Je suis légèrement perplexe, car à mon arrivée, cela ne se bouscule pas trop, et je crains que la soirée ne tombe à l’eau (en bord de Seine, c’était le risque … Okay, je sors!). A 19h, la mission « Premier rang » fut donc accomplie sans trop de difficultés. Finalement, au fur et à mesure, la salle se remplira progressivement, jusqu’à être quasiment blindée ! Cela faisait bien plaisir de voir que malgré l’annulation de Samsara, le public a tout de même joué le jeu et s’est déplacé en masse !
Une demi-heure plus tard, Powder for Pigeons entre en scène. J’ai la bonne surprise de découvrir un duo composé du chanteur/guitariste australien Rhys et de la (jolie) batteuse allemande Meike. Et c’est parti pour une bonne dose de rock’n’roll ! Que ce soit Rhys ou Meike, les deux musiciens se montrent très énergiques, l’un est totalement survolté et bouge dans tous les sens, l’autre se déchaîne derrière ses fûts. Ce qui était original par rapport à la mise en scène, c’est que la batterie était installée quasiment au bord de la scène, au même niveau que le guitariste. L’idée était bonne, car cela permettait pour une fois de ne pas mettre un batteur en retrait. Il régnait aussi une belle complicité entre les deux membres, qui se lançaient de temps à autre des petits regards.
Powder for Pigeons illustre à travers sa musique les paysages de l’Australie-Occidentale. Le groupe interprète un rock alternatif où se mêlent influences stoner et grunge, et fortement inspiré de groupes de rock alternatif des années 90, tels que Helmet, Queens of the Stoneage, Monster Magnet, ou bien encore Faith No More. Evidemment, les effets de guitare sont nombreux, et l’on retrouve l’incontournable « wah-wah ». Les morceaux s’enchaînent sans transition, et l’on observe à plusieurs reprises des montées en intensité, des passages explosifs, où Rhys force un peu plus sur sa voix rocailleuse. Lors du set, le public se contente de headbanguer gentiment, mais se montre plutôt réceptif. Le concert prendra fin avec un morceau plus long au bout d’une demi-heure (qui sera passée bien vite pour ma part), et Rhys s’offrira « un dernier p’tit kiff » en montant sur un ampli.
SETLIST : Alergy / Get It Right / Catapult / The Hobbit / Early Grave / Ghost Of You / Said And Done
Il est quasiment 20h30, et il est maintenant temps pour moi de poursuivre cette session « découverte » avec The Necromancers, un groupe de « Heavy Occult Rock » bien de chez nous puisque celui-ci est originaire de Poitiers ! Pendant le changement de plateau, on déroule un écran géant au fond de la scène, sur lequel sera projeté durant le concert le nom du groupe. Les techniciens installent également un retour supplémentaire, ainsi que trois plateaux de pédales d’effets. Les guitares semblent être d’ailleurs les reines de ce set, puisqu’il y en a cinq disposées de part et d’autre de la scène.
Le set commence sur une intro rituelle lors de laquelle on pouvait entendre des chants d’enfants. Curieusement, cela me faisait penser à Wardruna. Le groupe compte quatre membres : deux guitaristes, dont un chanteur principal, un bassiste/choriste, et un batteur. Comme pour Powder for Pigeons, on retrouve cette alternance entre phases calmes (voire carrément doomesques) et énergiques. En revanche, on sent que The Necromancers ne lésine pas sur les basses, en comparaison avec le groupe précédent. Je peinais même à prendre des notes sur mon carnet tellement le sol tremblait ! De temps à autre, le guitariste lead délivrait de très bons solos, et pour certains riffs, les sonorités des guitares étaient originales, si bien qu’à un moment, on aurait presque cru entendre un orgue. Il y avait parfois aussi un petit côté « Jim Morrison » dans la manière de chanter du chanteur principal.
Niveau ambiance, on est passé un cran au-dessus. Les premiers pogos se sont déclenchés dès le troisième morceau. Je ne pensais pas qu’un concert de stoner pouvait faire naître des envies bagarreuses … à tel point qu’un gars a manqué de me rentrer dedans et de m’éclabousser de bière à plusieurs reprises (relou /20). Un épisode fâcheux qui m’aura empêchée de profiter pleinement de la fin du set, que j’ai pourtant beaucoup apprécié dans l’ensemble.
SETLIST : Salem Girl Pt.1 / Salem Girl Pt.2 / Secular Lord / Necromancers / Erzebeth / Black Marble House
Il est bientôt 22h, et Monkey 3, fraîchement désigné « tête d’affiche », s’apprête à faire son entrée. Des néons sont installés à côté des claviers, et des décors de scène représentant la pochette du prochain album du groupe sont disposés de chaque côté de la scène. L’album en question s’intitule Sphere, et sortira dans dix jours chez Napalm Records. Ce concert est donc l’occasion parfaite de découvrir les nouveaux morceaux en live (la moitié des titres prévus sur l’album seront interprétés). Le groupe compte en son sein un guitariste, un bassiste, un batteur et un claviériste.
Le set débute avec une introduction aux claviers mêlés à des samples électroniques. La guitare fait progressivement son entrée, suivie de très près par la basse. Tout au long du set, des images stellaires et psychédéliques (à l’image de la musique) sont projetées sur l’écran. La musique du groupe est totalement instrumentale, et mêle influences space-rock, psychédéliques, stoner et progressives, avec un mur de son floydien. Vu que « la drogue, c’est mal, m’voyez », la fumée est distillée sur scène grâce à des machines prévues à cet effet, en plus des cigarettes électroniques utilisées par le guitariste et le claviériste. La force du groupe, c’est de parvenir à instaurer une ambiance à la fois planante et lourde, comme si l’on marchait sous un soleil de plomb. Malgré l’absence totale de paroles, la musique en dit long. Monkey 3, c’est le groupe parfait pour faire travailler ton imagination : ton cerveau se met à voir des paréidolies dans les images projetées à l’écran, et les effets sonores prennent par moments la forme de cris lointains.
Au bout d’une heure, le groupe quitte la scène, et revient pour un rappel. Les musiciens sont visiblement très émus face à tant d’enthousiasme de la part du public, qui ne manquera pas de pogoter sur les dernières minutes. La fin du set était particulièrement belle et épique.
SETLIST : Spirals / Birth of Venus / Mass / Jack / Prism / Driver / Through the Desert / Icarus
Un grand bravo à Garmonbozia pour avoir maintenu la date malgré les circonstances, et aux trois groupes pour leur facultés d’adaptation ! Cette soirée m’aura permis de confirmer mon sentiment : oui le stoner, j’aime ça, et ce sera avec plaisir que je referai d’autres dates de ce style à l’occasion !
Fée Verte