Après la Fête de la Bretagne avant-hier, je poursuis mon petit tour du monde en musique hier soir, cette fois-ci en terres galiciennes, avec un concert spécial « Festival Interceltique de Lorient » qui se déroulait au Pan Piper (Paris XIème) et qui était co-organisé par Paris Celtic Live et Paris Sonic. A défaut de ne pas pouvoir me rendre au festival cette année, voilà qui sera un bon lot de consolation. Une seule artiste est au programme de la soirée, et il s’agit de Mercedes Peón, figure incontournable de la scène musicale galicienne. C’est le premier passage de la musicienne en France, et celle-ci a préparé un set exclusif principalement axé sur son troisième album Deixaas sorti l’an dernier. Avant le concert, c’est le seul album que j’ai écouté, et bien qu’il était spécifié dans l’événement Facebook que Mercedes adoptait dans celui-ci une facette beaucoup plus contemporaine, j’avoue avoir été décontenancée sur le moment, car je m’attendais à des sonorités folk plus marquées. Quoi qu’il en soit, on ne peut pas nier une certaine originalité, et j’étais curieuse de voir ce que cela pouvait donner en live.
La soirée a failli mal se dérouler pour ma part, car à peine arrivée à la gare de ma ville, je m’aperçois qu’il y a d’importantes perturbations sur ma ligne de train. Au bout de quelques minutes, plutôt que d’attendre un train en vain, j’ai pris mon mal en patience et attendu le prochain bus pour la Défense, en espérant ne pas avoir trop de retard. Finalement, je n’ai eu que cinq minutes de retard sur l’heure du début du concert prévue, et celui-ci a commencé avec un léger retard, et je n’ai ainsi rien raté ! Je retrouve sur place mon collègue Varulven qui a eu la gentillesse de se joindre à moi. Comme d’habitude au Pan Piper, nous sommes confortablement assis à une table, face à la scène.
Mercedes Peón arrive au milieu de la scène, derrière les percussions, accompagnée de deux autres musiciennes, l’une installée à la droite de l’artiste, l’autre à sa gauche derrière une table de mixage. Les trois musiciennes démarrent le concert sur une introduction menée par les tambourins, avec un fond sonore très rock parsemé de touches électroniques. Tandis que Mercedes assure le chant principal, ses consœurs la secondent aux chœurs. D’une manière générale, la musique est principalement basée sur le rythme, et est très expérimentale, pour ne pas dire complètement chaotique par moments. D’ailleurs, Mercedes lancera à un moment : « La prochaine chanson … je ne sais même pas si c’est une chanson en fait ! », voilà qui en dit long ! Même si l’on n’adhère pas totalement au style (et cela peut se comprendre dans la mesure où la musique est très particulière), on est sans cesse pris au dépourvu, notamment grâce à l’utilisation d’instruments peu communs. Par exemple, la musicienne à la droite de Mercedes utilisait de temps à autre une planche à laver comme percussion, et un mélodica (ou clavier à soufflet). Quant à Mercedes, celle-ci délaissait parfois ses percussions pour jouer de la gaïta (cornemuse galicienne). Pour le second morceau, les trois musiciennes échangeaient les rôles : Mercedes se retrouvait aux effets sonores, Monica (musicienne à notre droite) au chant, et l’autre musicienne à la batterie.
Lors du concert, la chanteuse s’adressait à nous tantôt en galicien, tantôt en français. Celle-ci nous demande : « vous voulez savoir de quoi parlent les chansons ? Elles sont très féministes. […] Mais la prochaine chanson, c’est une chanson d’amour normal ! ». Mercedes confirmera son engagement pour la cause féministe en citant Simone de Beauvoir : « On ne naît pas femme, on le devient ». Outre la thématique de l’identité et du genre, Mercedes construit également une réflexion sur les langues et le colonialisme, notamment dans le morceau « Linguas elementais », dont les paroles sont tirées de poèmes galiciens. L’idée est d’inverser les tendances, en disant par exemple que l’allemand peut être une belle langue. A la fin du morceau, Monica quitte la scène, tandis que l’autre musicienne récite les poèmes.
Lors du morceau ambiant « Tras O Muro », la musicienne à notre gauche fait sonner des clochettes, tandis que Mercedes délivre un chant lyrique. Monica revient ensuite sur scène, et Mercedes joue à nouveau de la cornemuse. Au bout d’une heure, le trio joue ce qui semble être le dernier morceau, et Mercedes tient un tambourin dans chaque main, et conclut par un petit air de cornemuse. Les trois musiciennes quittent la scène, et reviennent pour un rappel de dix minutes. Le public tape dans les mains, certaines personnes dansent, tout comme Mercedes, qui ira même dans la fosse chanter parmi nous.
Merci à l’équipe du Pan Piper, de Paris Celtic Live, et bien sûr du festival interceltique pour ce concert extraordinaire, au sens premier du terme.
SETLIST : Deixaas / Mk / Partículas / Ela Propón / Cabo de min / Plataforma / Línguas Elementais / Tras o Muro / Elas / Derorán / Ben Linda / Ajrú / Elelé