Ce lundi 16 octobre 2017, une petite centaine de metalleux se donnait rendez-vous dans le centre de Paris, dans la petite salle du Klub, pour une soirée post-rock/post-black. Pour la première fois en tête d’affiche en France, les Autrichiens d’Harakiri for the Sky venaient promouvoir leur troisième album III : Trauma, petite pépite sortie l’an dernier. Ils sont accompagnés sur leur tournée par les Italiens de Shores of Null et les Franco-Norvégiens de Sylvaine.
Les portes ouvrent sur les coups de 19H, et c’est au sous-sol que les choses sérieuses vont se dérouler. Une demi-heure plus tard, les cinq membres de Shores of Null débarquent sur la petite scène. C’est le deuxième passage du groupe dans la capitale, plus de deux ans plus tard. De l’eau a coulé sous les ponts depuis ce temps, puisque la formation italienne a sorti un deuxième album au printemps dernier, intitulé Black Drapes for Tomorrow.
Le groupe officie dans le doom metal gothique agrémenté de touches black. Toutefois, on peut déceler également par moments quelques petites touches death, notamment lorsque le guitariste de droite accompagnait le chanteur de son growl caverneux. Unique petit bémol justement à ce sujet, j’ai trouvé que le combo chant clair/growl n’était pas très harmonieux, mais peut-être cela venait il de la qualité sonore et non du groupe en lui-même.
Si l’on fait abstraction de cela, Shores of Null a été une bonne découverte. J’avoue qu’il m’a fallu un petit moment d’adaptation, car c’est finalement un style que j’écoute peu comparé à d’autres. Mais dès le milieu du set, me voilà qui me mettais à headbanguer sur la musique du groupe. Au final, c’était un peu un mélange entre Harakiri for the Sky (pour l’ambiance mélancolique), Insomnium (dans certains riffs de guitare) et Dark Tranquillity (pour le côté death mélodique teinté de gothique), et la recette a fait bon effet ! Le public s’est dans l’ensemble montré réceptif, et pour un groupe qui était chargé de faire la première partie, c’était donc mission accomplie !
SETLIST : Tributary Waters (intro) / Donau / Ruins Alive / Quiescent / House of Cries / Black Drapes for Tomorrow / We Ain’t Ashes / Kings of Null / Souls of the Abyss
Quasiment une heure plus tard, c’est au tour de Sylvaine de jouer. C’est le premier passage du groupe à Paris ce soir, et il y en avait plus d’un qui semblait les attendre de pied ferme. La petite particularité physique du groupe, c’est la présence d’une chanteuse, très charismatique soit dit en passant. C’est vrai qu’on avait tendance à garder le regard fixé sur elle. Déjà parce que comme toute Norvégienne qui se respecte, elle était assez grande, avait une longue chevelure d’or, et portait une longue robe noire fendue.
Et musicalement et scéniquement alors ? Oui parce que bon, on est quand même d’abord venu pour la musique hein (hein ?). C’était un peu la partie « calme et volupté » de la soirée. En effet, Sylvaine délivre un post-rock atmosphérique lorgnant par moments vers le blackgaze. L’influence d’Alcest est manifestement présente. J’étais justement très agréablement surprise par le chant féminin, qu’il soit clair ou growlé. J’étais juste un peu déçue qu’il n’y ait pas eu davantage de chant black, car la demoiselle s’est défendue honorablement.
Pour finir le set, cette dernière se retrouve seule sur scène accompagnée de sa guitare. Décidément, c’est une manie chez ces Norvégiens (le chanteur de Wardruna avait lui aussi joué un morceau en solo à la fin du concert samedi dernier). Quoi qu’il en soit, le silence était de rigueur, et tout le public écoutait très attentivement ce dernier morceau. Puis c’est l’ovation, et la chanteuse était si émue qu’elle a versé sans vergogne une petite larme avant de quitter la scène.
SETLIST : It Rains in my Heart / A Ghost Trapped in Limbo / Dysphoria / Earthbound / Delusions
Le grand moment est arrivé, celui où je vais revoir Harakiri for the Sky, six mois après leur passage au Ragnarök Festival. Bien que j’avais été assez satisfaite de leur prestation, j’avais été très déçue qu’un morceau en particulier n’ait pas été interprété. J’attendais ainsi beaucoup du groupe ce soir.
La première grande surprise de ce concert, c’est que le chanteur est resté quasiment tout le temps dans la fosse, dos au public. On suppose que c’était dû au manque de place sur scène, mais quand je pense que des groupes comme Drenaï ont pu jouer sur cette petite scène, j’étais assez étonnée. Au moins on pourra dire que l’on se souviendra du concert pour ça ! Puis après tout, cela donnait une ambiance encore plus intimiste.
Je remarque aussi assez vite que le son était vraiment excellent ! J’avais l’impression d’entendre les morceaux sur album avec l’intensité du live en plus ! D’ailleurs, même l’ingé son était à fond, cela faisait plaisir à voir !
La setlist était quasiment semblable à celle du Ragnarök festival, mettant essentiellement l’accent sur le dernier album, avec cependant un morceau en plus qui n’a pas été pour me déplaire ! En un quart de seconde, je reconnais l’introduction du génial « Thanatos ». Depuis le temps que j’attendais d’entendre ce morceau en live, autant dire que j’ai mis mes cervicales à rude épreuve pendant ces dix minutes. Le chanteur de Shores of Null s’est joint au groupe pour le passage en chant clair. On avait peine à l’entendre au début, puis l’ingé son a rapidement rectifié le tir.
Allez, un p’tit effort, plus qu’à ajouter « My Bones to the Sea » et la reprise de « Mad World » au reste de la setlist et ce sera parfait ! En tout cas, le déplacement valait le coup, merci aux trois groupes et au Klub pour cette très bonne soirée !
SETLIST : Calling the rain / Funeral Dreams / Life as a dagger / Thanatos / Lungs filled with water / Viaticum / Jhator