Lid Ar Morrigan IV

Fée Verte : Cela faisait bien longtemps que je n’étais plus revenue en région nantaise pour le Lid Ar Morrigan. Depuis la dernière fois que je m’y suis rendue en 2017, le festival organisé par Morrigan Asso a bien grandi ! A l’époque, on pouvait plus parler d’un grand concert de folk metal plutôt que d’un festival. Depuis sa deuxième édition, le Lid Ar Morrigan a quitté le Ferrailleur pour s’installer le temps d’une journée au Champilambart à Vallet, petite commune située à une vingtaine de kilomètres de Nantes.

Pour sa quatrième édition, le festival a vu les choses en grand : côté boissons, un grand choix de bières artisanales locales était proposé, en plus du breuvage médiéval par excellence qu’est l’hypocras et de l’incontournable Muscadet. Bien entendu des boissons non alcoolisées étaient également disponibles, comme le fameux Breizh Cola. En ce qui concerne la ripaille, deux foodtrucks étaient sur place et suggéraient à prix raisonnable des burgers/frites et des croquetas. Des variantes végétariennes étaient également possibles. En intérieur, on pouvait retrouver plusieurs stands et venir à la rencontre de quelques artisans. Mais la grande nouveauté de cette édition, c’est une scène acoustique en plus de la scène principale dédiée aux formations metal.

L’accès au festival est autorisé dès 15h. Il reste une heure avant le début des concerts mais pour nous faire patienter, l’école de musique Sèvre et Loire se produisait par le biais de ses sonneurs et ses bateristas. Je n’ai pas pu assister bien longtemps à leur prestation puisque mon interview avec le chanteur et le batteur de Vanaheim était programmée à 15h30.

Ced Damaged : Vous avez toujours rêvé de danser sur des gros riffs bien vénères avec une hache dans la main et une maxi pinte de breuvage houblonné dans l’autre ? Vous préférez vous laisser emporter par des airs folk traditionnels tout droit sortis d’une taverne de Witcher 3 et méditer sur vos frères d’armes tombés au combat ? Ça tombe bien, on a un festival plutôt bien gaulé qui propose les deux programmes, ça se passe en Loire-Atlantique et j’y étais avec Fée verte et deux trois autres gens bizarres pour couvrir l’événement.

Tout commence un matin ensoleillé quelque part en banlieue parisienne. Le doux son du réveil nous tire de la torpeur d’une nuit de sommeil bien méritée. C’est le grand jour. Je tire un trait sur la cuite de la veille pour me concentrer sur celle de ce soir, pendant que le métro transporte ma carcasse abimée vers un endroit rempli de trains qu’on appelle communément «gare». Un endroit tellement obscur et méconnu que notre pote qui devait nous y rejoindre n’a pas réussi à le trouver. Après avoir passé quelques appels, nous avons heureusement pu trouver une solution de secours pour reformer notre trio légendaire sans devoir déclencher une alerte enlèvement. Trois heures de route dans un wagon blindé, l’occasion de s’habituer au chant clair et aux percussions grâce à la gentillesse des nombreux enfants présents au niveau des sièges d’en face, manifestement payés par l’orga pour nous déboucher les oreilles avant d’arriver dans la région.

Après plusieurs péripéties tellement exaltantes que ma décence m’oblige à les passer sous silence, nous atteignons enfin la salle où se dérouleront les hostilités. Le petit espace en plein air est assez accueillant et les deux salles bien spacieuses permettront d’alterner entre les styles de metal tout au long de la journée/soirée/nuit. Quelques individus de fort bon goût font déjà la queue pour acheter les précieux jetons qui permettront d’obtenir les nombreuses boissons prévues pour l’occasion. Le moins que l’on puisse dire c’est que le choix et la qualité étaient au rendez-vous, de nombreuses bières artisanales, de l’hydromel, du muscadet bien local et bien frais, du jus de raisin artisanal ou du Breizh cola pour les gens qui veulent rester raisonnables ou qui ont peur de finir par terre en fin de soirée. Des foodtrucks de délicieuses croquetas ou de burgers/frites permettaient d’éponger avec style le liquide éclusé durant chaque concert.

