Fée Verte : A partir du moment où Morrigan Asso avait confirmé Bucovina pour la cinquième édition du Lid Ar Morrigan, je me suis dit « Allez, j’y retourne ! ». Malheureusement, peu de temps avant le festival, la formation roumaine annulait sa venue, pour être remplacée dans la foulée par Deloraine. Ma déception fut grande, mais cela ne m’a pas pour autant décourager de retourner en région nantaise en ce week-end ensoleillé du 3 juin.
Accompagnée de mon cher et tendre, nous prenons la route avec deux amis samedi dernier en fin de matinée. Les aléas de la circulation en région parisienne ont fait que nous sommes arrivés sur place sur la fin du premier concert. J’étais frustrée de ne pas avoir pu voir Bansidh plus longtemps, d’autant plus que les Angevins présentaient leur album à venir du nom de Orgetontiros, qui paraîtra cet été.
Avant d’entamer le festival avec plus de sérieux, je suis allée me procurer les précieux jetons qui permettaient de payer les différents breuvages disponibles sur le festival. J’ai commencé par une des bières éphémères, et j’ai fort bien fait, car celles-ci sont parties à une vitesse folle, je n’ai même pas eu le temps de goûter la pastry gose qui me faisait bien de l’œil.
Thrall : Le Lid Ar Morrigan est en quelque sorte un rituel. Chaque année, malgré les déboires de transports pour y aller, la motivation est toujours là pour profiter des deux scènes du Champilambart, espace culturel de la petite ville de Vallet, située à quelques kilomètres de Clisson, la fameuse capitale du Metal en France.
Eh oui, deux scènes ! Une scène dédiée aux artistes les plus Folk Metal de l’affiche, avec de la disto à fond la caisse, et une autre scène plus adaptée aux groupes acoustiques. Une séparation que je trouve très intelligente, que ce soit en termes de logistique pour les organisateurs ou pour nous, festivaliers, histoire de changer d’ambiance plus facilement, et surtout, de manière plus agréable.
Une fois arrivés sur le site avec toute la bande de copains, dont notre chère Fée Verte, il fut temps de se procurer des jetons, indispensables pour s’acheter à boire et à manger sur le lieu du Lid Ar Morrigan. Et les boissons valent vraiment le coup, avec des bières du coin et toujours très intéressantes à découvrir. D’ailleurs, les bières dites éphémères et en quantité limitée sont généralement de très bonnes surprises.
Fée Verte : Je m’assois devant la scène acoustique pour faire la découverte de Lannog. Le nom du groupe se traduit par « champ d’ajoncs » en breton, et renvoie à la volonté que peut avoir chaque artiste de faire vivre la langue bretonne d’une manière ou d’une autre. De ce fait, toutes les paroles des morceaux interprétés sont chantées en breton.
Sur scène, on retrouve un chanteur, également au tambourin, un guitariste acoustique assurant par moments les chœurs, un harpiste, un bassiste et un batteur. Lannog distille une musique folk acoustique apaisante, introspective et envoûtante. Un moment agréable, qui permet de débuter ce festival dans la douceur pour ma part.
Thrall : Autant dire qu’on ne s’est pas privés, profitant de la bonne humeur ambiante et surtout du super beau temps qui nous avait accueillis en Loire-Atlantique. Mais il était temps de commencer les découvertes musicales, et tout en douceur avec le groupe de folk acoustique Lannog, qui ont la particularité de chanter en breton. Tout en faisant un petit tour auprès des stands d’artisans présents sur place, j’écoutais de l’autre oreille la musique calme et apaisante de Lannog, dont les instruments folkloriques atypiques à retenir étaient le tambourin et la harpe. Le festival commençait sur une bonne note, mais ça allait clairement s’accélérer avec les Belges de Aktarum sur l’autre scène.
SETLIST : Me zo ganet e kreiz ar mor / Klev ar c’hwezh, sell, salaou / Maro e ma mestrez / Ar mor bras / Silvestrig / Bleizi dihunet / Ty eliz iza
Fée Verte : Assister à un concert d’Aktarum, c’est toujours la certitude de passer un bon moment. La musique de la formation belge n’est certes pas des plus originales, on reste dans la pure tradition du « troll metal », mais on est assuré de bien s’amuser, et c’est tout ce qui compte !
