Hanternoz – Mallozh darr Zistrujerien Kastell Ankiniz

mallozh couvIl est de ces groupes qui malgré leur identité forte sont condamnés à rester underground. Tant mieux dans le cas d’Hanternoz à mon sens. Les angevins – chantant en partie en breton, sont de retour avec un double EP regroupé sous le nom de Mallozh d’ar Zistrujerien Kastell Ankiniz (Malheur aux Vandales du Château d’Ancenis, on passera outre cette traduction maladroite, pour les non-régionaux, Ancenis est une commune se trouvant entre Nantes et Angers) et étant composé de 4 titres.

Si une chose est certaine d’emblée c’est qu’Hanternoz ont toujours conservé leur identité propre, leur engagement caractéristique, et sont par cet aspect indissociables de leur label : Antiq Label qui ne signe que des groupes à l’identité marquée.

Bref venons en au fait. Par où commencer avec Hanternoz ? Pour moi le point le plus intéressant de ce double EP est la façon dont il mêle l’historique à l’actuel, tout comme il alterne chant en français et chant en breton. Car oui notamment sur l’EP « Mallozh… », si les textes portent sur le retour de Jean IV on ne devine pas moins l’actualisation des textes à travers la « destruction » actuelle du château d’Ancenis (ou plutôt travaux d’aménagement qui défigurent la construction), le thème principal étant celui de la légitimité. Très atypique donc pour un groupe de pagan, car il est plutôt rare de voir des groupes s’attacher autant à leur patrimoine culturel local et en faire un album ! On notera aussi la reprise de thèmes populaires ainsi que certaines paroles. Les changements de rythme constituent un autre point fort de cet album, et semblent faire écho à l’accentuation des revendications, tout comme la voix qui se fait tantôt claire tantôt beaucoup plus rocailleuse et hargneuse. Un savant mélange entre passages plus heavy, passages purement traditionnels ou même plus black. Un autre point positif sur ce double EP est la présence d’un accordéon via la participation d’Ibai, frontman d’Ilbeltz, groupe basque de black pagan avec qui Hanternoz avaient fait un split et dont ils sont proches d’un point de vue revendicatif. Cet accordéon se permet de belles envolées sur Le Cygne de Montfort, non seulement il s’intègre parfaitement à l’ensemble mais semble vraiment répondre à la voix, une bien belle apparition ! La seconde partie de l’album est beaucoup plus posée, et mélancolique, créant ainsi une rupture avec la première. Les rythmes évoquent parfaitement l’exilé dans son errance, moins d’éléments traditionnels qui apparaissent plus par petites touches, moins d’ancrage régional.

Le concept du groupe, on ne reviendra pas là dessus est tout à fait unique et très intéressant. Reste la production et le mixage. Hélas cette production nuit à l’ensemble, le son étant parfois très « raw », trop, et la bombarde tend à écraser le reste trop souvent. Rappeler les origines bretonnes c’est bien, mais rien ne sert qu’elles prennent totalement le dessus sur le reste comme le fait la bombarde ici. Ce son peut rendre l’écoute difficile pour les non-persévérants, et c’est bien dommage. On peut notamment voir la différence sur les deux premiers titres, le second ayant la flûte et l’accordéon donc, et étant à mon sens bien plus fluide que le premier, à la bombarde. Cela dit, sans doute suis-je subjective car j’aime peu cet instrument à la base.

Tout comme le groupe délivre un message d’espoir à travers l’évocation du retour du roi Jean d’exil, qui laisse entrapercevoir que tout n’est jamais tout à fait perdu, c’est un message d’encouragement que je livrerai en conclusion ici : celui d’aller écouter ces EP et de prêter attention aux paroles. Celui de persévérer même si au départ, tout comme moi, vous tiquez un peu sur le son ! Je reste cependant relativement partagée sur le regroupement de ces deux EP. D’un côté il est bien d’offrir aux gens de quoi découvrir le groupe dans sa diversité, de l’autre la liaison entre les deux fait perdre l’ensemble en cohérence et risque de faire clairement pencher la balance en faveur de la première ou la seconde partie selon les goûts. Chacun se fera son avis à l’écoute de cet album !

Morrigan

7/10

Tracklist :

1/ An Alarc’h

2/ Le Cygne de Montfort

3/ Paotred ar Sabbat

4/ Un Maudit et sa Croix

Sortie : 2014.

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