Une animation prévue par l’école de musique Sèvre et Loire aidait les festivaliers à patienter en attendant le lancement du premier groupe. Des airs celtiques agréables pour un petit « before » sympathique, que je n’ai pas vu en entier car j’ai suivi Fée Verte qui allait interviewer Vanaheim en arrière salle. L’occasion pour moi de découvrir les coulisses de ce groupe qui vient d’un endroit que j’affectionne particulièrement, les Pays-Bas. Quand je dis découvrir les coulisses, il faut comprendre que j’ai religieusement assisté à l’interview fort intéressante, en écoutant des gens parler beaucoup mieux anglais que moi et en passant en revue tous les sujets que j’aurais abordés avec eux si j’avais trouvé un peu de confiance en moi à l’entrée de la pièce. L’entretien se terminant, je commence à entendre le son des guitares et de la batterie dans la salle d’à côté.

Fée Verte : L’interview ayant légèrement débordée sur le début du premier concert, j’arrive en cours de route pour Trollheart. En studio, le groupe folk/black metal nantais prend la forme d’un one-man-band géré par The Troll (Nico pour les intimes, chanteur aux mille projets puisqu’on peut également le retrouver dans Infinityum, Vosegus, Circles ov Hell, FT-17, Tan Noz, Olympus et Spiritus Sancti !). Déguisé en troll, le chanteur est accompagné de Rembat à la basse, Janus à la batterie, et Damned à la guitare. Ces trois musiciens font eux aussi partie de quelques uns des projets tout juste cités.

Comme le nom du groupe peut le suggérer, Trollheart officie dans un folk/black metal bien trollesque sur fond d’orchestrations épiques. Finntroll est évidemment une influence majeure, mais on pourrait également citer d’autres formations de la scène « troll metal » comme Aktarum et Svartby. Musicalement, ce n’est pas d’une grande originalité, mais le côté décalé fait que l’on passe un bon moment ! Le groupe présentait son premier album Once Upon A Troll paru en 2020,

Une mise en scène totalement « what-the-fuckesque » a été pensée pour ce concert. On peut apercevoir une main coupée sur le rebord de la scène. Enfin une fausse hein… Enfin je crois ! Lors du bien nommé « The Hunt », The Troll se met à courser une demoiselle en détresse, tandis qu’une chenille humaine est lancée dans la fosse. Le public déclenche un peu plus tard un circle pit. Nous avons également pu assister à un spectacle de marionnettes ! Pour préparer un « wall of troll » digne de ce nom, les musiciens distribuent aux festivaliers des armes factices. The Troll nous a également donné une leçon de cuisine pour nous apprendre à préparer son plat préféré : de l’humain bien frais et bien tendre ! Pour la traditionnelle chanson à boire « Brother of Drink » qui clôturait le set, The Troll est allé chercher sa pinte jusqu’à la régi son en slammant. En bons princes, les musiciens sont venus remplir nos pintes. Un grand merci à Trollheart pour ce concert, en ce qui me concerne, je me suis bien amusée et j’ai bien rigolé !

Ced Damaged : Le temps d’empoigner une bière fraîche, me voilà dans la salle pour assister à ce qu’on pourrait décrire comme un «joyeux bordel organisé». On est sur du fun, efficace, festif, dans la grande tradition du «troll metal». Le chanteur arbore justement un masque à cette effigie. La thématique du groupe est composée d’activités saines comme le cannibalisme, se défoncer la tête à coups d’épée ou encore la dégustation d’urine, ce qui est l’idée que je me fais de la colonie de vacances parfaite. Des armes factices sont distribuées pour éparpiller un peu la foule, ce qui occasionne quelques pogos et même une superbe chenille dans la grande tradition française (pour ceux qui connaissent pas c’est comme un Human centipede sauf qu’on a la bouche libre pour boire un coup). Des chansons à boire bien festives comme la bien nommée « Brother of drink » durant laquelle le chanteur nous partage aimablement un bon tonneau de « pisse de troll » en remplissant les godets des initiés qui savent reconnaître un bon millésime. C’était déjà meilleur que de la Kro.

Thrall : Comme nous l’explique très bien ma chère compère, Trollheart était un concentré de rigolades et de bonne humeur ! Je n’avais jamais écouté ce groupe auparavant, mais force est de constater que les gaillards savent foutre une bonne ambiance dans une salle ! Un chanteur tout droit sorti d’un clip de Finntroll grâce à un super masque de… troll justement (je voudrais le même on va pas se mentir!), une distribution d’armes en plastique pour pouvoir jouer au guerrier dans la fosse, une tournée de pisse de troll offerte au premier rang (c’était de la bière, on a quand même senti la boisson avant de goûter!)…

Bref, l’ambiance était très festive, appuyée en plus par une musique simple mais efficace. Les guitares étaient énergiques, la batterie nous faisait parfois danser et le chanteur y allait de son entrain pour nous faire sauter en rythme sur les riffs bien entraînants du combo. Le concert s’est terminé rapidement, mais en vrai, on en aurait redemandé.