Le chanteur, ainsi que les deux guitaristes, le bassiste et le batteur étaient bien présents, mais j’étais déçue qu’il n’y ait pas de keyguitar, qui est tout de même la marque de fabrique d’Aktarum. Néanmoins, les instrumentations folk préenregistrées sont correctement mises en valeur, et l’on peut noter quelques élans black metal et power venant enrichir le folk metal totalement décontracté du groupe. Sur le temps d’un morceau, on a pu assister à un changement de guitariste.
Aktarum nous présentait son dernier album Trollvengers paru l’an dernier chez Art Gates Records. Le public s’est montré réceptif et a alterné entre pogos, circle pits, slams et wall of… troll, pour reprendre la formule des collègues de Trollheart. J’ai moi-même eu le plaisir d’y participer, voilà un set qui fut sans grande surprise bien délirant !
Thrall : Il me tardait de les voir, et pour tout vous dire, il s’agissait d’un des groupes que j’attendais le plus. Je savais que les gars étaient très énergiques sur scène, et ça a pas loupé ! Avec certains morceaux proches des ambiances à la Finntroll (on ne s’étonne pas de la chose vu l’univers du groupe), le combo belge a vraiment mis l’ambiance dans la salle. Les titres étaient globalement rentre-dedans, avec des instruments rapides, balançant les rythmes parfaits pour les habituels pogoteurs et headbangers (choisissez votre camp!). Le chanteur nous mettait dans de très bonnes conditions, interagissant à de multiples reprises avec le public, ce qui était très plaisant. Voilà les premières suées de la journée !
Fée Verte : Je retourne dans la salle acoustique pour découvrir la Maisnie Hellequin. Comme pour Lannog, je m’assois, me disant que là encore, la musique serait calme. Suite à une introduction narrative, les membres du groupe entrent en scène. Au XIIIème siècle, la Maisnie Hellequin, c’était un groupe de personnes menées par Hellequin faisant un vacarme nocturne effroyable.
Nous qui pensions assister à un set apaisant, ce fut bien tout le contraire, à tel point que le frontman a très vite fait de nous demander de nous lever. Armée de sa bonne humeur, la joyeuse troupe wallonne propose ainsi une musique instrumentale entraînante, répondant à la dénomination « Heavy médiéval », menée par une cornemuse, une vielle à roue et un nickelharpa endiablés. Le quintet faisait la promotion de son dernier album Ars Moriendi sorti l’an dernier.
Parmi les temps forts du set, on peut retenir ce moment où Sabrina (à la vielle à roue) s’est retournée, lunettes de soleil au visage, et nous avons joué les surpris ; l’interprétation de la première et de la dernière partie (respectivement « Conqueste » et « Pestilence ») d’un morceau de trente minutes initialement composé de quatre parties ; pour finir sur « Hellequin » lors duquel nous avons apporté notre modeste contribution vocale. Pour l’anecdote, sur la version originale du morceau, les chœurs ont été assurés par les Compagnons du Gras Jambon qui étaient justement également présents au festival.
Thrall : Il était temps ensuite de retourner sur l’autre scène découvrir La Maisnie Hellequin, un groupe qui se réclame du Heavy Medieval, comme nous l’annonce fièrement le frontman de la joyeuse bande. Nous nous mettons assis et écoutons attentivement, comme happés par la musique des Wallons. Et c’est là que le côté rock’n’roll des titres commence à ressortir par moments, à notre grande surprise. Mais une surprise qui a rendu encore plus plaisante l’expérience musicale, une expérience qui se pimente un peu plus quand le groupe nous demande à tous de nous lever, frustré de nous voir assis sur des rythmes aussi endiablés.
De la belle musique enrobée d’une touche d’humour, on adore ! L’esprit heavy, les gaillards l’avaient assurément, surtout quand la joueuse de vielle à roue commence à porter des lunettes de soleil, telle une star du rock. Mais le mélange des styles, entre folk (une cornemuse, une vielle à roue et un nickelharpa étaient tout de même présents sur scène!) et heavy, fonctionne très bien et on ressort de ce concert totalement abasourdi par ce qu’on vient d’entendre.
