Valkyries Webzine a eu la chance d’interviewer le chanteur d’Amon Amarth, Johan Hegg, à propos de la sortie de leur prochain album Jömsviking le 25 mars.
- Salut Johan ! Le prochain album d’Amon Amarth, Jömsviking va bientôt sortir, il n’y avait pas beaucoup d’informations au sujet de cet album, avez-vous gardé les infos secrètes pour éviter les fuites ou était-ce pour faire une surprise à vos fans ?
Tu sais, on est scandinave, si on a rien à dire, on la boucle et on boit ! Non, plus sérieusement, je ne vois pas l’intérêt de donner des nouvelles sur ce qu’il se passe quand il n’y a pas grand-chose à dire. Quand on ne dit rien et que l’on n’est pas en tournée, la plupart de gens comprennent que nous travaillons sur des nouveaux morceaux. Dire que maintenant on enregistre, on écrit des chansons, on est en route pour le studio, blablabla, à mes yeux c’est idiot. Beaucoup de groupes mettent trop de choses sur les réseaux sociaux et parlent tellement tôt de leur prochain album qu’au moment où il sort les gens l’ont déjà un peu oublié. Donc on préfère juste se concentrer sur l’écriture plutôt que de trop communiquer inutilement.
- Si je me souviens bien, vous avez changé de producteur pour votre dernier album. C’est le même pour Jömsviking ?
Ouais c’est toujours Andy Sneap
- Ça vous semblait logique de continuer avec lui ?
Oui, on a passé un bon moment la dernière fois, je pense que Deceiver of the Gods est vraiment bon et on est ravi de notre collaboration avec Andy. Après avoir finalisé Deceiver of the Gods, on a senti que nous devions continuer la coopération et même la développer.
- On ne change pas une équipe qui gagne !
(Rire) C’est plus compliqué que ça. Je pense que ça dépend des groupes mais pour nous ça a toujours été comme ça, on fait 2-3 albums avec un producteur, on se demande jusqu’où ça nous mènera, c’est intense et on a plein de nouvelles idées. Mais après le troisième album on commence à trop se sentir dans notre zone de confort, alors on a besoin de sortir des sentiers battus, mais c’est pas parce qu’on l’a fait qu’on doit le refaire dans le futur.
- Maintenant la question que tout le monde se pose, qui est le nouveau batteur d’Amon Amarth ?
Pour l’écriture et l’enregistrement de l’album, il s’agit de Tobias Gustafsson de Vomitory. On le connaît depuis longtemps, on sait que c’est un bon batteur, on connaît son sens créatif et c’est ce dont on avait besoin pour cet album. À propos d’un membre permanent, on n’est pas encore fixé. On a quelqu’un en tête, et je pense que ça sera annoncé officiellement bientôt mais je veux pas trop anticiper pour le moment. Il faut qu’on voit mais on a un type pour la tournée et les festivals de cet été donc on va voir comment se passe cette période de transition, s’il se sent bien avec nous et si on se sent bien avec lui. Je suis certain qu’il va réussir à jouer notre musique, c’est pas le soucis, ce qui est important pour nous est que nous cherchons un membre permanent, on ne veut pas changer de batteur régulièrement. Du coup, il faut que sa personnalité colle à la nôtre et qu’il se sente bien dans le groupe. Il faut penser que ça peut être très difficile d’entrer dans un groupe de personnes qui travaille ensemble depuis des années. Donc je pense que cet été sera un test, pour lui et pour nous. Je ne l’ai pas encore rencontré, mais d’après ce que les gens m’ont dit de lui ça devrait le faire. Il a l’air d’être cool, mais on ne pourra savoir qu’après avoir passé un peu de temps sur la route si c’est le bon.
- Donc on le rencontrera au Hellfest !
Sûrement !
- En parlant de nouveaux musiciens sur l’album, il y a une chanteuse dans A dream that cannot be, qui est-elle ?
C’est Doro Pesch de Warlock
- *silence*
Tu ne connais pas Doro ? C’est une chanteuse metal légendaire. Ça fait des années qu’elle est dans le métier. Il me semble qu’elle a commencé avec son groupe Warlock à 17 ans environ et elle chante depuis une trentaine d’années. C’est une dure à cuire, une grande chanteuse avec un super caractère et une voix très spéciale. Je pense qu’elle est parfaite pour cette chanson et elle a fourni un super boulot, j’adore sa prestation sur cette chanson !
- Sa voix fait un peu sorcière sur ce titre, ça rend vraiment bien.