SETLIST : Awakening (intro) / Anger and Hunger / The Hunt / Dark Troll / La-Le-Lo / Scream from the Forest / More Troll Than Troll / Shut Up / Brother of Drink

Fée Verte : C’est Korr An Noz qui est chargé d’inaugurer la scène acoustique du festival. Je découvre totalement le groupe… et la découverte fut bonne ! Korr An Noz interprète une musique médiévale celte dans la veine de formations comme Omnia et Faun. La mise en scène est sylvestre, avec des feuilles de lierre ornant les pieds de micro. La prestation est enrichie par la présence d’une danseuse à côté de la scène. On peut compter cinq membres au sein du groupe : deux chanteuses, dont Loargann à la flûte, Chris au bouzouki, KazhDu aux percussions… et un visage familier au violon puisque Bruno fait partie de Fenrir ! Comme on dit, deux salles, deux ambiances, les concerts acoustiques sont l’occasion de se poser, on se laisse volontiers envahir par la musique apaisante du groupe. Quelques airs connus sont interprétés, comme l’ode à la lune initialement interprété par Percival dans le jeu vidéo The Witcher, mais aussi un air traditionnel irlandais popularisé par Eluveitie avec le morceau « Tegernakô ».

Ced Damaged : Après cette entrée en matière ébouriffante, le contraste est assez violent en arrivant dans la salle acoustique, qui accueille Korr An Noz, une formation folk celtique pur jus, qui instaure une ambiance médiévale à la Witcher/Skyrim. On navigue constamment entre tradition et séduction grâce à la symbiose entre deux chanteuses envoûtantes et trois musiciens passionnés. Une des chanteuses joue elle même de la flute dans quelques passages remémorant un autre groupe que j’avais pu voir au Cernunnos, Perkelt et sa flûtiste de l’espace. Je suis cueilli comme une fleur à mesure que résonnent les notes de mélodies celtiques, et toute la salle a l’air transportée de la même manière. Ce live m’aura rappelé que même si j’affectionne le metal, mes racines sont ailleurs, dans ces classiques traditionnels que mes parents m’ont transmis, dans cet amour d’une région à laquelle nous n’appartenions pas mais dont les codes et symboles ont traversé les âges, dans ce passé que je ne connaitrai jamais mais dont je suis nostalgique malgré tout.

Thrall : Une très bonne découverte que ce groupe pour ma part ! On est tout de suite plongé dans une ambiance de sous-bois, avec du lierre un peu partout sur scène, tandis que les cinq membres du groupe commencent leur set. Vous l’aurez compris, pas de folie côté public pour ce concert : certains s’assoient aux premiers rangs pour mieux profiter des morceaux acoustiques du quintet, d’autres restent debout en fond de salle tout en dégustant leur bière…

Rester assis en mode contemplation était parfait pour ce concert, la musique de Korr An Noz nous faisant fermer les yeux progressivement grâce à son côté enchanteur et apaisant. Mais même si les morceaux restent acoustiques, on aurait eu tort de penser que la musique des Bretons n’aurait pas aussi son petit lot de musiques dansantes ! Je pense notamment à l’air traditionnel « Tegernakô », que reprenait justement Eluveitie dans son premier album ! Un très bon moment passé à fermer les yeux et à bouger la tête ! Merci Korr An Noz !

SETLIST : Korr an noz / Psalmodie / Silver for monsters (reprise de Percival) / Morrison’s jig (trad irlandais) / Le vent joli / På natten / Bèla Marion / Will-o’-the-wisp

Fée Verte : Elle était là, ma motivation principale de ce festival. Six mois après leur concert à Gand, j’ai le plaisir de retrouver pour la quatrième fois mes chouchous hollandais Vanaheim ! Le groupe promeut actuellement son premier album Een verloren verhaal paru en ce début d’année en autoproduction. Le set débute justement sur le titre d’ouverture de celui-ci, « Uit Steen Geslagen ». En plus des quatre membres qui composent le line-up originel, une violoniste est invitée sur scène. Le souci, c’est qu’on ne l’a pas tellement entendue, tout comme Zino lors de ses passages growlés. Nous espérions que l’ingé son parvienne à rectifier le tir en cours de set, mais en vain. Pour moi qui connaissais déjà les morceaux, il me suffisait d’ajouter dans ma tête les éléments que l’on entendait mal, mais pour ceux qui découvraient le groupe, c’était dommage que toutes les conditions ne soient pas réunies pour apprécier pleinement le concert. D’autant plus que le groupe s’est vraiment donné à fond et délivrait avec force et conviction son metal épique « folkestral » dans la veine d’Equilibrium (du temps où c’était bien). En plus des quatre morceaux fleuves issus du premier album, Vanaheim nous a joué son petit classique « The Dwarven Chant » tiré du premier EP The House Spirit. Malgré les problèmes de son, le public s’est montré réceptif, je n’ai moi-même pas pu m’empêcher de me jeter dans les pogos !

