Fée Verte : Outch, il piquait bien le réveil à 6h45 le samedi 24 mai. Mais cela en valait largement la peine, puisque c’était dans le but de me rendre au traditionnel Lid Ar Morrigan du côté de Nantes. Arrivée dans la cité des ducs de Bretagne en milieu de matinée, cela me laisse le temps de me promener au jardin des plantes en attendant l’arrivée de mes acolytes de festival. Le premier me rejoint une heure plus tard, nous poussons ainsi la balade un peu plus loin dans le centre-ville, vers le château et la cathédrale, en attendant notre second compagnon. Vers midi, nous prenons enfin la route pour la petite commune de Vallet. Après avoir déposé les affaires à l’hôtel, direction le Champilambart pour une longue journée de festivités.
Outre la programmation musicale toujours fort alléchante, l’autre point fort du festival, c’est la qualité et la diversité des breuvages proposés. On fait le plein de jetons, et la dégustation débute pour ma part avec une bière à la myrtille de la Débauche.
Thrall : Et c’est reparti pour un nouveau Lid Ar Morrigan cuvée 2025 aux portes de la Bretagne dans la modeste commune de Vallet, près de Clisson ! Il faut dire que ce petit festival d’un jour est devenu au fil des ans une sorte de rituel, de pèlerinage si vous préférez. Et c’est toujours un plaisir de se déplacer jusque là-bas pour découvrir de belles pépites Folk Metal, mais aussi de Folk acoustique. Car oui, le Lid Ar Morrigan, c’est deux scènes (l’une pour les grosses guitares et l’autre pour les instruments traditionnels), un bar avec du produit bien local, des stands de bouffe pour se requinquer et un campement médiéval avec stands et tout ce qui va avec !
Fée Verte : La jeune formation vendéenne Flétan, avec néanmoins déjà deux albums à son actif, a la charge d’inaugurer la scène électrique de cette septième édition. Je ne connaissais le groupe que de nom, vu que celui-ci avait participé au tremplin du Cernunnos Pagan Fest en tout début d’année.
Entre quelques phases narratives, l’Oracle et sa troupe nous content, à travers leur folk/pagan rock, leurs histoires à base de malédictions improbables et de légendes grotesques. Le chanteur, assurant également les parties au violon, me faisait beaucoup penser au personnage de Radagast le Brun de par sa tenue de scène. Le guitariste et le bassiste le secondaient de temps à autre aux chœurs.
Au cours du set, une enfant a fait une apparition pour déclamer des incantations en latin. Le quartet a délivré une prestation festive et épique, dans une belle ambiance de piraterie. Une sympathique mise en jambe en ce début d’après-midi.
Thrall : Après un voyage se passant sans encombres, on arrive enfin au Champilambard, le complexe évènementiel accueillant depuis longtemps le festival. Premier réflexe, une petite bière de bienvenue pour se rafraîchir avant d’aller voir le premier groupe de cette journée : Flétan. Ne connaissant pas le groupe, c’était la découverte totale mais c’est ça qu’on aime dans les premiers créneaux des festivals : on peut toujours tomber sur une grosse surprise ! Flétan, c’est du Pagan Rock/Metal plutôt efficace, avec des rythmes festifs tout en nous transportant au milieu de la forêt côtoyer gobelins, trolls et autres lutins. Le chanteur, vêtu tel un chaman, scandait pendant ce temps, et à l’aide de ses compères, moult histoires sur des légendes obscures : il semblait comme habité par le personnage et y allait parfois de son petit coup de violon pour rendre l’ensemble plus festif ou un poil mélancolique. Un bon concert pour commencer et une bonne occasion de se mettre dans l’ambiance tout en ayant bien bougé la tête.
SETLIST : Healer’s Law / Haunting / Bubonic Farmers / Message in Bottles / Wizzard Riding / Random Sorcerer / Thirteen Moon / Ugly Wedding / Dortor Demented / Chosen End / We Loudly Fest / Living Dead / Lantern of the Dark
Fée Verte : Depuis quelques éditions maintenant, le Lid Ar Morrigan dispose d’une scène acoustique, et cette année, c’est Aelad, jeune formation francilienne, qui a pour mission de l’ouvrir. Je reconnais un ou deux visages familiers, puisque certains membres font également partie de Korr An Noz qui s’était produit sur le festival trois ans plus tôt.