C’est vrai ! Pour cette chanson, je ne vois aucune chanteuse qui aurait pu faire mieux qu’elle.
- À propos de l’album, les Jömsvikings sont une sorte de mercenaires d’élite. Pourquoi avoir choisi ce thème ? C’est assez éloigné de la mythologie.
Tu sais, Amon Amarth c’est pas seulement sur les Dieux et la mythologie, c’est aussi l’histoire des vikings, leur mentalité, leur quotidien. Les Jömsvikings ont leur propre saga, il y a de vieilles légendes norroises sur eux, et lorsque j’ai commencé à écrire l’histoire, j’ai voulu utiliser ce thème comme base pour la rendre plus plausible. Et je suis satisfait du résultat. Comme tu disais, les Jömsvikings étaient des mercenaires, un peu comme la légion étrangère Française de leur époque ! (Rire) Mais quelque part ils sont un peu mythiques. Il y a encore des débats sur le fait qu’ils aient existé ou non. Mais je ne pense pas prendre trop de risque en disant qu’ils ont existé, car ils ont été mentionnés dans beaucoup d’endroits, dans les sagas, l’histoire… Mais savoir à quel point ils étaient importants, je ne pourrais pas le dire.
- Donc Jömsviking c’est un concept album. Tu peux me raconter l’histoire ?
L’histoire est assez simple. En gros, un homme est amoureux d’une femme qui doit se marier avec un autre homme, il veut fuir avec elle mais elle refuse. Alors il tente de la kidnapper mais il se fait repérer par un garde. Il y a un gros combat et il tue le garde, ce qui le rend hors-la-loi. Son père le dénonce et le renie. Il doit alors fuir et c’est à ce moment qu’il rejoint les Jömsvikings. Et grâce à ce groupe, il entrevoit l’opportunité d’avoir sa revanche et de récupérer celle qu’il aime. Il trouve un moyen de la retrouver, et leur rencontre se fait dans A dream that cannot be. Dans cette chanson, il se rend compte, et nous aussi, que cette femme est passée à autre chose, qu’elle a avancé et qu’ils ne pourront jamais être ensemble. Donc tous ses espoirs sont détruits. Ça ne se termine pas très bien pour lui !
- C’est pour ça qu’on sent un conflit dans la chanson de leur rencontre ?
Oui, j’ai fait en sorte que ce soit comme une conversation entre eux mais qu’ils ne se parlent pas vraiment. Chacun dit ce qu’il a à dire mais il y a une sorte de barrière entre eux. Ça souligne le fait qu’ils sont à des niveaux différents et qu’ils ne s’entendront jamais. Du coup, il est complètement désabusé et il va jusqu’à la bataille finale où il mourra. C’est très résumé, le script originel fait 140 pages donc c’est une assez grosse histoire épique. Si ç’avait été un livre, il ferait sûrement mille pages. Je pense que c’est une bonne histoire, j’ai apprécié relier les différents éléments, c’était assez intense et j’ai passé de bons moments à le faire.
- Musicalement parlant, j’ai noté des changements. À propos de ton chant, tu as mis énormément de variations dans ton style. Parfois tu chantes très rapidement, dans At dawn first light et d’autres fois tu parles juste, comme dans Wanderer. C’est une évolution normale de ton style ou tu voulais vraiment mettre en avant les émotions dans cet album ?
C’est plutôt dû au concept, on avait vraiment besoin d’une musique et d’un chant qui soulignent l’histoire. En fait, on a fait comme si on écrivait la musique d’un film. Dans Wanderer, il fallait des éléments sombre et mélodiques, un peu déprimants. Dans l’histoire, il est seul à ce moment, il ne sait pas où aller, il fuit et il est désespéré. Et lorsqu’il trouve enfin de l’aide, il ne sait pas s’il peut vraiment faire confiance. Mais il entrevoit une possibilité et il ressent un peu d’espoir. C’était difficile de trouver les bonnes intonations et les bons styles de chant, mais je suis satisfait du résultat. Et comme tu dis, At dawn first light est vraiment agressive parce que le thème c’est une attaque surprise sur le village, donc les gens se réveillent et sont genre “ Oh merde ! ”. C’est assez dramatique, donc il fallait être percutant !
- Pour la partie guitare, j’ai entendu énormément d’influence heavy, principalement dans les solos. C’est quelque chose que vous vouliez vraiment apporter en plus dans votre musique ou c’est venu naturellement ?