Ced Damaged : Le temps de chasser les quelques réminiscences encore empêtrées dans mon esprit, nous débarquons dans la salle principale pour assister au show de Vanaheim, les Hollandais violents. J’avais déjà eu l’occasion de les voir lors d’un concert en Flandre, à Gand, lors d’une soirée metal où ils avaient tiré leur épingle du jeu grâce à des mélodies accrocheuses et un jeu efficace. L’occasion pour eux de promouvoir leur premier album s’appuyant sur la thématique toujours fertile d’une tribu défendant sa terre contre d’hostiles créatures. Un opus faisant la part belle à une mythologie réelle ou fantasmée, transcendée par un folk metal épique qui rappelle par moments les meilleurs moments d’Equilibrium ou de Finsterforst. Le groupe assure le show avec énergie et se permet de jouer des morceaux assez longs (jusqu’à 11 minutes pour la pièce maîtresse de l’événement) pour le plus grand plaisir du public qui est parfois frustré, à juste titre, de ne pas pouvoir entendre certains morceaux pour des raisons logistiques. C’est dans la sueur et le sang que s’achève donc leur set, mon seul regret étant que pour ce show précis le chanteur avait du mal à se faire entendre, le réglage étant quelque peu inégal en fonction des instruments. 

Thrall : Ah Vanaheim ! J’avais hâte de découvrir ce combo venu tout droit de Hollande, tant ma chère compère m’en avait parlé en très bons termes. Et je n’allais pas être déçu tant l’énergie du groupe sur scène était palpable, surtout au vu du registre dans lequel ils opèrent, à savoir du bon gros Epic Metal. Dommage qu’un problème de son récurrent jusqu’à la fin du set ne m’ait empêché de profiter à fond du set : guitares et claviers trop timides, un chanteur qu’on n’entendait pas vraiment, une batterie un poil forte…

Mais on sait ce que c’est et on passe outre ! Les titres sont rapides et nous font bouger la tête violemment, allant même nous rapprocher du pogo qui s’est formé non loin. L’ambiance est là et le groupe sait y faire pour entraîner son public, le chanteur n’hésitant pas à venir nous voir au premier rang pour nous tendre le micro et nous faire hurler dedans. Un très bon moment passé, toujours dans la bonne humeur, et qui m’a fait écouter leur tout premier album le lendemain !

SETLIST : Uit Steen Geslagen / Onbevangen / Reuzenspraak / The Dwarven Chant / Gevallen In De Nacht

Fée Verte : Cela faisait bien longtemps que je n’avais plus revu les copains de Drenaï. La dernière fois, c’était pour un set acoustique en septembre 2018 dans la petite salle du Klub à Paris. Quatre ans plus tard, je retrouve la formation rouennaise encore une fois en acoustique. Le line-up a légèrement évolué dernièrement puisque l’on peut compter deux membres également présents dans Adaryn (uniquement pour le line-up metal). A côté de la scène, la même danseuse que pour Korr An Noz anime le set. Les cinq messagers retranscrivent à travers leur musique folk acoustique les écrits de l’auteur d’heroic fantasy David Gemmel. Tandis que le conteur/guitariste Adrien introduit les différents morceaux sur un ton narratif, des sonorités traditionnelles des contrées celtiques et orientales sont véhiculées grâce à l’utilisation de nombreux instruments tels que le morin khuur (assuré par Has), la mandoline et la guimbarde. Le chant diphonique, également assuré par Has, évoque quant à lui le personnage Nosta Khan dont l’histoire épique est contée dans l’EP Nadirs paru en 2016.

Ced Damaged : La suite des événements fut un peu plus chaotique. J’ai tenté d’aller voir au moins un passage de quasiment tous les groupes à l’affiche, mais entre les voix dans ma tête qui m’intimaient de goûter toutes les victuailles de l’endroit et les débats philosophiques à deux grammes entre potes, mon esprit déjà légèrement défaillant en temps normal a forcément occulté certains détails. Je n’ai pas assisté à la représentation de Drenaï, que j’avais déjà vu dans un concert folk à Paris. J’ai souvenir d’une session acoustique plutôt bien foutue, sous forme de conte narratif musical retraçant l’œuvre heroic fantasy de David Gemmel (Rigante, Le Cycle de Drenaï…). Le concept est intéressant mais ce n’est pas trop mon univers.