Sur fond d’instruments traditionnels tels que le bouzouki, la harpe, la flûte, la guitare acoustique et diverses percussions, le combo interprète des reprises dans un registre médiéval. A l’occasion des dix ans de The Witcher 3, le groupe a notamment joué ses versions de plusieurs morceaux issus du jeu vidéo. Un bon moyen de fédérer le public.
Thrall : Il était temps de changer d’atmosphère sur la scène acoustique avec Aelad, groupe à thématique médiévale. Armée de nombreux instruments traditionnels comme la harpe ou le bouzouki, la formation nous immergeait dans une ambiance moyenâgeuse à coups de reprises. Mais ce qui m’a fait vraiment fermer les yeux pour profiter à fond du moment, c’est lorsque le groupe a repris des chansons de l’univers de The Witcher afin de fêter les 10 ans du troisième jeu, sorti en 2015. C’était beau à entendre ! Un très bon moment reposant avant de passer à la suite du programme !
Fée Verte : Je n’ai pas assisté à l’intégralité du set d’Aelad car l’appel du ventre commençait sérieusement à se faire sentir. Une fois ce délicieux burger englouti, je retourne vers la scène électrique pour le set de Sorcières qui avait déjà commencé. J’avais manqué la prestation des Lillois au Cernunnos Pagan Fest il y a deux ans, et je comptais bien m’offrir une session de rattrapage.
Le sextet officie dans un black/folk à la fois sombre et envoûtant, enrichi par les sonorités du violon. L’énergie dégagée par le groupe, et tout particulièrement son chanteur, m’a beaucoup rappelé Vanaheim. En plus d’avoir joué un nouveau morceau, le groupe nous a présenté son nouveau batteur Benoit.
SETLIST : Hantée / La Croisée / Havrenoir / Cavalière des Ronces / Terre Maudite / Le Bal des Ombres / La Nuit des Temps / L’Auberge des Corps Perdus
Au Cernunnos Pagan Fest, il y a également deux ans, la formation espagnole Cuélebre donnait son tout premier concert en France, et nous fait ainsi le plaisir de revenir avec un nouvel album en poche du nom de Carozo.
Le set débute de manière magistrale par un morceau mené par un carnyx et un cor. Le groupe interprète une musique folk/médiévale inspirée de la culture et de la mythologie celtibère, et plus largement de l’univers de la péninsule ibérique. Mené par ses deux chanteuses, dont une assurant les parties aux diverses flûtes, Cuélebre nous offre une authentique reconstitution de rituels préchrétiens agrémentés d’incantations païennes et de sonorités archaïques délivrées par les nombreux instruments médiévaux tels que le bouzouki et la vielle à roue.
Thrall : C’était désormais le moment de découvrir un peu plus le bar et les stands de nourriture, notamment celui des burgers qui nous faisait de l’œil depuis le début. Et ces moments-là, c’est aussi l’occasion de faire la connaissance d’autres fans à table, en plaisantant et en partageant nos impressions sur les groupes et l’organisation. Mon retour aux choses sérieuses allait se faire avec Cuélebre, un groupe acoustique ayant comme univers les contes et légendes de la péninsule ibérique, mais qui les mettait originalement en scène via des prestations presque rituelles, avec son lot d’incantations et de formules. Les instruments traditionnels étaient également de la partie, bien entendu, avec la flûte et la vielle à roue. Une cérémonie qui nous a vraiment transportés dans un autre temps, le temps des celtes, une période où la chrétienté n’avait pas encore d’emprise au cœur de l’Espagne actuelle.
SETLIST : Augur / Deva / Suavelos / Beliassu / Derwa / Beleño / Bnanom Brictom / Pangur Ban / Karuo / Gontavrio / Macha / Uni / Tigino / Tirtanos / Fodder for the Raven
Fée Verte : Cela fait déjà sept ans que je voyais pour la première et dernière fois Boisson Divine en live, toujours et encore au Cernunnos Pagan Fest. Je me souviens comme il m’avait été laborieux de me frayer un chemin dans la salle de l’Abreuvoir, et m’étant retrouvée tout au fond, je n’étais pas dans les meilleures dispositions pour profiter pleinement du concert. Cette fois-ci, je prends ma revanche et parviens sans trop de difficulté à accéder au premier rang.