Je pense que c’est plutôt une question pour Johan ou Olavi, mais vu qu’ils ne sont pas là… Je vais essayer de répondre ce que je comprends de leur point de vue. Sur la musique elle-même, il y a plusieurs raisons pour lesquelles on entend plus les influences heavy. Premièrement, c’est une évolution qui a commencé depuis quelques années, on se sent plus à l’aise avec le fait de laisser ressortir nos propres influences. Elles ont toujours été là, mais on les a toujours cachées, elles n’ont jamais été autant présentes. Mais à chaque album, on se sent plus à l’aise de les laisser librement s’exprimer. Une autre raison c’est vraiment le concept, comme on a l’histoire ça change notre manière d’écrire. D’habitude, on écrit la chanson puis on ajoute les paroles qui collent à la musique. Là on a les paroles et on doit écrire une chanson qui colle à l’histoire. On a plein d’émotions à transmettre comme pour une musique de film, donc on amplifie le côté mélodique. Et troisièmement, Le style de Tobias est assez différent de celui de Fredrik et je trouve qu’il donne plus d’air pour la production ; il y a plus d’espace pour que les autres éléments se développent avec son style de jeu. C’est assez difficile à expliquer, mais c’est vraiment ce que je ressens. Il y a de nombreuses raisons pour la présence de plus d’éléments heavy dans cet album, mais je pense que ce sont les principales. Mais malgré ça, dès qu’on écoute l’album, on se dit c’est toujours Amon Amarth, il y a juste quelques nouveautés.
- De manière plus générale, comment arrivez-vous à continuer à évoluer après toutes ces années ?
Tout d’abord on aime ce qu’on fait, on aime notre musique et on veut devenir meilleur dans ce qu’on fait. Ensuite on a toujours énormément de choses en nous et nous devenons de meilleurs musiciens et compositeurs à chaque album. On essaye toujours de pousser le bouchon plus loin et voir où ça nous mène. Mais je pense que le simple fait que nous aimons ce que nous faisons nous donne la volonté d’évoluer tout en restant nous-même.
- Comment trouvez-vous l’inspiration pour vos mélodies et comment les collez-vous au concept ?
(Rire) Peut-être que Johan aura du temps après l’interview, tu pourrais lui demander. C’est assez dur à répondre parce que je me concentre énormément sur les paroles et le concept mais je pense que pour cet album, c’est vraiment l’histoire qui les a inspirés pour les mélodies. On a toujours travaillé avec des images en tête. Parfois Olavi ou Johan arrivaient avec une chanson et pour les paroles, c’était un peu “ ouais quand je joue ça ça me fait penser à une grosse armée de vikings à cheval qui arrive en haut d’une colline et la descende ” et après on commençait à écrire. On a toujours utilisé des éléments cinématographiques pour avoir la sensation que les paroles marchaient avec la musique. Mais ça reste que mon avis, Johan ou Olavi te répondraient mieux que moi. Car ils écrivent la plupart de la musique.
- En gros, vous mettez une bande son sur le film que vous imaginez ?
Ouais c’est l’idée !
- En parlant de films, as-tu apprécié jouer dans Northmen ?
Carrément! C’était très sympa, une très bonne expérience, on s’est fait pas mal de nouveaux amis.
- Penses-tu que tu joueras dans un autre film sans mourir au début ?
(Rire) Tout est possible ! Maintenant que je l’ai fait une fois, alors je pourrais le faire encore.
Même si je ne ferais pas carrière dans ce métier, j’adorerais le refaire si j’en ai la chance. Et bien sûr avoir un rôle plus important. Mais tu sais j’ai vraiment eu plaisir à faire ça, l’idée c’était juste de faire un caméo, j’avais quelques lignes, et je me suis battu donc c’était sympa et je trouve que j’ai eu une belle mort. L’ambiance était super et je suis toujours en contact avec les amis que je me suis fait là-bas.
- Pour finir cette interview, je voulais savoir si tu connaissais un peu la scène metal Française.
Malheureusement non, c’est assez drôle dans un sens, j’ai beaucoup de mal à suivre la scène metal actuelle. Je fais beaucoup de chose en dehors d’Amon Amarth, je vis dans une vieille maison et il y a toujours des choses à faire, je gère avec quelques amis une entreprise de vente par correspondance qui s’appelle Grimfrost donc ça me prend beaucoup de temps. Et à la fin de la journée, je n’écoute pas beaucoup de nouvelle musique, j’ai tendance à réécouter ce que je connais déjà. Mais j’essaye au moins d’écouter ce que mes amis m’envoient ou quand ils me disent que je devrais vraiment écouter ça. Mais je ne connais pas beaucoup de groupes Français. À part Gojira. J’adore Gojira.
Huginn