Avant de commencer ce live report, je souhaite remercier toute l’équipe de L’Homme Sauvage. Merci donc à Yan, le créateur de ce festival, et à tous les bénévoles. C’est un festival qui a été fait avec le cœur et il y a eu énormément de travail réalisé pour nous plonger dans une ambiance unique le temps d’un weekend.
Pour sa 2e édition L’Homme Sauvage a affiché complet le second jour, je rappelle que le nombre de place est très limité : 500 sur les deux jours, soit 250 personnes par jours. La volonté ici est de proposer un festival à taille humaine et de rassembler des passionnés de musique…mais pas que. En effet, les genres musicaux représentés ici sont des styles certes variés, mais qui demande une certaine ouverture d’esprit. Ce que l’on nous propos ici est une véritable parenthèse mystique au milieu de la campagne de l’Occitanie.
Vendredi 28 septembre
Habitant à moins de 30 minutes du site, ce festival représentait une véritable opportunité…sauf que j’ai mis bien 1h pour arriver.En effet, pas mal de festivaliers se sont un peu perdus en chemin, la faute à une déviation inattendue dans un des villages alentours. Qu’à cela ne tienne, j’arrive enfin sur le site du festival. Étant accréditée et également accompagnatrice d’un des groupes, on me dirige donc vers le camping « Artiste ». Force est de constater que beaucoup des artistes ont décidé soit de repartir après leurs prestations, soit de se trouver un hôtel ou un gîte, en effet il y a peu de tentes sur l’espace dédié aux VIP. De ce fait, je ne suis pas allé sur le camping festivalier mais le parking alloué pour l’occasion m’a cependant semblé assez petit. Du coup, le temps de poser ma tente et de prendre tous les renseignements nécessaires, j’ai pu accéder à la scène vers 14h. Les portes s’ouvrant à 12h30 et le premier groupe débutant à 13h j’ai donc loupé les deux premiers groupes de la journée, ceux-ci étant A REBOURS, le projet solo du chanteur de Stille Volk’s, et KARV DU.
Le temps que le prochain groupe démarre à 15h, je vais donc à la découverte du site. C’est là que je me suis rendue compte de tout le travail qui a été réalisé pour rendre l’ambiance unique. Le coin buvette/restauration se trouve dans une ancienne bergerie et est décoré de crânes d’animaux à cornes et de confections artisanales en bois, de plus on nous propose une cuisine de qualité et une bière locale en provenance d’Aurignac qui a eu un succès certain auprès des festivaliers. Plus loin, nous pouvons trouver le « coin pipi » composé de toilettes sèches et d’un coin urinoir simplement composé de paille au sol. Encore un peu plus loin un coin « pause » composé de tables en rondins de bois et de chaises en bottes de paille nous donne le ton, ce festival s’annonce très retour aux sources et ce n’est pas pour me déplaire. Cette simplicité est belle et efficace, les équipes ont redoublé d’imagination et le tout est très cohérent. De même, les diverses décorations qui sont réparties sur tout le site ont été créées de toutes pièces et nous plongent dans une ambiance chamanique et tribale. Le site est petit mais suffira amplement à accueillir tout le monde et à créer une ambiance chaleureuse. Je me rapproche donc de la scène, celle-ci est également magnifique. Le plancher est en bois et elle est décorée de beaucoup d’éléments ésotériques comme des bouts de bois et des pierres suspendues, ainsi que, là aussi, des crânes d’animaux… Enfin, tout au fond, se trouve un espace merch où sont vendus les t-shirt, les LP et les CD des différents groupes, nous pouvons aussi retrouver une créatrice ésotérique nous venant de Catalogne. Fait étonnant : nous retrouvons aussi le stand de Christophe Szpajdel, l’auteur du livre Lord of the Logos et qui a travaillé avec de nombreux groupes de la scène black metal comme Emperor et Enthroned.