Le groupe faisait partie de mes plus grandes attentes de cette édition, et pour cause, vous commencez à me connaître, j’éprouve une affection toute particulière pour les groupes originaires du sud-ouest, l’occasion pour moi de crier sans vergogne « chocolatine ! ». Et un groupe plus fier de ses origines que Boisson Divine, tu peux difficilement trouver mieux, la preuve en était avec le drapeau gascon dans sa version « moderne » que l’on appelle « Union Gascona » suspendu à côté de la batterie, le béret basque porté par le chanteur, et bien entendu, les paroles chantées en gascon et les instruments traditionnels que sont l’accordéon et la boha.
Bercé par un heavy/folk metal énergique, le public s’en est donné à cœur joie lors de nombreux pogos. J’ai voulu participer au joyeux bordel mais c’était définitivement trop violent pour moi, et après une chute et une beigne involontaire dans la figure, j’ai fini par renoncer, préférant profiter un peu plus sagement du concert à ma place initiale.
Thrall : Il était désormais temps de bouger un peu plus sur les airs festifs des Gascons de Boisson Divine. Cela faisait longtemps que je n’avais pas revu cette petite bande de joyeux lurons, il était donc temps de bien en profiter. Le chant en occitan, le béret basque sur la tête, le drapeau gascon sur scène… Là, c’est sûr, les gars sont fiers de leur sud-ouest et je ne peux que leur donner raison, une partie de ma famille y habitant. Et ce qui est sûr, c’est qu’ils mettent à chaque fois la joie et la bonne humeur dans le pit, avec un bon pogo festif comme on les aime. Et à chaque chanson, c’est double ration de foie gras et de gésiers, on en redemande : les titres heavy/folk nous font sauter, bouger la tête, lever les bras… Une super ambiance, avec un concert qui a fini bien trop vite malheureusement !
SETLIST : Xivalièr de Sentralha / Lo cant deu pastor / Dauna de Brassempoi/ Pèla pòrc / Hialaira / Los Tilholers / Sicolana / Vailets / Quin Braguèr / Libertat
Fée Verte : Le besoin d’éponger mes quelques bières commençant à se faire ressentir, il était temps pour moi de me sustenter au stand de Krampouezh Breizh où l’on pouvait se délecter de galettes et de crêpes. Cela m’a malheureusement fait louper quasiment tout le set des Tanneurs de Drac, que j’aurais pourtant bien aimé découvrir, d’autant plus que le groupe était comme Boisson Divine originaire d’Occitanie. C’est donc avec une légère honte que je retranscrirai ci-dessous la présentation faite par Morrigan Prods afin de vous donner un aperçu de ce que propose le quartet :
« Tanneurs de Drac, c’est quatre musiciens qui vous transporte dans un univers où la fête et l’énergie se mêlent à des sonorités intemporelles. Fier héritier des troubadours, ce groupe fait résonner l’esprit des terres occitanes à travers des compositions contemporaines jouées avec des instruments traditionnels. Des riffs puissants, des mélodies envoûtantes, Tanneurs de Drac vous embarque dans un voyage unique, un mélange audacieux de folk et de rock. Depuis 2016, ils enflamment les fêtes médiévales et les festivals partout en France, ralliant un public toujours plus large et passionné. Tanneurs de Drac, c’est un peu folk, parfois rock, mais c’est toujours authentique. »
Thrall : Il était temps de se rafraîchir de nouveau les idées avec une bonne bière et de la siroter tout en regardant de loin une partie du show du groupe de Folk acoustique médiéval Tanneurs de Drac, qui nous enveloppait d’une sympathique atmosphère festive et bien plus légère que ce qu’on avait eu sur Boisson Divine. Je me surpris même un moment donné à taper du pied et à sautiller sur place.
Fée Verte : Elle était là, MA motivation principale de cette édition. Je n’avais pas revu Grimner depuis 2018, et j’étais ravie d’enfin retrouver mes chouchous suédois sur scène, et au vu du monde qui se trouvait dans la salle, je ne devais assurément pas être la seule. Entre temps, nos chers vikings ont sorti leur quatrième album Urfader et le line-up a légèrement changé.
