Alerte concert événement ! En ce dimanche 13 mars 2022, j’avais pris rendez-vous avec une légende vivante du cinéma, certainement un des plus grands compositeurs de musique de film de tous les temps. Son nom : John Williams. 

Cela n’aura échappé à personne : le 08 février 2022, John Williams fêtait ses 90 ans. Et pour marquer le coup, le compositeur américain avait choisi de venir à Vienne, dans la mythique salle du Musikverein. L’idée était donc de diriger l’Orchestre Philharmonique de Vienne (Wiener Philharmoniker) afin que ce dernier joue ses compositions deux jours d’affilée (le samedi 12 et le dimanche 13 mars). Il était déjà venu en 2020, quelques mois seulement avant que le monde ne se ferme pour les raisons que vous savez. 

Avoir un billet a été bien entendu un parcours du combattant, mais que j’ai réussi à surmonter. Si vous avez l’habitude d’acheter des pass pour le Hellfest ou bien pour un concert de Rammstein, vous connaissez la musique…

C’est donc le plus tranquillement du monde que j’arrive vers 9h45 devant la salle. Déjà, je suis assez stupéfait par la beauté de la façade (comme d’ailleurs la quasi totalité des bâtiments de la capitale autrichienne). 

Les instructions sur le site officiel sont claires : il faut être à l’heure, puisque les portes se ferment lorsque le concert commence. Il est donc 10h lorsque les portes de l’entrée principale s’ouvrent. On s’occupe de mettre notre masque FFP2 (obligatoire en Autriche dans les lieux publics clos) et des agents de sécurité nous indiquent le chemin pour accéder à la salle.

J’arrive effectivement devant un escalier gardé par deux agents qui doivent attendre 10h30 pour nous laisser rentrer dans la salle. A l’heure dite, la sonnette retentit et nous empruntons donc l’escalier après le contrôle de notre billet. Aucun justificatif Covid n’est nécessaire. 

J’arrive dans la Grosser Saal, donc la plus grande salle du Musikverein. Il y a en tout quatre salles (dont trois petites), mais vu l’ampleur de l’événement, c’est cette première qui a été choisie pour l’occasion. Il y a 1700 places assises et 300 places debout. C’est notamment ici que se déroule chaque année le concert du Nouvel An, diffusé à la télévision…Le 1er janvier !

Je me dirige donc vers mon siège dans le parterre droit et m’assois. Ce n’est seulement que quelques minutes plus tard qu’un monsieur me dit dans la langue de Goethe : « Monsieur, je pense que vous êtes assis à ma place. ». En vérifiant mon billet, je me rends compte effectivement de mon erreur. J’étais à droite en étant dos à la scène, alors que je devais aller à droite en étant face à la scène. Bien entendu, je lance des « Tut Mir Leid » et je vais donc à mon véritable siège.  

Il est 11h lorsque retentit la cloche de début de concert. Quelques musiciens de l’orchestre sont déjà là, mais c’est à ce moment-là que rentrent la section des cordes (violon, alto, etc.), ainsi que la « guest » du concert, la violoniste soliste allemande Anne-Sophie Mutter. Et là, une clameur retentit puisque John Williams rentre dans la salle de son petit pas plutôt assuré. Tout le monde se lève et l’acclame comme une rock star. Je sens alors un frisson qui parcoure ma colonne vertébrale, alors que personne n’avait encore commencé à jouer. Là, ça commence bien…

Pour chauffer la salle, John saisit sa baguette de maestro et fait jouer à l’orchestre un air que je ne connais pas, mais qui me fait prendre conscience d’une chose : l’acoustique de la salle est tout simplement incroyable ! Jamais je n’ai entendu une telle harmonie entre les instruments. 

Peu après, cela démarre avec le Konzert für Violine und Orchester Nr. 2, un nouveau concerto composé par John Williams en 2021 spécialement pour Anne-Sophie Mutter et dont c’était la première interprétation live ! Anne-Sophie se montre virtuose dans son jeu, tantôt doux, tantôt agressive. L’orchestre l’accompagne dans sa performance. Belle entrée en matière ! Même si cela ne vaut pas ses anciennes compositions, cela fait plaisir d’entendre qu’il a toujours la passion de composer, malgré ses 90 ans. 