Je me dirige donc vers la cène pour voir la prestation du groupe de dark folk TRAUM ER LEBEN. Il n’y a pas encore beaucoup de monde, en même temps nous sommes vendredi après-midi. Et le soleil de plomb fait que les quelques personnes présentes cherchent désespérément une place à l’ombre des arbres. La voix de la chanteuse est très douce et mélancolique. La voix du chanteur par contre est très grave et me fait vraiment penser à un chant que nous pouvons retrouver dans des formations goth rock, le tout doublé par des samples de chœurs féminins. Le chant se fait d’ailleurs en anglais et en allemand. Nous pouvons aussi entendre un clavier qui, à mon sens, efface les percussions qui sont pourtant plutôt imposantes. Ce groupe me fait l’effet d’une rencontre entre Stevie Nicks et Sisters Of Mercy, peut-être le groupe aurait-il gagné à jouer de nuit. En tout cas le son est vraiment très bon pour une scène en plein air et augure de bonnes choses pour la suite.
MUTTERLEIN fait une arrivée fracassante sur scène après la douceur du groupe précédent. Composé en majorité de musiciennes, ce groupe français à réveillé le festival avec son style « Haunted Rock/Folk ». Les gens se sont d’ailleurs pressés devant la scène qui compte donc sur ces planches deux claviers, Marion Leclercq à la guitare et au chant et une batterie. Le style est très sombre, bien plus que le groupe précédent, des chœurs féminins magnifiques portent la voix grave et puissante de la chanteuse qui sonne juste et vrai. Celle-ci dégage d’ailleurs un véritable charisme. Nous retrouvons des claviers typés 70’s qui nous transportent dans une mouvance mystique, surtout sur les passages instrumentaux. La musique est parfois lancinante tout en gardant cette puissance maîtrisée, les voix féminine se déchaînent et se répondent, il y a un petit côté Chelsea Wolfe, en tout cas une bonne découverte.C’est ensuite à OVTRENOIR de monter sur scène. Groupe de post metal français il est composé entre autre de Dehn Sora (TrehaSektori, Throane), musicien et graphiste, et de William Lacalmontie, photographe. Bien que la performance soit très professionnelle et carrée malgré un petit problème de son au second morceau, je ne me suis pas sentie transportée par la performance. Les musiciens sont pourtant très bons, énergiques, et le public est au rendez-vous,les riffs et la rythmique sont lourds et imposants. Cependant je ne trouve pas d’originalité dans ces compositions bien que les fans du style seront sans doute conquis.Après un problème de groupe électrogène qui a dû durer une bonne demi-heure arrive RUÒ TÁN. C’est pour moi LA grosse découverte de ce festival. Ce projet solo ambiant/noise/drone metal venu de Chine rencontre d’ailleurs un succès certain parmi l’ensemble des festivaliers. Sur la scène ont été installées des bougies, la lumière est tamisée, la nuit tombe sur le festival, tout est parfait pour se plonger dans cette ambiance rituelle. Personnellement je ne connais pas trop les styles noise ou même drone mais j’ai été littéralement transportée dans l’univers chamanique de l’artiste qui mêle dans ses sons modernité et tradition. J’ai d’ailleurs pu rencontrer Ruò Tán et sa compagne le lendemain du show et nous avons pas mal discuté, ce sont des personnes vraiment sympathiques et chaleureuses qui sont en recherche de nouvelles propositions de dates en France…qu’on se le dise !Arrive ensuite THROANE, un projet solo de post black metal français et j’avais vraiment hâte d’assister à ce concert, j’ai effectivement beaucoup aimé l’album Plus Une Main A Mordre, sorti l’an dernier. Pas mal de monde est arrivé depuis cet après-midi et je devine que je ne suis pas la seule personne à qui il tardait de voir ce live. Autant l’autre projet musical de Dehn Sora, Ovtrenoir, ne m’a pas ému, autant j’aime beaucoup Throane. Sur les planches, Dehn s’entoure donc de ses acolytes d’Ovtrenoir pour porter à bien sa musique. C’est sombre, c’est noir, ça vient des tripes, le jeu de scène est frénétique. Cependant quelques problèmes de son viennent ternir le set, la batterie et le chant sont noyés sous les guitares. Dommage.