SETLIST : Nadirs at the Crossroads of Death / Gods of Stone of Water / Chaman / The Prophecy / Tools of a Prophet / Beyond the Gates

Fée Verte : Initialement, Atlas Pain était programmé à l’affiche du festival. A ma grande déception, la formation italienne a été contrainte d’annuler sa venue pour cause de soucis internes au groupe. L’équipe du Lid Ar Morrigan a néanmoins pu trouver un digne remplaçant originaire de la même contrée : Furor Gallico. J’avoue largement préférer Atlas Pain, mais je ne suis pas non plus mécontente de revoir la formation lombarde trois ans après son dernier passage au Cernunnos Pagan Fest.

Becky ouvre la marche tout en douceur à la harpe celtique sur le titre d’introduction « Passage to a New Life » issu du dernier album en date Dusk of the Ages. Pour qualifier le groupe, on entend très souvent dire « C’est comme Eluveitie, mais en mieux ! ». Je confirme préférer Furor Gallico à la formation suisse, je trouve la voix de Davide moins monocorde, le chanteur maîtrise aussi bien les parties en chant hurlé qu’en chant clair. Par ailleurs, les morceaux sont à mon sens plus variés, notamment grâce à la présence de nombreux instruments traditionnels tels que les tin et low whistles et le bouzouki. La chanteuse Valentina Pucci nous a fait l’honneur de sa présence à partir du très beau titre « Waterstrings » et j’étais ravie de constater que la demoiselle paraissait plus à l’aise que lors du concert au Cernunnos Pagan Fest. Comparée au festival francilien, la setlist a été quelque peu adaptée, et pour mon plus grand plaisir puisque le groupe a interprété mon morceau préféré : « La Caccia Morta ». On n’en a pas tellement l’habitude, mais l’italien chanté sur un titre metal, c’est beau et ça rend bien !

Ced Damaged : J’ai entraperçu Furor Gallico, groupe folk épique qui a la particularité d’avoir composé quelques morceaux dans leur belle et lyrique langue natale: l’italien. Rajoutez des instruments traditionnels et des riffs énervés et vous obtenez une belle surprise qui a parfaitement sa place dans le line-up.

Thrall : Cela faisait longtemps que je n’avais pas revu les gars de Furor Gallico ! J’avais hâte de pouvoir rebouger le tête sur eux et lever le poing en rythme avec leurs titres habituellement bien dansants et entraînants. Avec eux, on prendra plaisir à les entendre chanter en italien sur du metal, un détail qui, mine de rien, n’est pas très courant sur la scène, mais aussi à profiter de leurs rythmes endiablés. Les guitares sont bien en place et on apprécie toujours l’apport d’instruments traditionnels qui donnent la pêche à leurs compositions, comme le bouzouki ou les whistles. Un groupe que je serai toujours content de voir en live !

SETLIST : Passage to a New Life (intro) / Nebbia della mia terra / Venti di Imbolc / Waterstrings / Canto d’Inverno / Song of the Earth / La Caccia Morta / Phoenix

Fée Verte : Dans la mythologie celtique galloise, Gofannon est le dieu forgeron. Et en Occitanie, Gofannon est un quartet de musique folk-pagan ! Le groupe originaire de Haute-Garonne était également présent au Cernunnos Pagan Fest de 2019 et j’avais plutôt bien apprécié la découverte. En faisant mes recherches sur le groupe pour le live report, je me suis aperçue que j’étais totalement passée à côté du premier album Craft paru au mois de mai de la même année, il faudra donc que je répare cet affront ! La setlist était justement composée de titres issus de ce premier album, mais également du premier EP Prosodies paru en 2016. Pour rendre l’ambiance plus apaisante, des bougies sont disposées sur scène. Dans la démarche musicale, on pourrait rapprocher Gofannon de Stille Volk, la plupart des chansons étant interprétées en occitan. On peut d’ailleurs retrouver à la guitare acoustique Florent « Sarg » Mercadier, anciennement membre de la formation occitane. Comme pour les concerts acoustiques précédents, l’ambiance est décontractée, les spectateurs sont assis et écoutent attentivement la musique envoûtante du groupe. Le fondateur du projet, Samuel Meric, ici au chant et aux flûtes, intervient régulièrement pour expliquer le thème ou l’histoire des différents morceaux. « Gofannon » est justement l’occasion de présenter le curieux instrument exposé au centre de la scène : le carnyx, qui est donc un instrument à vent très présent dans la musique celtique et le plus souvent utilisé en temps de guerre puisque la tête d’animal au bout du tube servait à apeurer l’ennemi. En plus des percussions, nous pouvions également noter la présence du nyckelharpa.

