C’est dimanche, pour une fois je ne travaille pas un jour où j’ai un concert de prévu, ce qui m’a permis d’arriver bien avant l’ouverture des portes pour être sûre d’être bien placée. En ce jour du Seigneur, c’était soirée « Death metal » à la Machine du Moulin Rouge, avec Hypocrisy en tête d’affiche. La formation suédoise était accompagnée sur ce « Worship European Tour 2022 » de Septicflesh (ma principale motivation de la soirée), The Agonist et Horizon Ignited.
Je me place à mon spot habituel, et un quart d’heure après l’ouverture des portes, Horizon Ignited entre déjà en scène. La formation finlandaise est composée de Okko Solanterä (également membre de I Am The Night, formation black metal dont fait partie mon adoré Markus Vanhala) au chant, Johannes Mäkinen et Vili Vottonen aux guitares, Miska Ek aux claviers, Jukka Haarala (dernièrement arrivé dans le groupe) à la basse et occasionnellement au chant clair, et Jiri Vanhatalo à la batterie.
Pour une fois, j’ai eu le temps de réviser avant le concert. J’ai écouté le deuxième album des Finlandais intitulé Towards the Dying Lands, paru cet été chez Nuclear Blast. J’ai fait un tour sur le site de Metal Archives juste avant, et j’ai eu un peu peur en voyant la mention « Melodic Death Metal/Metalcore ». Et oui, le metalcore et moi, on n’est pas trop copains.
Finalement, l’album s’écoute plutôt bien, et cela s’est confirmé en live. On peut généraliser aux quatre sets de la soirée, le son était bon et assez équilibré pour que l’on entende bien les claviers sans qu’ils prennent le dessus sur les autres éléments. Okko modulait très bien son growl et alternait sans soucis avec le chant clair. Le chanteur prenait souvent la parole entre les morceaux. On retrouvait les codes du melodeath à tendance épique notamment grâce aux riffs et aux claviers, avec quelques rythmiques metalcore. A mon grand étonnement, le public était plutôt sage alors qu’il y avait largement matière à pogoter.
SETLIST : Beyond Your Reach / Servant / Guiding Light / Equal In Death / Reveries / Carry Me / Leviathan / Eventide Of Abysmal Grief / Towards the Dying Lands
J’ai eu la preuve ce soir que pour un même style de metal, on peut apprécier un groupe et s’ennuyer profondément en en écoutant un autre. The Agonist nous vient de la capitale québécoise et officie comme Horizon Ignited dans le style du melodic death metal/metalcore. Pour avoir écouté plusieurs singles de la formation canadienne avant le concert, je m’attendais à ne pas du tout accrocher (pour des raisons que j’évoquerai plus tard), mais je me disais que les éventuels pogos me distrairaient le temps du set.
Le set débute sur une intro au chant féminin hypnotique tel celui d’une sirène. A la différence que la sirène en question ne s’appelle pas Ariel mais Vicky. La chanteuse apparaît sur un promontoire placé au bord de la scène, après le reste du groupe composé de deux guitaristes, d’un bassiste (occasionnellement au growl) et d’un batteur.
Le melodeath/metalcore de The Agonist rappelle indéniablement Arch Enemy et Jinjer, bien que la comparaison soit assez facile, surtout quand on sait qu’Alissa White-Gluz, chanteuse actuelle de la formation suédoise, faisait partie du groupe jusqu’en 2014. En similitudes moins évidentes, certaines orchestrations m’ont fait penser à Fleshgod Apocalypse.
Mon avis sur The Agonist est plus ou moins similaire à ce que je pense des formations de metal extrême dites « à chanteuse » de manière générale (je place cependant les groupes de folk metal hors catégorie vu que j’adore Arkona et Dalriada par exemple). Oui ça joue bien, oui Vicky sait growler, mais le côté « performance » surpasse trop l’émotion. Pour moi ce n’est rien d’autre que du bourrinage pur et simple, et ça me laisse totalement de marbre. Je ne peux m’empêcher de me dire que si c’était un chanteur et non une chanteuse qui était dans le groupe, il n’y aurait plus grand intérêt, signe que le style musical n’est pas d’une grande originalité. Moi qui m’attendais à ce que le public se déchaîne dans la fosse, j’ai une fois de plus été surprise, celui-ci était encore bien calme.
Peu après un titre clôturé par Vicky seule sur scène et a cappella, l’ensemble du groupe revient suite à une longue intro instrumentale. Bien que je n’aie pas du tout été convaincue par le set de The Agonist, la chanteuse prenait son rôle de frontwoman très à cœur et prenait la parole entre les morceaux (majoritairement en anglais, cela m’a étonnée). La demoiselle a même pris le portable d’un fan au premier rang et a filmé, ce sera sûrement un chouette souvenir pour lui.
