Insomnium – Heart Like a Grave

J’ai pas mal hésité à chroniquer cet album, car je n’ai jamais vraiment osé m’aventurer vers les pentes dangereuses du death mélodique « mainstream » (tout est relatif, on ne parle pas d’Amon Amarth ou de Children of Bodom non plus), de peur d’être complètement à côté de la plaque. Sauf que là, le petit dernier d’Insomnium paru chez Century Media Records, Heart Like a Grave, m’a évoqué tellement de belles choses que j’ai fini par me lancer… et me voilà donc à chroniquer pour la première fois un album de mon deuxième groupe préféré ! J’ai bien conscience, plus que jamais, que l’objectivité ne sera pas forcément le trait qui caractérisera le plus cet article, mais ce n’est pas grave, je relève tout de même le défi !

Je ne pense pas qu’il soit très utile de présenter le groupe vu sa notoriété (du moins, je l’espère), alors on passe directement à la suite ! Il faudrait juste rappeler qu’en plus de Niilo Sevänen (chant/basse), Ville Friman (guitare/chant clair), Markus Vanhala (guitare) et Markus Hirvonen (batterie), le groupe compte désormais un nouveau guitariste, assurant aussi les parties en chant clair, Jani Liimatainen (ex-Sonata Arctica). Dans la mesure où Ville parvient difficilement à combiner le rythme intensif qu’implique une tournée et sa vie professionnelle, Jani apparaît donc comme un renfort bienvenu !

Comme toujours, toutes les paroles sont écrites par Niilo, à l’exception de « Valediction », co-écrite avec Ville. Concernant la partie « composition », tous les membres du groupe, excepté Markus Hirvonen, ont participé, mais Vanhala semble de plus en plus se prêter à l’exercice, pour mon plus grand bonheur. Avec quatre compositeurs au sein du groupe, le son d’Insomnium s’annonce plus riche que jamais, d’autant plus que les Finlandais ont collaboré avec Jens Bogren, qui a entre autres assuré le mixage et le mastering pour Opeth, Dimmu Borgir, Arch Enemy, etc.

Concernant la pochette, réalisée par Vesa Ranta et Simo Heikkinen, celle-ci n’est pas particulièrement belle objectivement, plutôt sobre, et pourtant très travaillée et raffinée. Peut-être à l’image de l’album ? C’est ce que nous allons voir sans plus attendre !

On ne le sait que trop bien, quand on pense à Insomnium, on a tendance à avoir immédiatement en tête les adjectifs « mélancolique » et « épique ». Avec Heart Like a Grave, les Finlandais ne dérogent pas à la règle, loin de là. La mélancolie est même au cœur de l’album, jusqu’à en devenir un concept à part entière, car ce trait de caractère fait partie intégrante de la culture finlandaise. Je parlais plus haut des paroles, celles-ci sont fortement inspirées de contes, de poèmes et de chansons extrêmement tristes, mais aussi des expériences personnelles des membres du groupe. Parmi les auteurs et autres artistes qui ont influencé Insomnium pour l’album, on peut retrouver Saima Harmaja, Tapio Rautavaara, Junuu Vainio …

Plusieurs choses sont à retenir de ce huitième album. Tout d’abord, Heart Like a Grave est selon moi un condensé parfait de la carrière du groupe, avec des passages plus « bruts » typiques des premiers albums, et d’autres (représentant tout de même une bonne majorité de l’album) plus épurés et organiques, voire progressifs à la Winter’s Gate (le délicieusement épique « Pale Morning Star », je n’exprimerai jamais assez mon amour pour le jeu de guitare de Vanhala …). Un retour aux sources en quelque sorte, que l’on retrouve notamment dans « Valediction », rappelant fortement « Devoid of Caring » (Above the Weeping World), mais aussi dans « Neverlast » et « Mute Is My Sorrow ».

Comparé à d’autres albums, comme Shadows of the Dying Sun, les parties en chant clair assurées par Ville, Jani et Teemo Aalta (chœurs additionnels) sont bien moins présentes. Certains s’en plaindront peut-être, pour ma part, cela ne me dérange guère, dans la mesure où Niilo est l’un de mes growlers préférés. Puis ces chuchotements et ce ton quasi parlé, dans « Valediction », ou bien encore dans « Pale Morning Star », je pense que je ne m’en lasserai jamais … Finalement, les seuls morceaux où l’on peut entendre du chant clair, ce sont « Valediction », « And Bells They Toll » et « Heart Like a Grave ». Seul un morceau est intégralement instrumental (sans parler des bonus tracks), il s’agit de « Karelia », qui clôt l’album en beauté. Pendant près de huit minutes, les mélodies et l’atmosphère sonnent très finlandaises et caréliennes (d’où le titre du morceau). Dans ce morceau, mis à part l’introduction et la conclusion atmosphériques et mélancoliques à la guitare et aux claviers (arrangés et enregistrés par Aleksi Munter), l’ensemble est très épique, et l’on peut noter une très belle montée en intensité. A noter également que c’est la première fois que le groupe intègre dans un de ses albums un morceau instrumental aussi long (dans Since the Day It All Came Down et One for Sorrow, on ne pouvait se contenter que d’une introduction et/ou d’un interlude instrumentaux de deux ou trois minutes), et avec « Karelia », le pari est relevé haut la main.

Je parlais plus haut des claviers, et ceux-ci ont dans l’album un rôle non négligeable. Outre l’aspect mélancolique et atmosphérique qu’ils véhiculent, prenant parfois des sonorités de chœurs aériens (« Wail of the North », « And Bells They Toll », « The Offering » …), ils apportent également une touche symphonique, tantôt épique et cuivrée (conclusion de « Pale Morning Star »), tantôt sombre et menaçante (« Twilight Trails »). Un élément que je trouve fort appréciable.

Bien que l’on retrouve de manière plus ou moins prononcée l’aspect épique et mélancolique dans chacun des morceaux qui composent l’album, certains se démarquent pour être plus énergiques et rentre-dedans (« Wail of the North », « The Offering », « Twilight Trails »), d’autres sont au contraire plus lancinants. Insomnium se plait à intégrer de temps à autre un côté doomesque à ses compositions, et c’est dans le morceau « And Bells They Toll » que cela est le plus flagrant, avec une influence de Type O Negative.

Le dernier point que j’aimerais évoquer, c’est la présence des passages acoustiques qui créent un petit côté folk, comme l’introduction de « Mute Is My Sorrow » et celle de « Heart Like a Grave ». Insomnium rend d’ailleurs directement hommage à sa culture nordique dans « Wail of the North », qui, comme le suggère le titre, est une ode au Grand Nord.

Avec Heart Like a Grave, l’épique et la mélancolie sont à leur paroxysme, et Insomnium nous délivre une fois de plus un chef d’oeuvre du death mélodique « made in Finland », même si certains pourraient trouver que la recette reste identique d’un album à l’autre. Mais pour ma part, Heart Like a Grave est un album fabuleux, onirique, qui devrait faire partie de mes préférés du groupe. J’ai bien hâte de revoir mes chers Finlandais en concert le mois prochain, les nouveaux morceaux devraient, j’en suis sûre, aisément passer l’épreuve du live !

Fée Verte

10/10

(oui, la perfection existe)

Tracklist :

  1. Wail of the North
  2. Valediction
  3. Neverlast
  4. Pale Morning Star
  5. And Bells They Toll
  6. The Offering
  7. Mute Is My Sorrow
  8. Twilight Trails
  9. Heart Like a Grave
  10. Karelia
  11. The True Morning Star (bonus track)
  12. Karelia 2049 (bonus track)

Sortie : 04/10/2019

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