Ced Damaged : Gofannon leur emboîte le pas dans la salle acoustique. Il s’agit d’un groupe de folk d’Occitanie, plus précisément de Haute-Garonne. J’écoute attentivement leur musique et reconnaît certaines influences, ayant grandi et passé le plus clair de ma vie dans le Sud-Ouest. Je leur remercie d’ailleurs d’avoir apporté un peu de finesse et de culture pour montrer au monde que l’essentiel de ma région ce n’est pas que des mecs imbibés qui se jettent dans la Garonne entre deux cassoulets. Une atmosphère intimiste et envoûtante se crée peu à peu, l’aspect convivial de la salle convenant parfaitement au style des Toulousains. Les morceaux chantés en occitan rendent particulièrement bien et me font presque regretter d’avoir séché les cours à l’époque. Des instruments traditionnels sont bien évidemment présents, et chaque morceau a droit à sa description pour qu’on puisse comprendre ce qui se trame entre les lignes. Le set se termine tranquillement, laissant place à un autre gros morceau du fest’.

SETLIST : Seidhr / Sempervirens / Le Chêne Vert / Lo Boièr / La Hilha / Gofannon / La Cançon De Milharís

Fée Verte : Place à Svartsot que je n’avais pas revu depuis le Motocultor Festival de 2016, ça remonte à loin ! Les musiciens entrent un à un sur scène sur le titre « Carmen vernale » issu du dernier album Kumbl paru en début d’année. Seulement, une chose m’interpelle, nous entendons la voix du chanteur sans le voir. Pendant un court instant, j’ai eu peur que ce soit une voix pré-enregistrée pour pallier à une absence de dernière minute du chanteur. La panique fut de courte durée puisque Thor Bager finit par rejoindre ses acolytes, vêtu tel un moine. La basse de Simon Buje est illuminée, tandis que Hans-Jørgen Martinus Hansen se charge d’instaurer une ambiance festive en alternant passages à la cornemuse et à la flûte. J’ai été agréablement surprise car j’avais le souvenir d’un chanteur assez timide et caché derrière sa longue tignasse, mais en fait, une fois son accoutrement de moine retiré, Thor apparaît tout en élégance en costard et ne dissimulait absolument pas son visage. Cette belle tenue vestimentaire faisait contraste avec le folk/death metal énergique distillé ce soir. Je m’attendais à ce que le dernier album soit largement représenté, mais finalement les Danois ont fait un beau tour d’horizon de leur discographie, du premier album Ravnenes Saga au petit dernier, en passant par l’excellent Vældet avec les titres diablement accrocheurs « Kilden » et « Midsommer ».

Ced Damaged : Je reste sérieux malgré les bulles qui commencent à me chauffer le casque, et je pars donc assister en joyeuse compagnie à la session des Danois de Svartsot, desquels on m’a dit énormément de bien. De prime abord, un chant se fait entendre lors de l’introduction, mais le chanteur n’apparaît pas sur scène. Le public le cherche un peu partout, redoutant une absence de dernière minute, mais il était en fait tapi dans l’ombre, au fond de la salle, déguisé en moine. Il arrive sur la scène, se débarrasse de ses oripeaux moyenâgeux, et le groupe commence à faire parler la poudre. Un mélange death/folk particulièrement efficace, entre violence épique et nappes musicales enjouées. Rien de très mémorable concernant l’aspect scénique et les décors, mais un beau tour d’horizon de leur discographie que j’ai quelque peu passée en revue en rentrant pour combler mes lacunes culturelles. Le son était nickel, le public bien chaud, les pogos bien présents, on en a pris plein la gueule et c’était plus qu’appréciable.

Thrall : J’avais hâte de revoir les gaillards de Svartsot, les ayant vus pour la dernière fois à un Motocultor il y déjà quelques années. L’ambiance avait été folle, qu’en sera-t-il ce soir ? Déjà, le chanteur nous fait la surprise de venir en moine sur scène pour une entrée en matière du plus bel effet, avant de changer de tenue pour un costard bien taillé et digne d’un film de James Bond ! Un accoutrement qui tranche avec le reste du groupe et la musique habituelle du combo, mais on aime le délire !