SETLIST : In Vertigo / Blood As My Guide / Remnants in Time / Resurrection / Perpetual Notion / Orphans / Immaculate Deception / Days Before the World Wept
Je n’avais pas revu Septicflesh depuis le concert en janvier 2018 au Trabendo. J’étais étonnée de voir que je ne m’étais pas rendue à la date de mars 2019 à la Machine du Moulin Rouge. Sans doute n’étais-je pas motivée plus que cela par le reste de l’affiche. Quoi qu’il en soit, la revanche est enfin prise, et même si le dernier album Modern Primitive ne m’a pas transcendée plus que cela, j’avais tout de même fort hâte de retrouver la formation grecque sur scène, ne serait-ce que pour le plaisir de réentendre les titres plus anciens en live.
Suite à une intro aux lumières orageuses, le groupe entre en scène sur mon titre préféré de Codex Omega, le puissant « Portrait of a Headless Man ». Le chanteur/bassiste Spiros Antoniou nous salue avec son incontournable formule « My friends », et nous prévient qu’il a mal à la gorge et qu’il aura donc besoin de toute notre énergie pour l’encourager. Honnêtement, si il ne nous avait rien dit, j’aurais à peine capté qu’il était moins en voix que d’habitude. Les premiers pogos se sont déclenchés sur « The Vampire of Nazareth » et n’ont connu quasiment aucune interruption jusqu’à la fin du concert.
Il est vrai qu’à force, on pourrait se lasser du groupe en live vu que d’une tournée à l’autre, le jeu de scène n’évolue pas tellement, mais de mon côté, je prends toujours plaisir à entendre ce death symphonique à la fois grandiose et pachydermique. « Communion » fut mon point d’orgue, car il s’agit non seulement de mon titre préféré de la formation, mais d’un de mes favoris, tous styles confondus. Le public a mis du cœur à l’ouvrage en chantant à l’unisson l’air du divin « Anubis ». Au bout d’une heure passée à la vitesse de l’éclair, Septicflesh clôture le set sur « Dark Art ». J’aurais aimé entendre le titanesque « Prometheus », mais mis à part cela, rien à redire sur la setlist !
SETLIST : Portrait of a Headless Man / Pyramid God / Neuromancer / The Vampire of Nazareth / Martyr / Hierophant / Communion / A Desert Throne / Anubis / Dark Art
Je n’avais jusqu’alors jamais eu l’occasion de voir Hypocrisy en concert. Ma connaissance du groupe suédois s’arrêtait plus ou moins aux deux albums The Arrival et End of Disclosure, à l’époque où je découvrais le death mélodique. Puis j’ai fini par me rendre compte que la branche épique/mélancolique du style me convenait davantage que la branche « bourrin ». J’ai donc délaissé le groupe pendant un temps, jusqu’à ce que je révise pour le concert de ce soir.
Les lumières s’éteignent à 21h sur « Rock’n’Roll Train » d’AC/DC. Dès le premier titre « Worship » issu du dernier album du même nom paru l’an dernier chez Nuclear Blast, le public pogote sans relâche, et lancera même quelques circle pits et autres séances de slam.
Tandis que le batteur surplombe la scène, le chanteur/guitariste Peter Tägtgren, le bassiste Mikael Hedlund ainsi que le guitariste Tomas Elofsson occupent l’espace au premier plan. Les lumières collent parfaitement bien à l’univers du groupe avec leurs tons futuristes/SF.
Je craignais de décrocher au bout de plusieurs morceaux, mais finalement, le death metal des Suédois était bourrin mais juste ce qu’il faut pour que cela ne prenne pas le pas sur le côté mélodique. On retrouvait même quelques orchestrations et certains passages en chant clair. Plusieurs titres rappelaient néanmoins les débuts plus brutaux de la formation, tels que « Inferior Devoties » et « Impotent God ». En somme, Hypocrisy m’a fait penser à un juste milieu entre des groupes comme Dark Tranquillity et In Flames, et Vader et Belphegor.
22h05 semble marquer la fin du concert, mais le quartet revient sur le titre « Fractured Millenium » et nous offre un rappel assez long puisque cela a permis de rallonger le set de vingt minutes. En quasiment une heure et demie, Hypocrisy ne nous a laissé aucun temps mort et n’était pas avare d’énergie sur scène ! Une très bonne expérience live qui m’aura donné envie de me replonger dans la discographie du groupe avec plus d’attention ! Encore un immense merci à Garmonbozia pour l’accréditation, et particulièrement à Septicflesh et Hypocrisy pour ce beau moment de musique !
SETLIST : Worship / Fire in the Sky / Mind Corruption / Eraser / Inferior Devoties / Chemical Whore / Until the End / Don’t Judge Me / End of Disclosure / Weed Out the Weak / Children of the Gray / War-Path / The Final Chapter / Fractured Millenium / Impotent God / Adjusting the Sun / The Gathering / Roswell 47