SETLIST : Intro / Danse Macabre / Vierge de Fer / Hellequin / St-Lambert / Conqueste / Pestilence / Fear of the Dark
Fée Verte : A défaut de ne pas voir Bucovina, Cân Bardd fut probablement ma plus grosse attente du festival. Bien que le groupe ait une fois de plus offert un set de qualité, je n’ai curieusement pas retrouvé cette magie qui avait opéré lors du concert au Ragnarök. Je pense que cela était principalement dû aux instrumentations folk/épiques qui n’étaient sans doute pas suffisamment mises en valeur. C’est bien dommage, mais cela n’a aucunement porté préjudice au groupe puisque ce n’est pas pour autant que je n’aurai pas envie de le revoir une fois prochaine ! Le quartet a pu bénéficier de cinq minutes supplémentaires et a ainsi raccourci les intros et les outros de ses longs morceaux afin de pouvoir en jouer un de plus.
Thrall : Je décidais de faire une pause afin d’aller me désaltérer au bar, profitant de nouvelles bières à déguster. Le beau temps nous faisait naturellement rester dehors, et il ne fallait pas trop se laisser distraire par les conversations et les rencontres entre metalheads pour ne pas louper les groupes. Je pus ainsi profiter des dernières vingt minutes de Cân Bardd, qui balançait un black très atmosphérique et loin de laisser indifférent. Le choix de la mise en scène était d’ailleurs bien travaillée, avec de nombreux nuages de fumée masquant par intermittence les membres du groupe, donnant encore plus à l’ensemble un aspect mystérieux et mystique. Ne connaissant pas du tout le groupe avant le concert, ce fut une bonne découverte pour moi : il ne me restera plus qu’à écouter les albums, le groupe ayant réussi à piquer ma curiosité.
SETLIST : Une Couronne de Branches / My Ancestors / Autumn Shore / Celestial Horizon / Devoured by the Oak pt I & II
Fée Verte : J’ai malheureusement été contrainte de sacrifier le set de Stille Volk le temps d’aller me restaurer.
Thrall : Il me tardait également de découvrir Stille Volk sur scène, et je pus profiter d’une partie du show avec eux. Certaines chansons me restaient en tête depuis ma dernière écoute du groupe français, et j’eus le plaisir de les entendre une nouvelle fois, mais cette fois-ci en live. Le son était parfait et le chant immersif se retrouvait autant en live qu’en CD. Je me surpris moi-même à me trémousser sur les mélodies des instruments folkloriques, emporté par le show.
Fée Verte : J’étais contente de revoir Deloraine après leur prestation au Cernunnos Pagan Fest quelques mois plus tôt. Les Tchèques peuvent cette fois-ci profiter d’avoir une grande scène rien que pour eux, car si l’on compte la danseuse qui intervenait lors de certains morceaux (« Ragnarok » par exemple), le groupe est tout de même composé de huit membres au total.
Principalement axée sur l’univers pagan/fantasy, la musique de Deloraine met fortement l’accent sur le côté médiéval, notamment grâce à la présence de nombreux instruments traditionnels (flûtes et didgeridoo pour la charismatique chanteuse Masha, tambourin pour le chanteur Spars, mandoline, violon…). Les fans de Percival, et plus généralement de The Witcher ne pouvaient qu’être ravis puisque entre ses compositions originales, Deloraine reprenait plusieurs titres issus du troisième volet du jeu vidéo, comme « Steel for Humans ». Le groupe a également interprété une nouvelle chanson initialement chantée en tchèque et en galicien, et a pour l’occasion adapté une partie des paroles en français.
Un peu de légèreté ne peut pas faire de mal en cette fin de soirée. Avant de retrouver les Compagnons du Gras Jambon, le conteur Quentin Foureau intervient pour nous conter deux légendes dans le thème de la bonne chère puisque la première contait l’histoire de « la Goulue », et la seconde celle de la création par Dieu du faisan. Ce fut un moment agréable, j’ai beaucoup aimé la manière dont Quentin faisait vivre ses textes, c’était très immersif !