DIRGE, groupe de postcore français, ne me laisse pas hélas de souvenir impérissable, et je dois bien avouer que j’écoute le set d’une oreille. Les tempos sont tantôt rapides, tantôt lents avec des passages qui sonnent un peu ambient avec beaucoup de parties instrumentales.
ARKTAU EOS, voilà un groupe sujet à controverse. Formation de deux musiciens nous venant tout droit de Finlande Arktau Eos évolue dans un style ritual experimental bien à lui. Je ne connaissais pas du tout la musique et j’ai été très surprise parce que j’ai vu et entendu. Arrive tout d’abord dans la foule massée au pied de la scène des porteurs de feu entourant deux géants en tenues de cérémonie et cagoulés, ceux-ci ne disant mots et soufflant dans des cornes. Ils montent ensuite sur la scène et délivrent un véritable cérémoniel parfaitement établi. La mise en scène est très soignée et travaillée, bien qu’elle me mette un peu mal à l’aise. Je tiens à préciser que mon ressenti est vraiment personnel, étant pourtant peu impressionnable, je me suis sentie un peu déroutée par la prestation scénique du groupe. L’atmosphère me semble pesante, la musique délivrée est lente et minimaliste. J’ai pu discuter avec des amis très fan de ce groupe qui ont vraiment été transportés voire hypnotisés par l’ambiance du concert et qui ont adoré, d’où de grosses différences de point de vues et de ressentis.
Samedi 29 septembre
Le premier concert du jour commence à 13h30 et il s’agit de DEATHBELL, groupe toulousain de doom à forte consonance ésotérique dont j’avais pu faire l’interview il y a quelque mois. Le public est déjà bien présent alors que le festival vient juste d’ouvrir ses portes et se montre conquis par la voix éthérée et la présence de la chanteuse Lauren. Le son est parfait et il n’y a aucune longueur dans les morceaux qui s’enchaînent en un rien de temps. Bien que les musiciens soient statiques, on entre rapidement dans l’ambiance qui est bien plus aérienne que terrienne, chose étonnante pour un groupe avec ce style musical. Effet accentué par le clavier au son seventies que nous pouvons très bien entendre. Notons d’ailleurs la bonne mise en scène avec des bougies et de l’encens disposés de part et d’autre de la scène. On relèvera par contre un petit souci de reverb sur les premiers morceaux qui sera cependant vite réglé.SOYUZ BEAR prend ensuite le relais, je précise qu’il s’agit également d’un groupe de sludge/doom toulousain dont certains des membres font aussi partis de Deathbell. Après un début de festival en douceur, Soyuz se charge de faire headbanger quelques têtes sous un soleil qui commence à taper fort sur les nuques. Pour avoir vu le groupes plusieurs fois, force est de constater que le style de l’ours lunaire est devenu plus sombre et sonne même plus black metal avec les nouvelles compositions. Les musiciens se chargent de rendre l’atmosphère encore plus lourde qu’elle ne l’est déjà.En milieu d’après-midi c’est SPECTRALE qui prend le relais. Spectrale est le projet acoustique de Jeff Grimal, qui officiait auparavant au sein de The Great Old Ones, le groupe est d’ailleurs lui aussi signé chez Les Acteurs de l’ombre. Le timing est parfait, le public se pose tranquillement dans l’herbe pour regarder voire juste écouter ces sonorités au style médiéval et fantastique. Le tout est un savant mélange entre le rock psychédélique des années 70’ et la bande originale d’un film de fantasy. C’est un voyage relaxant dans l’imaginaire qui nous est offert, la communication est bonne avec le public dont je sais que certains sont venus exprès pour les voir.LA BREICHE (la Sorcière, en occitan) c’est le groupe de Yan Arexis et Patrick Lafforgue, créateurs de L’Homme Sauvage