Le groupe déroule autant les vieux titres que les nouveaux, avec l’expérience de scène qui les caractérise, d’autant plus que le son est avec eux, les guitares étant bien mises en valeur et la flûte laissant entendre ses notes entraînantes. Les pogos sont là et Svartsot enchaîne hit après hit, la fin du concert se terminant dans l’allégresse la plus totale avec le titre « Gravøllet ». Comme je m’y attendais, on a passé un très bon moment !

SETLIST : Carmen vernale / Skoven skælling / Kilden – I marker og i lunde / Dødedansen / Kromandens datter / Jotunheimsfærden / Holdt ned af en tjørn / Kragevisen / Skønne Møer / Liden Kirsten / Midsommer / Gravøllet

Fée Verte : Je ne sais plus pour quelle raison je n’avais pas assisté au set d’Acus Vacuum au Cernunnos Pagan Fest de 2019. Quoi qu’il en soit, grâce au Lid Ar Morrigan, j’ai eu l’occasion de me rattraper ! Le groupe prend la forme d’un pipe band composé des deux sonneurs Lucas et Simon, du batteur Arthur, qui fêtait son anniversaire la veille… et de la très charismatique danseuse Sam. L’ambiance était si festive que ce fut le seul concert sur la scène acoustique du festival lors duquel le public était debout, jusqu’à même déclencher quelques pogos ! Entre les danses de feu et de hache, les Belges ont donné une prestation spectaculaire. Et comme l’alcool réchauffe les cœurs, Sam a gentiment offert aux spectateurs des premiers rangs de l’hypocras fait maison !

Ced Damaged : Nous arrivons alors à une de mes meilleures surprises de la soirée. Je dois l’avouer, je comptais me poser dehors avec ma pinte pour me reposer et profiter de l’air frais comme l’immense flemmard que je suis habituellement. Mais le destin en a décidé autrement. A la recherche d’un pote disparu, je pénètre subrepticement dans la salle acoustique pour voir s’il n’est pas à l’intérieur. Ne le voyant pas, je me faufile vers le premier rang, et me fais vicieusement happer par Acus Vacuum. Leur style complètement hypnotique m’a directement plongé dans une sorte d’état second onirique uniquement rompu par les courtes pauses entre chaque morceau. Une transe musicale totalement maîtrisée et sublimée par la danseuse dont l’aura sensuelle et intrigante joue avec nos âmes jusqu’à les transporter dans un voyage astral où la réalité devient songe. Un des musiciens nous a même fait don de rasades d’hypocras pour prolonger l’expérience. Une délicate attention qui a fait l’unanimité parmi le public.

SETLIST : Intro classique / Rota Infernalis / Bransle de Michaut / In Taberna / Dulcissima / Platterspiel / Draconis / Artos Bario / Dryadalis / Intro Berserkir / Berserkir / Darakar / Arduenna Solemne / Epona / Cernunnos / Trolldäns

Fée Verte : La fatigue m’ayant gagnée lors du Skaldenfest en 2017, je n’avais de ce fait pas assisté au set de Trollfest. La première et dernière fois remonte donc à octobre 2014 lors de la tournée avec Equilibrium et Nothgard. Mon dieu, c’était un de mes premiers concerts de metal, ça ne me rajeunit pas ! Pour moi, Trollfest fait partie des groupes que tu apprécies en concert quand tu as trois grammes d’alcool dans le sang. Finalement, avec beaucoup moins que ça, je me suis bien amusée ! L’humour est une boucle, on a commencé le festival de façon délirante avec Trollheart, on le termine de la même manière avec Trollfest ! Décidément, les trolls sont des créatures bien comiques ! C’est justement grâce à l’utilisation d’un saxophone que le folk metal du groupe prend une dimension totalement décalée. Les Norvégiens nous présentaient ce soir les singles issus de son prochain album Flamingo Overlord qui est sorti vendredi dernier chez Napalm Records. Pour l’occasion, tous les membres du groupe étaient déguisés en… flamants roses (oui, vraiment) ! Le groupe a toutefois interprété des titres issus de ses précédentes sorties, dont l’excellent album Kaptein Kaos. C’était beau de danser et de chanter comme des débiles sur le tube pop « Toxic », probablement le temps fort du concert ! Pour le dernier morceau, je suis allée me défouler dans les pogos. A la fin du set, je me suis aperçue que j’avais perdu ma corne à boire… Heureusement, le festival s’est bien terminé puisque j’ai fini par la retrouver à l’accueil, merci à la gentille personne qui l’a ramenée !