Après trois-quarts d’heure de concerto, la foule applaudit et se lève encore une fois. Visiblement touché, John prend un micro en main et nous remercie tout en annonçant le prochain morceau qui est le thème de The Long Goodbye (en français Le Privé), un vieux film policier de 1973 dont il a signé la musique. Anne-Sophie l’accompagne au violon. Je n’avais jamais entendu parler de ce morceau, mais j’avoue avoir bien aimé. 

Après un entracte de 30 minutes, le concert reprend. John revient mais cette fois-ci seul avec l’orchestre. Il est temps de rentrer dans le vif du sujet. « Superman March » nous met directement au garde-à-vous et me fait frissonner comme pas possible.

C’est suite à ce morceau que vont se jouer plusieurs morceaux répartis par film/saga de film. John prend à nouveau la parole en nous annonçant les morceaux qui seront joués, tout en distillant quelques anecdotes sur le travail de composition. Je bois littéralement ses paroles, car c’est tout simplement super intéressant ! De plus, il se montre toujours souriant, ce qui me touche beaucoup. 

D’abord viennent trois musiques de la saga Harry Potter. A peine « Hedwig’s Thema » démarre que je ne peux me retenir de verser des larmes d’émotion. C’est à ce moment-là que je vais être pris dans un tourbillon d’émotion au gré des morceaux. 

Ensuite viennent deux musiques de la saga Indiana Jones, pour laquelle John confirme qu’en rentrant en Californie, il continuera à travailler sur la musique du prochain Indiana Jones (devant sortir en 2023). Après des applaudissements nourris, il plaisante sur la capacité de Harrison Ford de faire des cascades à 78 ans en disant : « S’il arrive à faire des cascades et qu’il se sent jeune, alors moi aussi je peux continuer à faire de la musique ! ». 

Enfin, trois morceaux de Star Wars clôturent officiellement le programme, avec bien sûr l’habituelle standing ovation qui me fascine à nouveau. Alors que tous les musiciens partent, ceux-ci reviennent dans le même ordre qu’au début : c’est l’heure du rappel. A cette occasion, Anne-Sophie Mutter revient avec son violon et interprète « Across the Stars » (tiré de Star Wars II) qui est peut-être un des plus beaux morceaux romantiques de John Williams. Puis s’enchaînent « Flying Theme » (du film E.T) ainsi que « The Dual » venant du film Les Aventures de Tintin. 

Alors qu’un dernier morceau semble se tramer, je me dis « Tiens, et s’il faisait « Imperial March » (le thème de Dark Vador) ? ». Et c’est là que John saisit le micro, dit juste « Darth Vader » et l’orchestre entame « Imperial March », issu de Star Wars V. Je ne pensais pas avoir de dons de divination…

Pour le plaisir, voici comment ce morceau sonnait en 2020 (spoiler : c’était exactement pareil en 2022) : 

De nouveaux applaudissements retentissent pendant de longues minutes. Tous les musiciens et le maestro saluent le public et s’en vont définitivement, nous laissant tout simplement avec des étoiles dans les yeux. 

En conclusion, je ne pourrai jamais vous décrire avec certitude tout ce que j’ai ressenti durant ce concert. Mais ce qui est certain, c’est que je n’oublierai jamais ce moment magique et bouleversant. C’est un bonheur, mais aussi un honneur d’avoir pu voir ce monsieur qui m’a tant fait rêver pendant mon enfance. Il continue encore de me transporter grâce à ses musiques intemporelles.

Je ne peux que vous conseiller de tenter ce genre d’expérience au moins une fois dans votre vie. Au moment où j’écris ces lignes, John Williams va durant les prochaines semaines diriger des orchestres aux Etats-Unis et ce jusqu’en septembre 2022. Il devrait revenir prochainement en Europe à La Scala de Milan mais à une date encore inconnue (c’était de base prévu le 19 juin). Peut-être pour bientôt ? 

Setlist :

• Konzert für Violine und Orchester Nr. 2
• « The Long Goodbye“
• « Superman March »
• « Hedwig’s Thema »
• « Fawkes the Phoenix“
• « Harry’s Wondrous World“
• « Scherzo »
• « Marion’s Thema »
• « March of the Resistance »
• « Princess Leia’s Theme »
• « The Throne Room and Finale”
• « Across the Stars »
• « The Duel“
• « Flying Theme »
• « The Imperial March (Darth Vader’s Thema) »