Nos quatre Compagnons entrent ensuite en scène. On retrouve le chanteur Vik, s’accompagnant de l’octavharpa, la percussionniste Perkim, assurant également les chœurs, le batteur Raph, et Aurore à la nyckelharpa. Inspirés de la musique médiévale, ces troubadours des temps modernes nous font voyager dans leur univers décalé à travers l’Europe, de la Russie à l’Islande, en passant par le Danemark. Parmi les temps forts du set, je retiendrai tout particulièrement la chorégraphie délicieusement débile de « Ræven, Rotten & Grisen » lors de laquelle nous avons imité le lièvre, le rat et le cochon. L’air du morceau m’est resté en tête des jours durant !
Les Toulousains ont profité de leur concert au festival pour nous présenter en exclusivité leur tout nouveau projet metal du nom de Aükar ! Vous pouvez d’ailleurs retrouver le premier clip illustrant le morceau « Dve Nevesti » paru au début du mois dernier !
Thrall : Grosse pause en extérieur pour boire et se restaurer, je laissais ma compère Fée Verte partir profiter des shows de Deloraine et des Compagnons du Gras Jambon, que je pus quand même écouter de loin. La salle était bien remplie, rendant difficile l’accès aux premiers rangs. Mais même situé dans les rangs du fond, l’emplacement était toujours bon pour profiter de cette musique de troubadours. Ayant toujours eu un faible pour la musique médiévale, il était plaisant de fermer les yeux quelques minutes afin de s’imaginer temporairement au beau milieu d’une foire médiévale. En plus, le groupe a cette habitude de faire participer le public sur certaines de ses chorégraphies ou imitations, ce qui rend le tout vraiment très amusant.
SETLIST LCDGJ : Oysya Ty Oysya / Ólavur Riddararos / Le Maître de la Maison / Ræven, Rotten & Grisen / Lorem Ipsum (j’aime la galette) / Korobushka / In Taberna
SETLIST AÜKAR : Dvé Nevesti / Iwe Vula / One
Fée Verte : La fatigue commençant à me gagner, je n’ai pas profiter comme il se doit du concert de Heidevolk qui était programmé en tête d’affiche du festival. C’est dommage, car j’ai apprécié le dernier album des Néerlandais, du nom de Wederkeer, paru en ce début d’année. Il m’a fallu attendre la fin du set avec l’incontournable « Vulgaris Magistralis » pour sortir de ma torpeur.
Thrall : Il était désormais temps pour Heidevolk, la tête d’affiche de cette édition 2023 du Lid Ar Morrigan, de monter sur scène afin de clore ce magnifique festival. C’était également l’occasion pour eux de défendre leur nouvel album sorti plus tôt dans l’année. Eh bien, quelle ambiance ! La foule était totalement possédée : ça bougeait dans tous les sens, ça pogotait, ça faisait voler les cheveux dans les quatre coins de la salle… Le duo de chanteurs s’en donnait alors à cœur joie, heureux de recevoir toute cette joie de vivre et cette énergie du public. Sans compter que la force d’une musique comme Heidevolk, c’est justement le partage de chœurs avec le public, poing levé ou corne levée, comme on le souhaite. Une grande fête comme on les aime, venant conclure près de neuf heures de musique !
SETLIST : Ver Verlangen (intro) / Hagalaz / Klauwen Vooruit / Einde der zege / Onverzetbaar / Schildenmuur / De Strijd Duurt Voort / Oeros / Wederkeer / Het geldersch volkslied / A Wolf In My Heart / Winter woede / Saksenland / Drink met de Goden / Vulgaris magistralis / Nehalennia
Fée Verte : Ce cinquième cru du Lid Ar Morrigan a rencontré un franc succès, ce fut une fois de plus une super édition dotée d’une programmation alléchante. J’ai vraiment apprécié de pouvoir passer ce moment convivial avec mon cher et tendre et mes amis. Le rendez-vous pour l’édition 2024 est d’ores et déjà pris, on note la date du 25 mai sur nos agendas !
Thrall : Un Lid Ar Morrigan parfait de bout en bout, comme toujours, et très bien organisé ! Équipes toujours au top et très aimables, restez comme vous êtes les gars, c’est toujours un plaisir de venir vous soutenir ! Le rendez-vous avec le Lid Ar Morrigan 2024 est d’ores et déjà fixé, comptez là-dessus !