Pour ce deuxième jour, on attend encore un peu plus de monde que la veille, et les festivaliers sont déjà bien présents à 14h lorsque Orme commence son set. On démarre la journée en douceur par rapport à la veille, le groupe originaire de Toulouse enchante les premiers arrivants, et ceux qui se remettent des excès de la veille au soir, avec une musique folk aux accents médiévaux. Le quatuor est parfaitement accordé et le son du violoncelle est léger et puissant à la fois. On entend également des influences orientales quand les percussions se joignent à l’ensemble, ainsi que des sonorités issues de la musique arabo-andalouse. Une très jolie musique que j’ai bien envie d’écouter chez moi en tant que musique d’ambiance pour me relaxer.
On continue avec le dark ambiant de Lapis Niger qui nous viennent de Suède. Le groupe n’a qu’un seul album à son actif, sorti en 2008, mais quel album ! Tout le monde s’accorde à dire que cette production est incroyable, et l’on comprend pourquoi. La musique du duo est planante, chamanique et on alterne les tempos avec des morceaux plus lents et d’autres plus dansants avec des influences electro-arabisantes. On retrouve aussi dans la musique de Lapis Niger des ambiances très sombres et lancinantes ainsi que des influences black atmosphérique. Je pense que le groupe aurait gagné à jouer de nuit et non pas en début d’après-midi, mais la qualité de la prestation est bien présente.
Ensuite, c’est au tour de Witchthroat Serpent, groupe de stoner/doom bien connu de Toulouse, fondé en 2011, d’entrer en scène. Beaucoup de festivaliers sont venus pour eux et c’est devant un public plus qu’enthousiaste que le trio balance ses premiers riffs d’un doom qui n’appartient qu’à eux. Le son est très bon et la maîtrise est totale, et la rythmique lourde et incisive. Un des gros coups de cœur du week-end.
Charnia attaque le début de la soirée avec son black atmosphérique fleurtant avec le post-black. On retrouve en alternance du chant clair et des growls caractéristiques du genre. Un bon set avec de belles mélodies et des riffs maîtrisés . La nuit tombe doucement sur le festival et nous plonge bien dans l’ambiance que le groupe souhaite installer. Le public est conquis, malgré quelques petits problèmes techniques au niveau du son. Personnellement, j’apprécie d’avantage les moments où leur musique tend plus vers le black atmosphérique que le post, mais tout est une affaire de goût.
Tout le monde attendait la venue du groupe Messa, mais la veille, le festival a appris que le guitariste du groupe avait eu un accident de voiture et n’était donc pas en mesure d’assurer ses prochaines dates. C’est donc Neønymus qui est chargé de remplacer le groupe au pied levé, Neønymus étant le projet solo de l’artiste espagnol Silberius de Ura. Pour moi, cet artiste a été une des grosses claques du week-end ; je ne le connaissais pas du tout et je n’en attendais rien de spécial et cet homme m’a véritablement bluffée par sa performance. Seul sur scène, il joue avec divers instruments, sa voix et une table de mixage pour créer une musique ambiant chamanique. Pour ceux qui connaissent Heilung, Neønymus utilise, entre autres, des os pour créer des sons. Ce projet est tellement personnel qu’il ne ressemble à nul autre, et l’homme vit sa musique sur scène, un très grand moment que les festivaliers n’oublieront pas vu le succès de cette performance.
Les deux jours du festival se closent avec Saturnalia Temple, groupe de stoner/doom fondé à Stockholm, qui termine donc la soirée de façon énergique avec ses influences psyché et la lourdeur pachydermique de ses riffs. Un doom classique mais efficace même si je trouve qu’il y a une certaine redite au niveau du style étant donné que nous avons eu Witchthroat Serpent plus tôt dans la journée, qui est lui aussi un groupe de stoner/doom, et les musiques ont donc quand même pas mal en commun.
Étant fatiguée et frigorifiée, je ne suis pas restée jusqu’au dernier moment-clé du festival, auquel j’ai assisté l’année passée, qui est : le rite du feu. Ce moment particulier où les organisateurs allument un grand brasier dans le champ jouxtant le festival est un moment unique et magique, où tous les festivaliers se retrouvent pour partager un dernier moment tous ensemble avant de retourner chez eux ou au camping. Nul doute que cette année aussi, ce moment aura permis un grand moment de communion entre des personnes de tout horizon.
Pour ma part, les gros coups de cœur musicaux auront donc été Camecrude, Neønymus et Witchthroat Serpent, groupe que je vois jouer avec toujours autant de plaisir. On ne peux que féliciter encore les organisateurs et les bénévoles de L’Homme Sauvage, il est rare de voir un festival aussi bien organisé de bout en bout et qui sait garder son âme en restant à taille humaine.