« La harpe, emblème national de l’Irlande, est jouée depuis plus de mille ans. Afin de célébrer toute la beauté et la popularité de cet instrument emblématique du patrimoine culturel irlandais, nous vous proposons ce magnifique concert donné dans l’intimité de la chapelle du CCI. Ce récital réunit Siobhán Armstrong, Teresa O’Donnell et Séamus Ó Flatharta, trois harpistes de renom, qui ont déjà collaboré avec des ensembles prestigieux tels l’Irish Chamber Orchestra ou le RTÉ Concert Orchestra. Ils nous donneront à entendre un répertoire de musique de chambre et musique traditionnelle. »
C’est ainsi que le Centre culturel irlandais présentait cet événement sur Facebook. La représentation étant gratuite (bien que les réservations étaient fortement conseillées), autant dire que je n’ai pas mis bien longtemps à me décider. Je réserve donc une semaine avant ma place sur le site du CCI, et je me rendrai compte le jour J que j’avais bien fait, car à ma grande surprise, il y avait pas mal de monde à l’entrée de la chapelle.
J’avais déjà eu l’occasion de visiter cette chapelle très jolie, en même temps que la bibliothèque patrimoniale du CCI. Je me souviens avoir vécu une très belle expérience lors des dernières Médiévales de Provins, lorsque j’avais assisté pour la première fois à un concert dans un bâtiment religieux (dans la Collégiale Saint-Quiriace en l’occurrence), et j’étais ravie de la renouveler dans la chapelle du CCI, qui est un peu comme une deuxième maison pour moi tant c’est un plaisir de m’y rendre dès que j’en ai l’occasion.
Pour une fois, c’est en pleine journée que j’assiste au concert, le rendez-vous était donné en ce début d’après-midi à 13h. Nous nous installons sur les bancs disposés des deux côtés, et attendons les derniers arrivants. C’est chose faite peu après 13h, le concert peut donc enfin commencer.
Avant toute chose, une animatrice nous présente (en anglais) cet instrument qu’est la harpe irlandaise, également appelée « cláirseach ». Elle nous explique entre autres que la harpe est réputée pour ses pouvoirs magiques.
Place ensuite à Siobhán Armstrong, qui débute sa démonstration de harpe irlandaise par un ancien prélude datant du XVIIIème siècle. La musicienne nous explique ensuite en français que son instrument est une réplique exacte de l’ancienne harpe irlandaise, le symbole de l’Irlande que l’on peut retrouver au Trinity College à Dublin. Le deuxième morceau interprété est tiré de l’ouvrage musical A Collection of the Most Celebrated Irish Tunes (John & William Neal, 1724). C’est à ce moment-là que la harpiste sera victime de quelques accrochages, ce qu’elle justifiera en disant que la harpe est un instrument capricieux qui « n’aime pas voyager ». Cette première démonstration s’achèvera sur deux morceaux composés par deux frères harpistes, et qui sont deux chansons d’amour. Il en existe deux versions, une instrumentale et une chantée, et c’est la première qui sera interprétée aujourd’hui. C’était vraiment très beau, à tel point que j’en avais les larmes aux yeux.
C’est la harpiste Teresa O’Donnell qui prend le relais, vêtue d’une très belle robe longue verte. La harpe de la musicienne est plus imposante que celle de Siobhán Amstrong. La deuxième démonstration débute sur un morceau chanté. Teresa explique ensuite en anglais que son répertoire est constitué de morceaux plus contemporains de harpistes/chanteurs qui ont contribué à l’évolution de la harpe, en travaillant notamment sur les tonalités et les harmonies. Elle raconte même une anecdote à propos de l’un d’eux, qui, aussi étonnant que cela puisse paraître, n’aimait pas le son de la harpe, et qui a pourtant beaucoup contribué à son innovation !
Pour finir, nous accueillons Séamus Ó Flatharta, musicien originaire de la côté ouest de l’Irlande. Le harpiste interprète essentiellement des « dance tunes ». Décidément, la harpe fait encore des caprices et a l’air difficile à accorder. Séamus joue une chanson d’amour, qu’il chante d’abord a cappella, avant de poursuivre à la harpe. Là aussi, je n’ai pu retenir mes larmes, il semblerait que je sois assez « fleur bleue » et très sensible aux chansons d’amour ! Sera ensuite joué un exemple d’air de danse, dans lequel on sent effectivement un côté plus jovial et entraînant. Séamus marque d’ailleurs le rythme du pied.
Avant de nous libérer, Séamus et Teresa nous offrent un duo à la harpe, avec deux morceaux légèrement différents de ce qui a été joué plus tôt, puisqu’il s’agit d’un mélange entre la musique contemporaine du Continent et de la musique ancienne. Le concert prend fin à 14h, sous les applaudissements des spectateurs, et les trois musiciens sont revenus trois fois sur la petite scène de la chapelle pour saluer. Merci au Centre culturel irlandais et à ces trois harpistes de talent pour ce concert, c’était un très beau moment ! J’en profite pour rappeler que le groupe Cúig, que j’avais découvert lors de la Fête de la musique l’année dernière au CCI, sera à nouveau de passage dans la capitale au Pan Piper le 22 novembre prochain aux côtés d’Elephant Sessions, ne manquez pas ce rendez-vous si comme moi, vous êtes friands de musique traditionnelle irlandaise !