et également musiciens de StilleVolk’s. Dans la même veine que le groupe précédent on évolue dans un style folk pagan et chamanique. J’aime beaucoup les sons traditionnels, j’ai donc été plus que servie entre vielle à roue et percussions aux rythmes anciens, tribaux et primitifs. C’est musicalement très beau et je suis transportée une nouvelle fois dans un univers fantastique, même peut-être plus que le groupe précédent qui était déjà très bon. Le soleil commence doucement à se coucher et la ma magie opère sur L’Homme Sauvage.Une des têtes d’affiche tant attendue de ce festival se trouve être AU CHAMPS DES MORTS. En effet le groupe signé chez Debemur Morti se fend d’avoir un public composé déjà d’initiés qui les attendent de pied ferme. Pour ma part, je découvrais le groupe pour la première fois, tout en sachant que le chanteur guitariste évoluait également au sein d’Anorexia Nervosa. La très forte influence black metal se fait évidemment entendre dans les riffs mais aussi dans le chant bien que certains solos de guitare sonnent parfois très heavy. D’un point de vue totalement personnel, le son est juste, c’est efficace mais voilà, il ya des blasts mais ce n’est pas assez violent pour le style et le chant clair, quand il est utilisé, ne rend pas les morceaux spécialement atmosphériques. Malgré sa notoriété et le fait que le black soit un de mes genres de prédilection je n’ai pas spécialement accroché.
Nous arrivons à un des moments les plus magiques et le plus beau du festival, la représentation du groupe COMMON EIDER, KING EIDER. Composé de deux musiciens originaires des USA, leur musique est difficile à décrire, nous pourrions dire que c’est dark ambiant mais je pense que cela serais réducteur. Je me tenais devant la scène papotant avec des amis tandis que le groupe installait ses instruments, puis ils ont commencé à se mettre en place pour jouer, et à ce moment là j’ai pu voir une grande partie du festival s’assoir, certains autour des braséros qui se trouvaient un peu partout sur le site. La nuit était tombée et nous étions tous assis, silencieux écoutant cette musique « religieusement » il faut bien le dire. Les deux artistes eux-mêmes étaient assis dans la pénombre à peine éclairés par quelques bougies. Une véritable communion s’est faite, je n’avais jamais vu ça avant dans un concert. La musique aussi bien relaxante, que mélancolique a enveloppé le site de L’Homme Sauvage, c’était une expérience unique et le public à ovationné le duo comme il se doit.
HEXVESSEL a ensuite investi la scène pour délivrer une musique folk et dansante. Des influences telles que Pink Floyd ou encore Led Zeppelin sont très clairement venues à mon esprit en écoutant ce groupe qui nous replonge immédiatement dans le rock psyche des années 68.
Viens ensuite le dernier groupe du festival, VISIONS, composé d’une seule personne. Assis sur le sol de la scène et entouré d’une grande quantité de pédales d’effets, il nous délivre un dark ambiant teinté de noise.
Très rapidement arrive le moment que tout le festival attend : le rite du feu. Patrick Lafforgue et Yan Arexis arrivent avec des flambeaux et en donne quelques un à des personnes dans la foule en les invitant à les suivre. Nous nous dirigeons alors tous vers le champ avoisinant afin de mettre le feu à une grande structure en bois à la façon d’un immense feu de la Saint-Jean. A l’origine une fête païenne célébrant le solstice d’été, ces grands feux ont été par la suite christianisés au Moyen-Âge. En tout cas la symbolique reste la même depuis la nuit des temps : un grand feu pour se réunir, pour réfléchir, pour danser, se purifier…ne faire plus qu’un et c’est ce qu’à réussi à faire L’Homme Sauvage.