Ced Damaged : Et voici enfin le bouquet final. Trollfest. Je n’avais jamais encore eu l’occasion de les voir, mais la légende raconte que c’est un groupe parfait pour la clôture d’un festival : l’expérience est totale vu que tout le monde est à 3 grammes. J’avais déjà utilisé l’expression « joyeux bordel » pour Trollheart, je vais devoir réitérer car je ne trouve rien de plus adéquat. Sérieux, putain, des mecs déguisés en flamants roses qui jouent du saxo en reprenant du Britney Spears, si c’est pas la définition du fun je brûle le gros Robert et Larousse avec. Le groupe faisait bien entendu promotion de son nouvel album Flamingo Overlord dont le titre est déjà tout un concept. Du metal fun, original, barré, qui occasionne les derniers pogos endiablés du festival, chaque festivalier qui n’a pas encore les jambes coupées les utilise comme il peut pour se donner à corps perdu dans la bataille finale. C’était un moment bien délirant, mais j’esquive cependant les gens qui se rebondissent dessus pour éviter que leurs corps ne m’usent. Pardon.

Thrall : Trollfest, c’est l’anarchie la plus totale ! Un « What the Fuck » géant, entre le folk, le cirque et les déguisement débiles dignes des plus belles soirées à thème de vos potes ! Ce soir, c’est le flamant rose qui est à l’honneur, pour notre plus grand plaisir ! Les titres s’enchaînent et le public devient rapidement hors de contrôle, dansant, pogotant et sautant sur les airs totalement dingues des Norvégiens !

Et s’il y a bien un détail qui rend leur musique complètement décalée, c’est bien ce maudit saxophone ! On l’adore à chaque note, venant transformer un titre bourrin et folk plutôt classique en un titre décidément à part. On se croirait dans un cirque tant l’ambiance fait rire, tandis que nos jambes ne peuvent s’empêcher de bouger pour effectuer des pas de danse que nous n’aurions même pas cru pouvoir faire ! Un concert qui se terminera bien trop vite, malheureusement, mais qu’est-ce qu’on aura profité ! Merci les gars et merci au Lid Ar Morrigan pour ces ambiances de folie !

SETLIST : Professor Otto / Brakebein / Dance Like a Pink Flamingo / Happy Heroes / Kjettaren mot strømmen / Steel Sarah / Kaptein Kaos / Illsint / Twenty Miles an Hour / Toxic / Solskinnsmedisin / Renkespill / Espen Bin Askeladden

Fée Verte : La journée est passée terriblement vite, le Lid Ar Morrigan est décidément l’un des rares événements où je m’éclate le plus ! Ce fut l’occasion de revoir les copains de la région, plein de groupes que j’aime beaucoup, et de faire des bonnes découvertes ! Un immense merci à Maëlle pour l’invitation et pour proposer à chaque édition une programmation de qualité, je reviendrai très certainement l’année prochaine !

Ced Damaged : C’est ainsi que s’achève ce festival de folie, c’est la fin, tout le monde rentre se coucher. Non je déconne. Tant qu’il y a des tonneaux, il y a de l’espoir. Une poignée d’irréductibles altruistes dont je fais modestement partie se dévoue pour aider à terminer les fûts dans un after/débriefing qui se terminera au cœur de la nuit alors que des mélodies d’outre-tombe résonnent encore dans nos oreilles aguerries. L’occasion de revenir sur tous les temps forts de la date, mais aussi sur les petits détails qui font la particularité de ce genre de fest’ à taille humaine, ces petits moments de grâce qui forment les anecdotes futures et auxquels j’avais envie de rendre hommage. Je voulais donc rendre hommage dans ces modestes lignes au mec déguisé en Power Ranger rose, à celui qui avait un carton de Goudale sur la tête pendant la quasi intégralité du festival (l’illusion était parfaite, j’ai failli te boire), à toi, le gars qui m’a gentiment dépanné une gorgée de binouze fraîche pendant Acus Vacuum parce que j’avais bu mon verre cul sec pour faire de la place pour l’hypocras, à ce gars qui a dépensé toutes ses économies dans le bar à l’extérieur (beaucoup vont se reconnaître, dont moi), et à tous les autres qui ont fait de ce moment une expérience vraiment unique. Aux organisateurs, bien sûr, aux partenaires, et à tous ceux en général qui ont permis à cette aventure d’exister. Et pour finir, à tous ceux que je recroiserai l’année prochaine au même endroit.

*aucun flamant rose n’a été blessé durant la rédaction de ce report.

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