J’étais légèrement décontenancée en début de set à cause d’un son un peu brouillon, et j’avais ainsi du mal à reconnaître les premiers morceaux joués. Heureusement, l’ingé son a rapidement rectifié le tir. Associé à une base death à la suédoise, Grimner distille un folk metal enjoué et énergique inspiré de la mythologie, de l’histoire et du folklore scandinave, le tout saupoudré de chœurs épiques, d’une flûte survitaminée et de claviers finntrolliens. Le groupe a clairement mis une ambiance du tonnerre (de Thor!), le public était survolté, entre les danses et les pogos, ça remuait bien dans la fosse, je me suis particulièrement bien défoulée sur « Kvällningssång » ! Mention spéciale au flûtiste Johan Rydberg qui jouait à la perfection son rôle de forgeron viking délirant. Le groupe a tenu toutes ses promesses ce soir, même si le set est passé terriblement vite, j’en aurais bien entendu davantage, notamment « Dödens Dans ».
Thrall : Tout comme ma chère consœur Fée Verte, j’attendais beaucoup de la prestation de Grimner. Et malgré quelques problèmes de son au début, l’ambiance était au rendez-vous ! Les titres des Suédois sont guerriers, tranchants, mais toujours agrémentés de ces claviers et airs de flûte bien festifs qui feraient bouger n’importe quel public. Et justement, on en veut encore car chaque titre fout vraiment la patate ! Et le groupe s’éclate, ça se voit, surtout le flûtiste, bougeant partout et haranguant la foule à de multiples occasions. J’y suis également allé de ma bousculade dans le pogo, bien entendu, la tentation était trop forte ! Un show des plus festifs, passé beaucoup trop rapidement… Une frustration qui se rajoutait aux fameux titres qu’on voudrait entendre en live mais que le groupe ne jouera finalement pas… Une sensation qu’on a tous connue ! Mais merci Grimner pour ce show de malade !
Fée Verte : Après tant de dynamisme déployé sur la scène électrique, le concert de Nytt Land qui se tenait juste après celui de Grimner sur la scène acoustique pouvait faire l’effet d’une douche froide, tant le style musical et l’atmosphère étaient radicalement différents. En effet, le duo russe, accompagné d’un batteur, officie dans un dark folk ambient inspiré aussi bien du folklore sibérien que nordique. Entre vocaux shamaniques et gutturaux et parties au tambour shamanique et au tagelharpa, Nytt Land instaure une ambiance envoûtante typique des rituels païens. C’était cela dit un concert à double tranchant, dans ce genre de musique, soit on est réceptif et l’on se retrouve instantanément dans un état de transe, soit on fait l’erreur de s’asseoir, au risque de s’endormir (et de renverser son verre de bière au passage).
Thrall : Changement d’ambiance radical avec Nytt Land, un groupe de Dark ambient/Folk russe. Ici, on reste statique et on se laisse doucement encercler par une brume magique créée délibérément par le groupe et sa musique rituelle et envoûtante. Le paganisme imprègne chaque geste et chaque note du duo, et les instruments traditionnels nous transportent ailleurs.
Fée Verte : Cette année, c’est Skálmöld qui assure la tête d’affiche sur la scène électrique du Lid Ar Morrigan. J’aimais beaucoup le groupe islandais lorsque je l’ai découvert il y a maintenant une dizaine d’années, mais avec le temps, j’ai fini par me lasser, la faute à la voix du chanteur principal que je trouve trop monocorde. C’est donc de loin et d’une oreille que j’assiste au début du concert, mais la lassitude et la fatigue ont rapidement pris le dessus. J’ai préféré profiter de ma fin de festival à discuter avec les copains que je ne vois que très rarement. Un grand merci à Morrigan Prods (et à Grimner!) pour l’invitation, on se donne rendez-vous le 30 mai 2026 pour la huitième édition !
Thrall : N’étant pas un grand fan de Skálmöld, ce fut un dernier concert regardé de loin, une des dernières bières de la soirée en main. Les Islandais ont l’habitude de la scène, ils savaient donc comment mettre l’ambiance et motiver le public. J’appréciais alors certaines ambiances Viking mais d’autres chansons me laissaient plus de marbre, n’arrivant pas à accrocher à l’ensemble. C’est donc sur ce concert que se terminait un nouveau Lid Ar Morrigan ! Bien entendu, la discussion d’afterparty était de mise avec les copains, notamment autour d’un feu de camp allumé dans le campement médiéval, jusqu’à ce que la sécurité mette fin à la fête. Mais quelle édition encore ! De belles découvertes et une richesse d’ambiances et d’atmosphères, voilà les points forts du Lid Ar ! On reviendra, c’est sûr ! Merci à notre super couple organisateur, Maëlle et Sébastien !