Grimner – Urfader

J’attendais avec impatience le retour de Grimner. Pour leur quinzième anniversaire, nos chers Vikings suédois reviennent en force avec leur quatrième album (et troisième paru chez Despotz Records) intitulé Urfader. A cause de la pandémie, au lieu de la traditionnelle intervalle de deux ans entre chaque album, il a fallu patienter quatre ans depuis la sortie du prédécesseur Vanadrottning. J’étais persuadée au fond de moi que l’attente en vaudrait la peine, mais allons nous en assurer sans plus attendre !

Grimner a une nouvelle fois fait face à un changement de line-up puisque le bassiste et choriste David Fransson a annoncé l’an dernier son départ du groupe, alors que le nouvel album n’était même pas encore sorti. C’est Damien Terry (Envig) qui prend désormais le relais. Le musicien a déjà eu l’occasion par le passé de faire ses preuves au sein du groupe puisqu’il avait participé au premier album Blodshymner en tant que choriste. Sur Urfader, on le retrouve également avec l’apport de growls additionnels lors de quatre titres.

Durant près d’une heure, Grimner nous conte les épopées des anciennes divinités nordiques et se focalise sur le folklore local. Album après album, leur folk metal s’enrichit, pour aboutir à un son qui leur est propre. Depuis leurs débuts, les Suédois proposent un folk metal à la fois épique et entraînant, rendu plus énergique grâce aux bases death metal « made-in Sweden » et à quelques incursions black metal (« Ulvhednars natt », « Elftevisan », « En sista sköldborg »). Le tout chanté dans leur langue natale, comme toujours (ou presque, puisque quelques morceaux issus du premier EP A Call for Battle étaient interprétés en anglais). La flûte de Johan Rydberg, jamais envahissante mais bien mise en avant, apporte à l’ensemble une touche enchanteresse et guillerette, en plus des claviers et d’autres instruments traditionnels. Urfader ne fait pas exception et reste sur ces points dans la continuité de ses prédécesseurs. « Västerled », morceau festif à souhait, illustre parfaitement ces propos. Les claviers, assurés par Kristoffer Kullberg, rappellent fortement Finntroll et sont associés à un growl ou des chuchotements menaçants, notamment dans « Helvandrarna », « Elftevisan » (également notable pour son solo de violons par Martin Björklund de Mercury X et Sebastian Rosengren de Midvinterblot) et « Ivaldes söner ». Ce dernier est introduit par des synthés hivernaux associés aux coups d’un marteau de forge.

Au fil des albums, l’affection du sextet pour le heavy et le power metal est de plus en plus manifeste et s’incarne notamment par les chœurs païens puissants et épiques du bassiste David Fransson et du guitariste rythmique Martin Boe. Cet ensemble harmonieux en chant clair peut évoquer Heidevolk, notamment sur le titre d’ouverture « Hämtad av valkyrior », introduit par une mélodie épique aux synthés assurés par Rasmus Ehrnborn (Soilwork). Le claviériste invité intervient également lors de l’introduction heavy épique de « En sista sköldborg », en association avec les guitares, auxquelles vient s’ajouter une flûte lancinante. L’alternance, tantôt sur les couplets, tantôt sur les refrains, avec le growl vindicatif du guitariste lead Ted Sjulmark, rend le tout toujours très dynamique. Il peut même arriver que les chœurs clairs et le growl s’associent, comme sur « Glöd », également marqué par des déclamations guerrières renforcées par la caisse claire de l’invité Jakob Herrmann, ainsi que par un solo de flûte et de synthés. Bien que souvent épiques, les chœurs clairs peuvent aussi se montrer solennels, comme cela est le cas lors de l’introduction acoustique à la guitare de « Ur vågorna », et contrastent avec les couplets sombres menés par le growl.

La nouveauté notable sur Urfader, c’est la proportion plus importante de passages acoustiques, comme le bridge calme et mélancolique de « Ulvhednars natt » et celui de « Helvandrarna », titre également marqué par l’intervention de Mikael Lindström (Apocalypse Orchestra) à la vielle à roue, une flûte légère et des orchestrations épiques. Le morceau final « Tiundaland » se démarque totalement pour être jusqu’à présent le seul titre intégralement acoustique paru sur un album metal de Grimner. La formation suédoise avait en effet sorti un EP acoustique intitulé De Kom Från Norr en 2015. Le groupe prouve ainsi avec brio qu’outre les morceaux festifs et épiques comme « Västerled » et « Ulvhednars natt », et les titres plus rentre-dedans et sombres tels que « Där fröet skall spira », « Helvandrarna » et « Elftevisan », celui-ci sait également faire dans la douceur. Le chant clair est appuyé par la guitare, la flûte, le violon de Martin Björklund, et par la fort plaisante intervention de Zino van Leerdam (Vanaheim) à l’accordéon et à la guimbarde.

Encore un sans-faute pour Grimner qui peaufine un peu plus son identité musicale, tout en conservant la recette à la fois festive et efficace qui fait sa renommée. Les mélodies sont toujours aussi accrocheuses et entêtantes, et la présence des nombreux musiciens invités contribue fortement à rendre chaque morceau reconnaissable, en plus des différentes ambiances instaurées qui font d’Urfader un album résolument varié.

Fée Verte

10/10

Tracklist :

1. Hämtad av valkyrior
2. Där fröet skall spira
3. Västerled
4. Ulvhednars natt
5. Ur vågorna
6. Helvandrarna
7. Elftevisan
8. Glöd
9. Ivaldes söner
10. En sista sköldborg
11. Tiundaland

Sortie : 18/11/2022

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